Ce mercredi 23 juillet, le lourd dossier des violences et des abus sexuels de Bétharram s’est épaissi de 17 nouvelles plaintes, déposées au parquet de Pau par le collectif des victimes et son porte-parole Alain Esquerre; elles concernent des faits commis entre 1961 et 1993.
En tout, 217 plaintes ont maintenant été déposées, 15 religieux, 4 laïcs (dont trois surveillants et un professeur de gymnastique), ainsi que 3 anciens élèves mineurs au moment des faits, sont mis en cause.
Le collectif des victimes rappelle la chronologie des dépots de plainte dans son communiqué :
- Le 31 janvier 2024, dépôt de 20 plaintes dont 5 pour violences sexuelles
- Le 13 Février 2024, dépôt de 13 plaintes dont 10 sexuelles
- Le 23 Avril 2024, dépôt de 43 plaintes dont 23 sexuelles ce qui donne un total de 76 plaintes (dont 38 sexuelles)
- Le 09 Juillet 2024, dépôt de 26 plaintes dont 12 sexuelles ce qui donne un total de 102 plaintes (dont 50 sexuelles)
- Pendant l’été et jusqu’en janvier 2025, dépôt de plaintes individuelles au compte-goutte (10 plaintes)
- le 27 Février 2025, 40 plaintes (dont 18 sexuelles)
- le 03 Avril 2025, 48 plaintes (dont 20 sexuelles)
- et ce jour, le 23 Juillet 2025, 17 plaintes supplémentaires (dont 10 sexuelles) ce qui donne un total de 217 plaintes
Il rappelle aussi le nombre de plaintes qui vise les principaux auteurs d’abus, laïcs et religieux – seul le premier est encore vivant :
Damien SAGET est visé par 105 plaintes dont 34 pour agressions sexuelles et viols
Père CARRICART est visé par 32 plaintes dont 27 pour agressions sexuelles et viols
Père SEGUR est visé par 13 plaintes dont 10 pour agressions sexuelles et viols – ce dernier a été en poste en Côte d’Ivoire, où il est aussi mis en cause pour abus par d’anciens paroissiens.
Le directeur du collège le Beau Rameau (Bétharram) muté
Par ailleurs en juin dernier la mutation du directeur laïc du collège du Beau Rameau – nouveau nom du collège de Bétharram depuis 2009 – a été rendue publique. Le collectif des victimes avait alors exprimé son étonnement et ses interrogations par communiqué : « cette décision soulève de nombreuses interrogations. Depuis la révélation des faits ayant conduit à la constitution de notre collectif —désormais composé de 210 victimes ayant porté plainte — ni Monsieur Clerc, ni l’APEL du Beau Rameau n’ont accepté d’ouvrir le dialogue avec les victimes, et ce, malgré plusieurs sollicitations depuis octobre 2023, à une époque où le collectif ne comptait encore qu’une dizaine de membres.
Ce silence persistant est d’autant plus préoccupant que Patrick Martin, surveillant d’internat à Bétharram pendant près de 40 ans notamment sous l’autorité de Romain Clerc jusqu’en février 2024, est aujourd’hui placé en détention provisoire grâce au combat du collectif. Bien qu’il bénéficie de la présomption d’innocence, les faits reprochés sont graves et doivent être traités avec la plus grande transparence. Enfin, la mutation de Monsieur Clercq intervient alors que l’établissement a été poursuivi aux prud’hommes par Patrick Martin de 2010 à 2022« .
Sa mutation à Saint-Joseph d’Oloron a d’ailleurs
suscité une levée de bouclier immédiate des parents d’élèves, qui ont
menacé de retirer leurs enfants de l’établissement : « «
Il est absolument hors de question qu’on vienne entacher l’image de Saint-Jo, réagit Valérie Santos, maman d’une élève de 6e à Oloron. Quand j’ai vu le nom du monsieur, j’ai fait une recherche sur Internet et j’ai sauté au plafond. Déjà, le départ de M. Waroux ne nous semblait pas très catholique – pardon pour l’expression. L’annonce a été tardive et très soudaine et on a eu aucune explication. On ne veut pas qu’il mette un pied dans cette école. »
Des explications nébuleuses autour du maintien en poste à Bétharram d’un surveillant auteur d’abus
Une pétition a été
lancée, et bien que l’intéressé ait tenté d’éteindre l’incendie dans la presse locale, il semble que la rentrée s’annonce compliquée à Oloron. Il a affirmé qu’il n’a «
« rien couvert.** Nous avons effectué des signalements à la justice ou aux parents d’élèves. Nous avons respecté scrupuleusement la procédure ». Mais la radio locale nuance : «
Romain Clercq refuse de dire précisément s’il s’agissait de fait de violences ou d’agressions sexuelles« .
Par ailleurs, ses explications sur le maintien en poste d’un surveillant auteur d’abus à l’internat de Bétharram – et toujours en poste au déclenchement de l’affaire, sont plus nébuleuses : « Je suis plein de compassion pour les victimes. Je suis arrivé en 2011, je n’ai eu aucune plaintes de familles, aucun signalement qui m’aurait permis d’avoir un regard particulier sur ce surveillant. Et quand effectivement le collectif des victimes m’a alerté, au bout de 48h on a fait en sorte que ce surveillant quitte l’établissement. Cela a peut-être tardé pour eux mais en même temps, pendant 13 ans, je n’avais eu aucun grief envers ce surveillant.
Selon nos informations, après la
parution du témoignage de M. Delbos en 2017 dans la République des Pyrénées – où il rappelle les abus subis de la part du père Lamasse, encore vivant à ce jour, le surveillant en question disparaît des plaquettes de l’établissement où il continue pourtant à avoir des fonctions à l’internat. Et il y a eu ces dernières années
plusieurs plaintes ou mains courantes liées à Bétharram, notamment pour des faits qui ont eu lieu à l’internat, affaires qui ont été rapidement classées. Peut-être que les parents de Saint-Joseph d’Oloron ont bien raison de s’inquièter…