Le site Coabuse, qui met en relation des victimes abusées par les mêmes auteurs, afin de rompre leur isolement et leur permettre de mener ensemble leurs démarches de justice et de réparation, appelle les victimes d’abus dans le diocèse de la Rochelle à témoigner.
« Dans un communiqué daté du 14 mai, le Collectif Survivants 17 et la plateforme Coabuse.fr appellent toute personne ayant été victime de violences sexuelles dans le cadre d’activités liées à l’Église catholique en Charente-Maritime à se signaler. Scoutisme, enseignement catholique, catéchèse paroissiale, aumônerie, camps, pèlerinages : de nombreux contextes sont visés, tous liés à la sphère ecclésiale locale.
L’appel est clair : les victimes sont invitées à témoigner de manière confidentielle sur le site www.coabuse.fr, en précisant le mot-clé « DLRS » (Diocèse de La Rochelle et Saintes). La plateforme, qui ne conserve aucune donnée, assure un rôle de mise en relation entre personnes ayant vécu des faits similaires, dans le respect de leur anonymat.
L’objectif affiché par le collectif est double : rompre l’isolement dans lequel nombre de victimes sont restées enfermées depuis des années, et offrir un accompagnement vers des démarches de reconnaissance et de réparation. Coabuse.fr peut ainsi orienter les personnes vers des associations spécialisées et, si elles le souhaitent, permettre un regroupement des plaintes auprès de la justice ».
L’affaire Mounier ressurgit
En ligne de mire, l’affaire Mounier : ce prêtre en charge d’aumôneries et d’activités de jeunes, organisateurs de camps scouts en bateau, exfiltré deux ans en région parisienne après une condamnation à deux ans avec sursis pour agressions sexuelles sur quatre mineurs, en 1999, avait été réinstallé par les évêques successifs, jusqu’à ce que Mgr Colomb l’interdisse de ministère en 2016; en 2023, trois de ses victimes ont témoigné dans Sud-Ouest.
« Même si les faits dénoncés sont anciens, il est important de les déclarer. Votre témoignage permettra d’aider d’autres victimes », affirme le communiqué. Cette démarche prend un relief particulier dans un diocèse où plusieurs affaires ont déjà éclaté. Le nom de Fabien Mounier, ancien prêtre du diocèse de La Rochelle, condamné en 1999 pour agressions sexuelles sur mineurs au sein du collège-lycée Fénelon Notre-Dame à La Rochelle, reste dans toutes les mémoires. Le 30 avril dernier, le Collectif Survivants 17 avait d’ailleurs adressé une lettre ouverte aux responsables de l’enseignement catholique local et national, ainsi qu’à l’évêque de Luçon, administrateur apostolique du diocèse de La Rochelle, pour poser neuf questions restées sans réponse sur les conditions de maintien en poste du prêtre malgré des signalements connus dès 1994. Les victimes de l’affaire Mounier, comme d’autres, souhaitent aujourd’hui des éclaircissements et une reconnaissance institutionnelle claire des erreurs passées. Elles veulent également savoir si des dispositifs de soutien, psychologiques ou juridiques, ont été mis en œuvre, et si une demande de pardon a été formulée aux élèves concernés« , indique encore Coabuse.
Comme le rappelle Sud-Ouest, au début des années 199 le père Mounier était » jeune vicaire dans le quartier de Mireuil et aumônier au lycée Fénelon. C’était l’époque des sorties en mer et de la figure d’un jeune curé cool, jouant de la guitare et préparant la Mini-Transat, ce qui lui avait même valu les honneurs d’un papier dans “Libération”. Quelques années plus tard, en 1999, ce prêtre adoré par les ados était mis en examen et condamné à deux ans de prison avec sursis pour agressions sexuelles sur quatre mineurs, par le tribunal de grande instance de La Rochelle« .
Ce qui n’a pas empêché les évêques successifs, avant Mgr Colomb, de lui confier des paroisses dans le diocèse : » Sa hiérarchie a toujours été au courant. L’évêque Jacques David l’exfiltrera pendant deux ans en région parisienne. Mgr Georges Pontier le réinstallera en Charente-Maritime en 2003, à la paroisse de Meschers. Son successeur Bernard Housset le nommera à Mirambeau. En 2016, alors que les premiers scandales éclatent, Mgr Georges Colomb, tout juste nommé évêque de La Rochelle, finira par l’écarter ».