Depuis 2021, les remous autour du rite syro-malabar – et de la tentative du synode de l’Eglise syro-malabare, une des églises orientales sui juris en union avec Rome d’imposer ce qu’on appelle le rite uniforme, où les prêtres doivent célébrer ad orientem et non plus versus populum comme c’était la coutume, suscitent de fortes tensions en Inde allant jusqu’à des affrontements entre fidèles des deux rites.
D’après le secrétaire du conseil presbytéral de l’archéparchie d’Ernakulam Angamaly, opposé à la réforme et membre du diocèse où les oppositions à la réforme sont les plus fortes, une solution définitive de compromis devrait être trouvée le 3 juillet prochain, pour la fête de saint Thomas apôtre, considéré comme fondateur de l’église syro-malabare :
« « Tous les problèmes seront réglés d’ici le 3 juillet », a déclaré au Tablet le père Kuriakose Mundadan, secrétaire du Conseil presbytéral de l’archéparchie d’Ernakulam-Angamaly .
Le Conseil presbytéral et d’autres membres du clergé qui s’opposent au « rite uniforme » de la Sainte Qurbana – la messe syro-malabare – ont convenu de la date lors d’une réunion avec l’archevêque majeur Raphael Thattil, chef de l’Église, et son vicaire pour l’archiéparchie, l’archevêque Joseph Pamplany, le 5 juin. Le père Mundadan a déclaré que les 470 prêtres de l’archiéparchie se réuniront pour discuter des propositions avancées par le panel conjoint qui a délibéré sur les problèmes auxquels il est confronté lors d’une réunion marathon à la maison de l’archevêque à Ernakulam, dans le sud du Kerala. Il a déclaré que les prêtres dissidents étaient satisfaits des discussions, qui ont commencé à 10h45 et se sont terminées à 17h. « Nous sommes optimistes quant à la résolution définitive de tous les problèmes. »
L’an dernier, un compromis avait été trouvé pour la saint Thomas, mais le synode de l’Eglise syro-malabare, qui tente d’imposer la réforme, est ensuite unilatéralement revenu dessus : « selon le compromis de 2024, les paroisses de l’archiéparchie pourraient continuer à célébrer la liturgie versus populum – comme c’était largement la coutume – si elles offraient au moins une liturgie selon le rite uniforme les dimanches et jours de fête importants« . Ledit synode a déjà essayé d’imposer cette version de la liturgie en 1999, puis en 2021 pour 2022, suite à une lettre du pape François qui demandait l’application de la décision de 1999, sans égard pour les oppositions – encore une fois, feu le Pape aura délibérément traité les périphéries avec bien moins d’égards que dans ses discours.
Dans le diocèse d’Ernakulam Angamaly en particulier – c’est le plus opposé au rite dit uniforme – le clergé n’a cessé de défendre la messe dans la forme habituelle… face au peuple, y compris par un coup d’éclat en 2023 : » afin de solenniser le centenaire du rétablissement de la hiérarchie syro-malabare en Inde, quatre cents prêtres se sont réunis le 10 décembre 2023 à Cochin (Etat du Kerala) afin de concélébrer une liturgie face au peuple et en vernaculaire en rupture avec la Tradition, que Rome tente de rétablir, en vain jusqu’ici« ; l’opposition de plusieurs centaines de prêtres à la réforme a laissé craindre qu’ils choisissent la sainte messe plutôt que le Pape, et quittent le giron de Rome avec leurs fidèles et leurs paroisses.