Un équivalent espagnol de l’INIRR – la commission qui étudie les plaintes des victimes, décide du montant des indemnités et les attribue – a été mis en place par les diocèses espagnols voilà neuf mois. La Comisión Asesora de Reparación Integral – commission consultative sur les réparations globales – commence à entrer dans son rythme de croisière et payer les premières indemnisations.
« Selon Vida Nueva, les évêchés et les congrégations ont déjà reçu au moins 60 propositions d’indemnisation, soit en moyenne sept rapports approuvés par la Commission chaque mois – un rythme de travail soutenu étant donné que les onze membres ne travaillent pas à temps plein ». Vida Nueva détaille les trois premiers dossiers où l’indemnisation a été versée : « le premier se situe en Navarre. En mai, le dossier d’un ancien élève salésien a été approuvé par le provincial Fernando García, selon « Noticias de Navarra ». Le même incident est arrivé le mois dernier à une autre victime du collège de Barakaldo, qui a reçu 28 000 euros sur les 60 000 qu’elle réclamait, selon le même média. Le deuxième cas vient de Barcelone. Selon le journal ARA, l’une des victimes de la Casa de Santiago, un séminaire pour vocations tardives qui s’occupait de pastorale des jeunes dans les années 1980, aurait reçu 65 000 € de l’archevêché en juin dernier. Selon le journal, le cardinal Juan José Omella a accepté toutes les propositions reçues« .
Un cadre inspiré de ce qui existe en France, mais avec des délais plus courts
Le cadre est le même qu’en France – il existe un « plan de réparation » pour les victimes d’abus (PRIVA), mis en place conjointement par la Conférence épiscopale espagnole et la Conférence des religieux espagnols pour répondre aux besoins des personnes dont les dossiers sont expirés en droit civil ou canonique, ou dont les auteurs sont décédés. Contrairement à la France, il doit statuer dans des délais accélérés : « entre la réception d’un dossier et sa résolution, le délai d’attente ne dépasserait pas trois mois« .
Une fois le travail de la commission achevé, « la proposition d’indemnisation est adressée directement au supérieur provincial de la congrégation accusée ou à l’évêque du diocèse du prêtre accusé. Ils doivent ensuite décider s’ils l’acceptent ou non. Cependant, puisqu’une Commission consultative a été créée et que nous avons accepté sa formation, nous assumons tous les bons et les mauvais côtés de la résolution ».
C’est aux congrégations et aux diocèses de payer, mais la conférence des évêques espagnols et la conférence des religieux ont prévu de payer s’il le faudra. Cependant, aucun fonds spécifique, comme le SELAM en France, n’a été créé : « « Aucun fonds n’a été créé pour les réparations, mais des mesures seront prises au fur et à mesure des cas . Il est absurde de mettre de côté une certaine somme et, une fois celle-ci épuisée, de déclarer qu’il n’y a plus de réparations », car il est clair qu’« aucune victime ne sera laissée sans réparations ».
Pas de clause de confidentialité imposée aux victimes ?
La Vanguardia a mis en cause le diocèse de Barcelone, en l’accusant d’imposer des clauses de confidentialité aux victimes d’abus pour recevoir leur indemnité – une pratique hélas courante en France (et pas que) où on va dans certains cas jusqu’à menacer les victimes de leur reprendre l’indemnisation si elles s’expriment dans les médias sur les abus qu’elles ont subi ou le processus d’indemnisation.
Le diocèse a démenti avec vigueur, affirmant que les victimes étaient libres de parler comme elles le veulent et qu’aucune clause de confidentialité n’est exigée :
Ceci est la déclaration du diocèse
À la lumière des nouvelles publiées aujourd’hui dans un média, nous souhaitons exprimer ce qui suit :
- L’archidiocèse de Barcelone, par l’intermédiaire de son Service pour les victimes d’abus (SAVA), a confirmé que, début juin, les paiements aux victimes d’abus ont commencé à être effectués sur la base des décisions émises par le Plan PRIVA.
- Par respect pour la vie privée des victimes, aucune information relative à leur cas n’a été divulguée.
- Nous n’avons en aucun cas exigé des personnes concernées la signature d’un accord de confidentialité. Les victimes sont libres de fournir les explications qu’elles jugent appropriées.
- Nous regrettons profondément la douleur et la nouvelle victimisation que cette désinformation publiée aujourd’hui par certains médias a pu causer aux victimes.