Illustration très symbolique et forte du déclin de la vie consacrée, la décision des trappistes de fermer trois de leurs cinq abbayes en Irlande pour “sauver la vie monastique cistercienne” dans le pays. D’autant que la reconversion possible de l’une d’elle en centre d’accueil de près de 300 migrants, près d’un village de 800 habitants, crée une polémique importante.
“L’ordre a décidé qu’à compter du 26 janvier 2025, trois de leurs communautés – Mount Melleray, Mellifont et Mount St Joseph (qui depuis le 3 novembre, fête de Saint Malachie, ont déjà fusionné en une seule et même nouvelle communauté) – seront basées temporairement à Roscrea dans le comté de Tipperary. Cette nouvelle communauté a été baptisée « L’Abbaye de Notre-Dame du Silence » provisoirement. Les abbayes de l’ordre à Moone (comté de Kildare) et à Portglenone (comté d’Antrim) ne seront pas concernées par cette décision et continueront d’exister en tant que communautés autonomes. « Notre nouvelle communauté de Notre-Dame du Silence compte actuellement 26 membres, dont trois novices, et d’autres personnes ont déjà manifesté leur intérêt à nous rejoindre », explique le père Rufus“.
L’abbaye de Mellifont date de 1142 – elle avait été la pierre angulaire de l’ordre cistercien en Irlande, mais avait été fermée au XVIe siècle et rétablie en 1938 à quelques kilomètres des ruines médiévales. Celle du Mont Melleray avait été fondée en 1832 comme son nom l’indique, par les moines non français de la Trappe de Melleraye, en Bretagne, expulsés en 1830 ; cette Trappe de l’est de la Bretagne, refondée en 1817, a elle aussi fermé, en 2015 – le Chemin neuf ayant repris les bâtiments. L’abbaye du Mont saint Joseph, dite de Roscrea, a été fondée en 1878 et est la seule Trappe du monde dont dépend un groupe scolaire; elle a fondé des abbayes-filles en Ecosse (Nunraw), Australie (Tarrawara) et près de Dublin (Moone) qui elles sont toujours vivantes.
En ce qui concerne l’abbaye de Mellifont, localement appelée New Mellifont pour la distinguer de l’abbaye historique, située à cinq kilomètres et globalement en ruinees, depuis novembre dernier les locaux sont vent debout après avoir appris qu’elle devrait être transformée en centre d’accueil pour 300 migrants. Le village qu’elle jouxte compte à peine 860 habitants. Bien que les Trappistes affirment n’avoir pris “aucune décision” quant à l’avenir des bâtiments délaissés par les moines, le sujet fait régulièrement la Une de la presse locale, tandis que les autorités civiles n’ont pas apporté de démenti.