Dans le bulletin A Crucetta (juillet et août 2024, n° 153), l’abbé Hervé Mercury évoque la manière dont est abordé l’enseignement de la doctrine aujourd’hui par l’Eglise en général et par le Pape en particulier :
Le Pape François prononce peu de discours de doctrine. Ce n’est pas qu’il l’ignore. Il cherche plutôt à adapter, à des situations particulières, certains enseignements dogmatiques, moraux ou spirituels. Le résultat en arrive à heurter ou choquer la conscience droite du chrétien.
Toute adaptation suppose de s’appuyer sur des principes doctrinaux de base. Ceux du Pape ne semblent ni contraires à la foi ni déformés. Alors, comment peut-on aboutir parfois à des jugements qui scandalisent les fidèles ? Telle l’autorisation de communier aux divorcés remariés ou de bénir un couple homosexuel.
Ce qu’il faut considérer, c’est l’argument intermédiaire qui sert à opérer l’adaptation : le style de Jésus. Par-delà l’enseignement contenu dans les évangiles et que l’Eglise ajuste pour chaque époque, il faudrait prendre en compte le style particulier qui s’en dégage et qui est propre à Jésus. Or nous nous heurtons ici à une difficulté majeure.
En effet, le style est, d’après le dictionnaire, la façon particulière dont chacun exprime sa pensée, ses émotions ou ses sentiments ; c’est un ensemble de goûts ou de manière d’être de quelqu’un. Il ne s’agit pas seulement d’un enseignement précis, tel un commandement de la loi, mais d’une manière de l’enseigner. A maniera. Cela suppose évidemment, pour imiter comme il convient, d’avoir connu directement et intimement la personne concernée. Je peux imiter un style quand j’ai vu la personne œuvrer.
Les Apôtres ont suivi Jésus pendant tout son périple missionnaire. Ils l’ont vu faire et nous en rapportent quelque chose. Leurs lettres nous apprennent comment ils imitaient à leur tour le Maître. Avaient-ils son style ? Cette question les aurait probablement embarrassés.
Car elle fait intervenir un aspect purement subjectif de la personnalité et les Apôtres savaient que la personne du Christ est la personne divine du Fils de Dieu. Comment auraient-ils pu imiter ce qui était l’expression propre du Verbe incarné ?
S’en référer au style de Jésus pour répandre certaines pratiques pastorales, c’est ressusciter le Jésus Baba Cool en jean troué, cheveux longs et guitare des années 70-80. Vision aujourd’hui dépassée, parce que le style de Jésus ne peut être enfermé dans nos conceptions ponctuelles et étriquées de la vie.
Une juste pastorale est celle qui, rappelant les principes intangibles de l’enseignement catholique, s’efforce de le rendre compréhensible à nos contemporains. Elle use de nos propres expériences et nous laisse adopter librement le style qui convient à notre personnalité afin d’être, à notre place, le témoin dont Dieu a besoin aujourd’hui.
Abbé Hervé Mercury
Rappelons que la messe traditionnelle est célébrée chaque dimanche et fête à 10h00 par l’abbé Hervé Mercury (diocèse) à la chapelle Notre-Dame de Lorette (chemin de Loreto) à Ajaccio. En semaine du mercredi au samedi à 18h00 (Programme pour Juillet et Août 2024).