Dans l’éditorial du bulletin A Crucetta (n°155, Novembre et Décembre 2024), l’abbé Herbé Mercury évoque l’essence de l’Eglise :
Dans l’Eglise, la pratique s’inscrit nécessairement dans des principes de Tradition. Nous professons, dans le Credo de la Messe, que l’Eglise est apostolique. Le mot fait référence, premièrement, aux Apôtres, piliers de cette fondation sur laquelle s’est construite l’Eglise de Jésus-Christ et, secondairement, à l’apostolat qu’ils n’ont cessé de déployer durant leur vie pour éclairer leurs contemporains sur le dessein de Dieu et sa mise en œuvre en Jésus-Christ par l’Esprit-Saint.
Obligés ainsi de remonter jusqu’aux Apôtres, premiers disciples du Christ, nous affirmons la permanence de notre enracinement dans un passé déterminé auquel nous avons le devoir d’être fidèles. Il serait incohérent de proclamer l’immutabilité divine et d’annoncer une doctrine changeant au gré des époques et des lieux.
Mais, si la doctrine ne change pas, la pratique de la vie chrétienne non plus. Les principes de la morale expriment la meilleure manière pour la nature humaine d’atteindre au bonheur et cette nature humaine, quoi qu’en ressassent les mouvements révolutionnaires du wokisme et du féminisme, reste fondamentalement la même. Il ne peut pas y avoir de modification des principes de base.
En revanche, une adaptation est constamment nécessaire aux nouvelles conditions de la vie des hommes et de la mentalité qu’ils acquièrent. La société évolue et l’enseignement de l’Eglise doit se rendre accessible à chacun, là où il se trouve et dans les conditions où il vit. Rendre accessible, c’est ajuster les principes à une situation donnée ; ce n’est pas les changer pour justifier un état de fait.
L’Eglise n’est pas une société de prestation de services. Ce qu’elle donne, elle l’a d’abord reçu de Dieu lui-même. A l’image de saint Paul, sa fidélité dans la transmission est son premier devoir : « quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Evangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! »
Voilà pourquoi Jésus dit à saint Pierre de confirmer ses frères : « voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment. Mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ; et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 31-32). Lors de sa visite, le Pape François, successeur de Pierre, rendrait plus ferme la foi des Corses en expliquant en quel sens l’Eglise est traditionnelle dans son essence.
Abbé Hervé Mercury