Plusieurs anciens élèves de l’institution Saint-Pierre Fourier de Lunéville dans le diocèse de Nancy ont confié dans la presse locale les abus et les violences dont ils ont été victimes, dans les années 1970 – la parole continue à se libérer, dans la foulée de l’affaire Bétharram. Le diocèse de Nancy a aussi communiqué sur le sujet.
Un des anciens élèves, pensionnaire de 1970 à 1976, avait témoigné sur son calvaire, les abus subis de la part d’un prêtre confesseur, tous les quinze jours, ainsi que les maltraitances, otamment de la part d’un professeur d’EPS qui frappait les élèves : « si l’un de nous débordait, il nous attrapait la tête et nous giflait avec sa grosse chevalière et pendant deux jours, on avait ses initiales sur la joue ». Des faits qui rappellent les témoignages des élèves de Bétharram au sujet de l’un de leurs surveillants, visé par des dizaines de plaintes.
A l’époque, ses parents ne l’avaient pas cru : « mes parents ne m’ont pas cru. Les prêtres étaient des dieux, en quelque sorte, ils faisaient ce qu’ils voulaient. À part ça, je n’en ai jamais parlé à mes copains de l’époque, j’ai toujours tout gardé pour moi. Puis j’ai appris que mes enfants, mes deux filles, ont été victimes d’inceste par leur beau-père. Voilà, tout est remonté. Aujourd’hui, l’abbé qui m’a fait subir tout ça est décédé. C’est l’affaire Bétharram qui m’a décidé à parler. Depuis que j’ai témoigné, j’ai été contacté par d’autres élèves. Je pense que je ne suis pas le seul, que d’autres pouvaient subir la même chose, mais que personne n’en parlait. C’est ça, le problème, c’était bouche cousue ».
Un autre ancien élève a lui aussi témoigné dans la presse locale depuis, et deux ont contacté la cellule d’écoute diocésaine; une plainte a aussi été déposée par un ancien élève. Le collège saint-Pierre Fourier, qui s’appelait alors collège saint Maur, a été fondé en 1863 par l’abbé Joseph Trouillet. En 1905 les bâtiments historiques sont confisqués, revendus à l’armée en 1920. L’ancienne chapelle, transformée en entrepôt, a été rasée en 1975 pour laisser place à un collège public. Le collège lui même se réinstalle en 1912 dans les locaux d’un ancien prieuré bénédictin du XVIIIe, où les soeurs de la congrégation de Notre-Dame rouvrent un externat vers 1849, puis l’abbé Trouiller un pensionnat de filles. L’histoire scolaire des lieux ne s’est interrompue que pendant les deux guerres mondiales – les lieux ont servi d’hôpital pendant la première et de centre de transit pendant la seconde.
Communiqué du diocèse de Nancy
Plusieurs anciens élèves de l’ensemble scolaire Saint-Pierre-Fourier à Lunéville ont témoigné auprès de la cellule d’écoute du diocèse de Nancy et Toul avoir été victimes, dans les années 1970, de violences sexuelles de la part de prêtres en mission dans l’établissement, aujourd’hui décédés, et de violences physiques de la part de membres laïcs du personnel. Plusieurs anciens élèves de cet établissement ont aussi témoigné dans les médias avoir subi de telles violences pendant la même période.
Monseigneur Pierre-Yves Michel, évêque de Nancy et Toul, et Laurent Ducros, directeur diocésain de l’Enseignement catholique, tiennent à exprimer leur émotion et leur proximité à toutes les personnes qui ont été victimes de telles violences. Ils remercient les personnes qui ont eu le courage de prendre la parole pour dénoncer ces faits extrêmement graves qui sont en contradiction totale avec la mission éducative de l’Enseignement catholique, fondée sur le respect de la personne humaine et de sa dignité.
Dans le cadre du protocole signé en 2022 entre le parquet et le diocèse de Nancy et Toul, ils sont en lien pour ces situations avec le procureur de la République.
Ils réaffirment avec force leur détermination à agir pour garantir un environnement éducatif sain, respectueux et sécurisé pour tous les élèves. Depuis 2018, un programme de protection des publics fragiles a été mis en œuvre dans tous les établissements français de l’Enseignement catholique.
Ils tiennent à renouveler leur confiance aux membres du personnel des établissements de l’Enseignement catholique qui s’engagent quotidiennement pour promouvoir une culture de la bientraitance et accompagner avec bienveillance tous les élèves dans leur construction intellectuelle, humaine et spirituelle.