Construite en 1964 et fermée depuis 2019, l’église de Pont de Vivaux à Marseille ne sera pas rénovée. Le diocèse la vend, au grand dam de ses derniers fidèles, qui veulent la transformer en lieu multiculturel (!) :
“L’église Saint Maurice du quartier Pont de Vivaux est en trop mauvais état, “vétuste”, selon le diocèse de Marseille, qui affirme ne plus avoir les moyens de l’entretenir. Construite en 1964, la petite église moderne en béton, en forme de barque renversée que n’aurait pas reniée Le Corbusier, est fermée depuis 2019, autant dire à l’abandon.
Elle ne sera pas rasée, promet le diocèse. Il y a une proposition d’achat qui garantira “une activité sociale ou d’intérêt collectif”. Cela ne console pas les fidèles”, qui ont lancé une pétition.
Ces derniers expliquent dans la presse locale qu’ils veulent interpeller les élus locaux pour obtenir sa transformation en centre multiculturel :
“Corinne Franchi s’y est mariée, a amené ses filles jusqu’à la communion. Avec le collectif Saint-Maurice, elle et son époux Bernard interpellent les élus (Benoît Payan, le maire, est né à côté et il s’agit du canton de Martine Vassal, la présidente de la Métropole) ainsi que le cardinal Aveline.
Ils plaident pour un lieu multicultuel qui a bien du sens à Marseille. Corinne rappelle que ce lieu ouvert servait de halte aux musulmans dont la mosquée était trop loin. Bernard croit encore au miracle : “La Bonne Mère veille sur nous car on a su mettre dans l’actualité notre petite église. Les lieux de mémoire sont de plus en plus sacrifiés pour des projets immobiliers. On a besoin d’un lieu comme celui-ci.”
Après que des fidèles aient découvert la vente de l’église par voie d’affiches sur le bâtiment, le diocèse a communiqué mi janvier sur cette vente :
Depuis quelques années déjà, l’ensemble paroissial que constituent les clochers de La Capelette, Pont-de-Vivaux et Saint Loup, avait décidé de recentrer ses activités pastorales à Saint Loup et à la Capelette. L’église Saint Maurice était donc de moins en moins fréquentée et la question de son avenir se posait vivement, le diocèse n’ayant pas la capacité financière de restaurer et d’entretenir un tel bâtiment très peu utilisé et nécessitant de lourds travaux.
« Nous avons réfléchi à différents scenarii, explique Véronique Disdier, responsable juridique et immobilier du diocèse, et nous avons écarté tous ceux qui auraient impliqué la démolition pure et simple de l’édifice. Nous savons l’attachement des habitants du quartier et des fidèles pour ce lieu qui a compté dans leur histoire de vie et de foi. Le bâtiment actuel sera donc conservé. Il apparaissait aussi évident que l’utilisation à venir devait être respectueuse de la spécificité de cet ancien lieu de culte.
Les différents conseils, en premier lieu le conseil de la paroisse, puis les conseils diocésains, ont donc successivement décidé de retenir une proposition d’achat qui destinait l’ancienne église à une activité sociale ou d’intérêt collectif, pour que, différemment, ce lieu continue d’être au service du quartier ».
Le site comprend également deux autres bâtiments composés de logements et de salles paroissiales. « Les locataires en place demeureront dans leur appartement, rapporte André Viard, chargé de mission immobilière auprès du diocèse. Les associations hébergées sur ce site, c’est-à-dire la bibliothèque OCB et l’équipe Saint Vincent de Paul, vont en revanche déménager. Pour l’équipe Saint Vincent de Paul, elle poursuivra ses activités dans le 10e arrondissement, dans un autre local paroissial, situé boulevard Saint Jean, à côté de l’église de La Capelette. Nous les accompagnons dans ce sens, dans la perspective d’une vente à l’automne 2025 ».