Lors de son passage à Paray-le-Monial comme envoyé du Pape pour la clôture du Jubile du 350è anniversaire des apparitions du Sacré-Coeur, Tribune Chrétienne a interrogé le cardinal François-Xavier Bustillo, évêque d’Ajaccio. Parmi les questions, il a été interrogé sur la messe traditionnelle. Il adresse des paroles de sagesse et de paix aux fidèles attachés à la messe traditionnelle.
Tribune Chrétienne : En parlant de différence, les fidèles attachés au rite tridentin attendent beaucoup de ce pape. Donc quoi leur répondre ?
Cardinal Bustillo : Je pense que dans l’Église il y a de la place pour tout le monde donc également pour ces fidèles attachés au rite tridentin, je le répète il y a la place pour tout le monde. Dans l’Église catholique il y a beaucoup de rites donc il ne doit pas y avoir de problème à ce niveau-là. Donc le pape dans sa mission doit d’abord ÉCOUTER, ensuite DISCERNER et après DÉCIDER. C’est la pratique habituelle d’un pape. S’il y a des situations délicates, de sensibilités différentes, etc. il faut d’abord écouter et évaluer tous les arguments, après décider. Et le pape est dans cette ligne et se dit : pour le moment il capte toutes les réalités, toutes les douleurs… et quand il aura tous les éléments , il décidera.
Tribune Chrétienne : Êtes-vous vous-même personnellement pour cet assouplissement du motu proprio Traditionis Custodes ?
Cardinal Bustillo : Moi je suis pour la paix dans l’Église évidemment. Et la paix dans l’Église, avant de parler par le rite, passe par l’Esprit. Le rite est une question de forme, c’est l’expression de célébrer sa foi avec Dieu donc ce qui est important c’est d’abord de pacifier les esprits pour ne pas tomber dans l’idéologie. Le rite en soi n’est pas un problème. Quand on voit les rites mozarabes, ambrosiens, orientaux… etc. là n’est pas le problème. La question pour nous catholiques est de rester dans une logique d’idéal sans tomber dans l’idéologie.
Donc le rite tridentin n’est pas un problème en soi au sein de l’Église. Moi je ne sais pas le célébrer mais je me rends compte qu’il ne doit pas exister de rigidité dans les rites, ça aussi c’est important : il faut avant tout rester dans la communion.
Je suis donc d’abord pour un assouplissement des consciences car sinon on tombe dans l’affrontement. Comme le disait le cardinal Sarah , Il est d’abord important qu’il y ait une maturité spirituelle, sinon on tombe dans la logique d’affrontement, on dit qu’on a un pape contre nous etc… Moi je n’ai jamais célébré le rite tridentin, je ne le connais pas très bien mais je connais et je respecte beaucoup de fidèles qui en sont proches et qui préfèrent ce rite. Je respecte ces choix. Quand on est pasteur on doit penser au bien de tous. Donc si une personne aime ce rite je suis pour qu’elle le continue. Je ne suis pas pour dire : tout le monde doit faire pareil !
On doit respecter une sainte diversité qui passe par l’acceptation de la diversité au niveau liturgique. Donc avant tout chercher la communion de l’Église : la communion, la communion, la communion !
Quand on voit la société, quand on voit les guerres Israël / Iran… et nous catholiques, qu’est-ce qu’on fait ?! Si nous catholiques nous sommes divisés, nous sommes idiots, nous sommes peu nombreux, et si l’on se permet le luxe de se diviser, alors vraiment c’est pas terrible. L’Église doit avoir la maturité d’accepter les différences et les divergences.
Tribune Chrétienne : Juste un mot sur L’abbé Sébastien Dufour, qui célèbre la messe en latin à l’Église Saint-Charles-Borromée à Bastia ? certains fidèles parlent de discrimination ?
Cardinal Bustillo : Il n’y a rien de dramatique. J’ai parlé avec l’abbé hier longuement… certains journaux parlent de « discrimination », c’est n’importe quoi. Moi je lui donne un endroit où il sera tranquille et en paix, il pourra célébrer avec sa communauté, et c’était le but que nous recherchions tous les deux. On est tous les deux entièrement d’accord, on s’est parlé hier. C’est tout sauf une mise à l’écart, c’est un acte de protection et non de discrimination et il l’a parfaitement compris. Les fidèles n’ont pas tous les éléments, c’est donc un acte de protection et de liberté pour qu’il puisse exercer son ministère très librement. C’était ça le but, c’est ce que je lui ai dit et il a parfaitement compris. Il me connaît et il n’y a aucune difficulté entre nous. On est dans la simplicité.
NDLR : La Messe traditionnelle célébrée par l’abbé Sébastien Dufour, FSSP, va quitter l’église paroissiale Saint-Charles Borromée pour le Sanctuaire Scala Sancta (un peu à l’écart du centre) dont l’abbé Dufour est nommé chapelain.
En Corse, la messe traditionnelle est célébrée en application du Motu Proprio :
A Ajacccio, Chapelle Notre-Dame de Lorette le dimanche à 10h00 (et en semaine) par l’abbé Hervé Mercury (diocèse)
A Bastia, Eglise Saint Charles Borromée le dimanche à 10h00 (et en semaine) par l’abbé Sébastien Dufour (FSSP) [En attendant le changement d’église]
A Sant’Antonino, Chapelle de la Confrérie Saint-Antoine le dimanche à 18h00 (vérifier l’horaire l’été) par l’abbé Sébastien Dufour (FSSP)