Mgr Macaire, archevêque de Fort-de-France, s’interroge sur les pratiques dans les paroisses qui font fuir les « jeunes« , tant adolescents que jeunes adultes, et même « des adultes actifs de 30-50 ans« , c’est à dire plus jeunes que les « soviets de paroisse » aux cheveux blancs, qui aiment tant tout régenter entre eux. Nombre des constats du prélat peuvent, sans doute, être faits en-dehors de Martinique, y compris dans les paroisses de Métropole :
Nous nous préparons au Carême ! J’ose donc déjà, alors que j’entame les visites pastorales dans les paroisses et que je rencontre partout les pasteurs et les divers responsables, provoquer une réflexion vitale : Pourquoi tant de jeunes, à la fois des jeunes adultes actifs de 30-50 ans, que des « grands jeunes » de 18-25 ans et que des nouveaux confirmés de 15-18 ans, souvent bourrés de talents et de désir de servir Dieu dans l’Église, ne trouvent pas leur place et quittent la Maison du Père. On ne peut continuer à constater cette triste réalité sans se remettre en question.
Voici donc les 10 meilleures manières pour faire fuir les jeunes de nos paroisses :
➊ Ne jamais donner de responsabilités aux jeunes et constituer un encadrement avec toujours les mêmes types de personnes dans tous les domaines.
Il ne faut pas s’étonner, s’il n’y a aucun renouvellement, que les fidèles qui ne se reconnaissent pas se retirent, que la paroisse soit en repli et meurt à petit feu. Il faut donc de façon volontariste donner des responsabilités paroissiales à tous les types de fidèles : des hommes, des femmes (moitié/moitié), des retraités (pas plus de 50%), mais surtout, en majorité, des adultes de 25-50 ans et des jeunes dès la confirmation (au moins 3 ou 4).
➋ Porter des jugements et avoir des attitudes dominatrices ou discriminatoires. Lorsque les responsables jugent les autres fidèles, font des préférences, se prennent pour des potentats et gardent jalousement leur office sans jamais déléguer ni aider les autres à entrer dans le service. Lorsqu’on appelle les autres fidèles « les gens », comme s’ils étaient un public venu recevoir une prestation… Lorsqu’on accuse les autres de ne jamais servir sans se remettre en question. Alors les plus jeunes ne se considèrent pas dans une famille et s’en vont. Il faut donc avoir une attitude ouverte et fraternelle et renouveler régulièrement les responsabilités (renouvelables tous les 3-5 ans).
➌Ajouter des règles un peu partout.
Lorsque « nous nous comportons comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs, on transforme l’Église en une douane et non pas en maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile » (Evangelii Gaudium, n° 47). Outre la fuite des jeunes, c’est la meilleure façon pour les fidèles concernés d’encourir la malédiction des pharisiens. Il faut donc se souvenir que dans l’Évangile il n’y pas d’autre règle que le « aimez-vous les uns les autres ».
➍ « On a toujours fait ainsi ».
Selon le Pape François : « Lorsque nous cédons à la tentation du pragmatisme gris d’une Église prisonnière de la monotonie d’une routine où elle se sent à l’abri, la foi s’use et dégénère en mesquinerie. Nous étouffons le dynamisme de renouveau et remplaçons l’enthousiasme par une résignation accablante. Mais l’Esprit Saint nous invite à aller plus loin, à être audacieux et créatifs et à repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes». (Evangelii Gaudium, n° 33)
➎Empêcher l’accès aux prêtres, jalouser ceux qui s’en approchent.
Lorsqu’un petit groupe tourne autour du prêtre et, par des attitudes peu aimables, fait le vide autour de lui, tout en se jalousant les uns les autres, de peur de perdre leur pouvoir ou leur place, nous pouvons être certains que les plus jeunes ne viendront pas. Il faut donc s’assurer que les plus proches collaborateurs soient des personnes aptes à l’accueil, dévorées par le désir d’ouvrir l’Église au plus grand nombre et faciliter l’accès au ministère du prêtre !
A suivre :
➏ Ne pas mettre en place le catéchisme familial
➐ Choisir des horaires impossibles pour les familles
➑ Laisser l’Église fermée
➒ Flatter les pasteurs pour qu’ils ne fréquentent pas les autres
➓ Se considérer comme le service public du religieux qui n’a pas besoin d’être en sortie
+ Fr David Macaire, Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France ■
La question que je me pose ? Pourquoi la tradition n a pas ce problème et regorge de jeunesse très engagée de tous âges ?
Mgr Macaire pourrait peut-être explorer cette piste que je me permets de lui suggérer tant je m émerveille chaque dimanche de voir cette vitalité des paroisses où se célèbre la messe Saint Pie V.
Il aurait pu aussi ajouter que le catéchisme mièvre, l’indifférentisme et les flash mobs font fuir les jeunes.
Je ne sais pas si c’est une bonne idée tant la jeunesse est « décalée » et empreint de « mode ». Les boomers c’est pas mieux non plus… Dans ma paroisse les jeunes c’est les messes à la Glorious, no comment…
Ce qui fait le plus fuir les jeunes (et non seulement les jeunes) ? les homélies creuses, d’une absolue pauvreté spirituelle et morale que l’on rencontre chez la quasi totalité des prêtres : ils ne transmettent plus la foi, l’espérance, la charité ; ni ne commentent l’existence du bien et du mal. Ils se contentent de répéter les paroles de l’Evangile qu’ils viennent de lire et sont incapable de transmettre quelque lumière que ce soit. Les jeunes et tous les autres étaient venus chercher des certitudes, des connaissances théologiques et spirituelles, et ils quittent la messe dans un grand désapointement et un vide désespérant. Pourquoi voulez vous qu’ils reviennent ? Le Pape Benoît XVI avait d’ailleurs douloureusement déploré cet état de fait.
C’est assez vrai… Il a beaucoup de cela dans notre ancienne paroisse…On ne va pas chercher les jeunes, on domine ceux qui s’engagent officiellement, pas de renouvellement des fonctions, ni accès au prêtre, et aussi domination sur le curé « désolée de vous interrompre, mais on ne fait pas comme cela sur la paroisse! ».
On pourrait ajouter l’absence de servants d’autel (même quand il y a des garçons d’âge), d’encens, de clochettes, un caté trop irrégulier, fait par des personnes qui ne pratiquent pas régulièrement, un éveil à la foi absent ou sans beaucoup d’éveil religieux..
Ajoutons quand même des points plus difficiles à mettre en place : le pas plus de 50 % de retraités dans les conseils, et le 50-50 % homme femme. Car ce sont toujours les retraités qui s’engagent le plus dans la durée, comme pour les funérailles, la compta, l’acceuil paroissial…
Quand au renouvellement, il est aussi très difficile pour ses fonctions bénévoles où la disponibilité est cruciale, et qui souvent incombait au prêtres.
Il faudra sas doute mettre en place des ministères laic institués et rémunérés pour pallier le manque de prêtre, (pour les enterrements, baptèmes, mariages) comme le souhaite le Vatican, même si le principe ne nous plaît pas