La KOVOS – l’équivalent suisse de la CORREF qui regroupe les ordres religieux et communautés de vie consacrée implose car les religieuses contemplatives et apostoliques alémaniques quittent l’organisation, après avoir refusé de payer sa part du financement d’une étude sur les abus dans l’Eglise suisse.
“Organisée en association depuis 2019, l’association faîtière des communautés religieuses de Suisse doit faire face depuis le début de l’année à la démission de deux associations de communautés féminines, annonce le Tages-Anzeiger, regroupant les communautés et couvents féminins de Suisse alémanique et du Liechtenstein. Sœur Annemarie Müller, présidente de l’Association des religieuses apostoliques de Suisse alémanique et du Liechtenstein (VONOS), l’a confirmé à kath.ch. C’est ainsi que 14 communautés, avec près de 1000 sœurs, quittent la KOVOS. L’association des communautés contemplatives de Suisse alémanique (VOKOS) devrait à son tour se retirer fin juin. Les 27 couvents féminins contemplatifs de Suisse alémanique vont également quitter la KOVOS fin juin, a rapporté le Tages-Anzeiger”.
Ladite étude devait être cofinancée par la Conférence des évêques suisses, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) et la KOVOS. L’association des religieuses apostoliques alémaniques, VONOS, refuse de payer car, déclare-t-elle dans la lettre par laquelle elle quitte la KOVOS, que les religieuses ne sont pas “prêtes à payer pour quelque chose dont les religieuses ont été les victimes plutôt que les coupables“.
Par ailleurs, touchée de plein fouet par le vieillissement et le non-renouvellement, la VONOS ne trouve plus de religieuses en son sein pour la représenter au sein du comité directeur de la KOVOS, indique-t-elle. Et elle craint que le coût de l’étude, comme la facture des abus, soient “imprévisibles“.
Enquête sur les abus au Bon Pasteur : des conclusions promises depuis décembre 2023
En 2021 quand la CORREF en France avait mis en place les instances de médiation et de réparation des abus sexuels commis dans les congrégations, la commission de reconnaissance et de réparation – la CRR, qui instruit les témoignages de victimes et définit les indemnisations matérielles et non-matérielles, était financée par les congrégations féminines, mais le fonds de dotation pour suppléer aux congrégations disparues ou sans patrimoine était assumé par les congrégations masculines, selon une logique qu’à l’époque Véronique Margron soutenait : “95% des auteurs sont des hommes“.
Néanmoins l’un des premiers scandales d’abus connu en France – principalement physiques et de maltraitances, mais pas que, – au sein d’une congrégation a été celui des centaines d’adolescentes placées par la protection judiciaire de la jeunesse jusque dans les années 1970 au sein du Bon Pasteur, et qui ont subi de nombreux mauvais traitement. En 2021, à part une brève mention de cette période dans le musée de la congrégation, celle-ci ne reconnaissait rien, et évidemment pas le statut des victimes pour ne pas avoir à payer. En 2022 après la création d’une association – à laquelle 300 témoignages de maltraitances et d’abus étaient parvenus – et la parution d’un film, une commission indépendante a été lancée par la congrégation pour enquêter sur les abus.
En décembre 2023, les conclusions de la commission étaient toujours “attendues“, alors qu’un nouveau documentaire donnait la parole aux victimes… et aux murs des établissements désaffectés du Bon Pasteur, sur lesquelles les pensionnaires maltraitées écrivaient leurs sentiments. Et pas moins de 500 témoignages étaient arrivés à l’association des anciennes…