Dans l’éditorial du bulletin A Crucetta (n°154, Septembre et Octobre 2024), l’abbé Herbé Mercury évoque la séquence olympique qui vient de s’achever :
Dans sa première lettre aux chrétiens de Corinthe, saint Paul compare leur vie à une épreuve d’athlétisme : « dans les courses du stade, tous courent, mais un seul emporte le prix. Courez de même afin de le remporter » (1 Cor. 9, 24). L’Apôtre nous invite donc à des olympiades où le prix est la couronne impérissable du salut éternel. Il faut nous mettre en condition pour le gagner, à l’image des athlètes des Jeux Olympiques.
Dans l’Antiquité chrétienne, ces considérations ne nourrissaient pas seulement la piété, elles préparaient concrètement les combattants de la foi. Quand les martyrs entraient dans l’arène, ils étaient bien conscients de livrer un combat à mort pour obtenir cette couronne. Ignace d’Antioche écrivait aux Romains : « laissez-moi être la pâture des bêtes par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu. Je suis le froment de Dieu et je suis moulu par la dent des bêtes pour être trouvé un pur pain du Christ ». Il mourra à Rome en 107 ou 113.
Tout au long de l’histoire, ces athlètes se succèderont, confessant le Christ de bouche afin de parvenir au salut. En effet, l’Apôtre nous prévient : « c’est en croyant de cœur qu’on parvient à la justice et c’est en confessant de bouche qu’on parvient au salut » (Rom. 10, 10). Il se fait l’écho de Jésus lui-même : « Celui qui me confessera devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux » (Mat. 10, 32). Il ne suffit donc pas de croire pour être sauvé, il faut encore confesser le nom de Jésus Sauveur à la face des hommes.
Au XVIIème siècle, les Chrétiens cachés du Japon l’ont expérimenté d’une manière particulièrement violente. Quand un individu était suspecté de christianisme, il lui était demandé de piétiner une image sainte. Ce test est appelé e-fumi. Aucun catholique ne le prenait à la légère. Il s’agissait de témoigner sa foi en Jésus, notre Sauveur. Beaucoup de ceux qui refusèrent de se prêter au jeu furent torturés et exécutés. Confesser sa foi est une obligation qui devient un péril pour la vie quand le chrétien est face aux suppôts de Satan…
Pendant quelques semaines, les Jeux Olympiques se sont déroulés à Paris. Lors de la cérémonie inaugurale, au milieu de spectacles grandioses, une bacchanale, parodiant clairement la Cène de Léonard de Vinci, a été jouée. Des scènes immorales ont mis en scène, au vu et au su de tous : l’enlèvement d’enfants, un meurtre régicide, le sado-masochisme et l’incitation à la pédophilie. Ces « performances artistiques » déployant une violence inouïe ou dévoilant l’intime ont été volontairement placées dans la sphère publique. Ce qui est inadmissible. Le monde entier s’en est ému à juste titre. Raisonnablement, certains pays ont supprimé la retransmission et, finalement, le Comité Olympique a lui-même fait le ménage dans ses publications officielles.
Ces événements ne sont pas anodins. Ils nous donnent l’occasion de réfléchir à la manière de réagir. Car nous ne sommes pas en présence de simples attaques humaines lancées sans concertation et de manière aléatoire par des dégénérés ou des psychopathes. Nous sommes confrontés aux puissances financières qui usent de l’argent, y compris celui du contribuable, pour mettre en œuvre leur infamie. Nous nous heurtons aux défenseurs de Mammon au sujet duquel Jésus disait qu’il nous faut choisir : ou Dieu ou Mammon. Par-delà ces complices, nous livrons donc un combat acharné contre l’action insidieuse des puissances de ténèbres, des forces démoniaques et de Satan lui-même. La preuve en est le récent blasphème, étalé dans les pages de Charlie-Hebdo, contre la Très Sainte Vierge Marie apparue à Lourdes pour faire du bien aux malades. Est-il alors suffisant de confesser que, décidément, nous ne serons jamais Charlie ?
Une telle attitude minimaliste ne serait-elle pas répréhensible ? Il est vrai que, sur sa Croix, Jésus semble prôner le silence et la tolérance à tous prix. Cependant, sur cette même Croix, il prie en faveur de ses bourreaux. Ecoutons son cri : « Père, pardonnez-leur, parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Jésus cherche une raison qui pourrait excuser le crime : ils ne savent pas. Mais il ne cache pas la réalité des actes criminels posés : ce qu’ils font, ils le font bien.
Avec Jésus agonisant, nous avons le devoir de nous offusquer, de nous scandaliser, de ces atteintes à ce qui est sacré par-dessus tout, à ce qui est divin. Nous avons l’obligation de dénoncer les menées des puissances ténébreuses. Cette dénonciation a pour premier but d’affermir le courage des plus faibles et de conforter les plus forts. Elle a aussi pour objectif de dénoncer l’ignominie telle qu’elle est aux yeux de Dieu.
Nous ne pouvons pas minimiser les atteintes à notre Foi, parce qu’elles touchent à l’honneur de Dieu même et qu’elle entendent diminuer, sinon nier, son rôle essentiel dans notre vie comme planche de notre salut. Dans les circonstances présentes, nous devons affirmer haut et clair notre attachement indéfectible au Christ, notre Maître, et à Marie, sa Très Sainte Mère. Nous le crierons d’autant plus fort que l’outrage est plus abject, obscène et malodorant.
Ainsi, nous réparerons le mal commis, à l’image de saint Pierre qui, dans sa première homélie, n’hésitait pas à proclamer : « Jésus de Nazareth, homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous, lui, que vous avez fait mourir en le crucifiant par la main des impies, Dieu l’a ressuscité, déliant les liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’elle le tînt en son pouvoir » (Ac. 2, 22-23).
Nous ne ferons pas moins que confesser haut et clair la divinité, la puissance et la gloire dues à Jésus-Christ, le Verbe incarné. Ce faisant, nous accomplirons la demande divine : quand il est porté atteinte à son honneur confesser, quoi qu’il en coûte, le nom du Christ pour être sauvés.
Confessio fit in salutem…
Abbé Hervé Mercury