« Ne dîtes pas à ma mère que je suis membre de la Fraternité Saint-Pie X, elle me croit encore aux Missions étrangères de Paris ! » C’est non sans humour que le père Camille Rio nous accueille. Nous nous avons croisé cet ancien prêtre des Missions étrangères, qui s’est voulu en pointe contre les abus, mais qui a rejoint l’institut fondé en 1970. « Je combattais cette plaie de l’Église que sont les abus – et je les combats toujours -, mais je reconnais que mon combat manquait de hauteur: je ne mesurais pas l’importance de la crise de l’Église. Je crois que quelque chose faisait défaut, y compris quand on l’âme ardente et le cœur sincère ». Le père Camille Rio nous confie sa gêne face à certains propos de Jean-Marc Sauvé, le président de la CIASE. « Il réduit l’Église à une ONG, à une structure purement humaine, où il suffirait d’appliquer quelques techniques, mais il oublie le fond », affirme le prêtre qui porte désormais la soutane – il reconnaît que le fait de la porter a « changé quelque chose en moi ». Le père Rio regrette aussi une caricature diffusée sur Twitter avant qu’il ne bloque tout le monde (« une paranoïa excessive de ma part, mais, aujourd’hui , je relativise tout »). C’est la quête financière qu’il avait lancée, pour pouvoir payer des frais d’avocat, qui l’aurait « réveillé »: « est-ce décent, quand on est prêtre de demander de l’argent pour se défendre alors qu’il existe une aide juridictionnelle ? » C’est alors qu’a commencé une remise en cause, qu’il qualifie de « salutaire ».
Le père Camille Rio découvre l’importance du Christ-Roi
Le père Camille Rio, qui rejoint donc la Fraternité sacerdotale, Saint-Pie X deviendra vice-recteur du séminaire d’Écône. Il nous confie avoir évolué. « J’ai lu, j’ai réfléchi et j’ai évidemment prié ». Ainsi, il reconnaît avoir été convaincu en lisant l’ouvrage de Mgr Lefebvre, Ils l’ont découronné, publié en 1987 et republié par la suite. « Quelque chose ne tournait pas rond: dans tout combat, il faut une âme, et pas des paroles creuses ou insipides. Et c’est peut-être le fait que certains choses me manquaient: l’aspect propitiatoire du sacrifice de la messe, le Christ-Roi… Des choses dont on ne parlait pas dans mon parcours. » « Je méprisais un peu facilement la formule alter Christus, quand on parle du prêtre, mais j’ai été un peu rapide sur cette belle formule qui nous appelle avant tout à la sainteté – c’est même l’essentiel ». Bref, le père Camille Rio se sent quelqu’un de différent. « Mais je dois diminuer pour qu’Il croisse », nous lance-t-il la dernière fois avant de partir confesser (« une réalité que j’ai découverte: je comprend mieux le saint curé d’Ars »). On pourra retrouver son itinéraire sur ce blog.
Sacré poisson 😆