Ce dimanche 5 mai près de 300 fidèles de Quimper, Morlaix, mais aussi d’autres villes bretonnes, notamment Rennes, Nantes et Vannes, se sont rassemblés devant l’évêché de Quimper pour défendre les communautés traditionnelles de Morlaix (St Sève) et Quimper, qui rassemblent plus de 300 fidèles – le double pendant les vacances – et qui sont menacées, ainsi que leurs activités pastorales, le diocèse ayant décidé en décembre dernier de chasser la FSSP.
Équipés d’une sono puissante, de chasubles “keep calm and pray Jésus“, de panonceaux comme “je suis tradi” ou “liberté liturgique“, de nombreuses bannières et drapeaux – y compris du Santig du – et chantant des cantiques bretons, les fidèles rassemblés sont, après une courte prise de parole, montés de la place de la tour d’Auvergne à l’évêché, devant les murs et le portail clos duquel ils ont prié le chapelet en français et en breton.
Depuis la décision prise en décembre par Mgr Dognin de chasser la FSSP, les fidèles sont laissés dans l’ignorance par le diocèse – étrange façon d’appliquer la synodalité voulue par notre Très Saint Père le Pape François. Pourtant, plusieurs prêtres ont été formés à la messe tridentine dans le diocèse voisin de Vannes – mais à ce jour les fidèles de Morlaix ne savent pas si leur messe sera maintenue, et ceux de Quimper seront laissés sans accompagnement spirituel.
La Bretagne est la terre des luttes pour la Tradition – des messes FLB (français latin breton) des années 1960-70 aux mobilisations plus récentes des fidèles de Rennes (2016) et Nantes (2021) contre les persécutions commises par leurs évêques. Résistants aux injustices et aux persécutions, les Bretons trouvent dans leur Histoire les forces morales et spirituelles de lutter et de maintenir le cap, contre vents et marées.
Ces évêques des diocèses bretons n’ont en revanche aucun problème d’ouverture pour se soumettre au monde, au politiquement correct ou pour accepter des concerts profanatoires dans leurs églises – que les fidèles Bretons ont récemment empêché à Nantes en décembre 2021, Carnac (mai 2023) ou encore Nantes où c’est carrément l’appel à la prière musulmane qui, sous couvert de culture et de “messe pour la paix“ devait résonner dans deux églises. À ces évêques oublieux de leurs brebis et dont les “pastorales” sonnent creux les fidèles de la messe de toujours et leur vitalité, leurs conversions, leurs vocations, sont comme un reproche vivant.
“Nous sommes venus défendre ce que nous avons – la messe, mais pas seulement. Nous avons aujourd’hui deux curés à temps plein, nous avons un accompagnement spirituel, des activités, du catéchisme, et le diocèse ne nous impose plus que la messe, assurée par des remplaçants débordés par d’autres tâches“, nous explique un fidèle de Quimper. “C’est d’ailleurs tellement logique et facile à justifier que Mgr Dognin refuse tout contact, tout dialogue“, renchérit un autre.
“Nous, à Morlaix, on n’aura rien, notre messe est rayée de la carte, et on nous dit en gros – vous êtes des étrangers qui n’avez rien à faire dans nos paroisses, vous n’avez pas à y communier, allez à la FSSPX“, constate une habitante de St Pol de Léon, dépitée qu’un “évêque né à Paris et prêtre de Nanterre nous chasse, nous Bretons, de nos églises et nos paroisses, en nous traitant comme étrangers alors que nous célébrons, justement, la messe pour laquelle nos églises et la cathédrale du Léon ont été bâties“.
“Notre évêque affirme que notre communauté rompt l’unité du diocèse, mais comment peut il décemment plaider l’unité s’il chasse, s’il divise le troupeau, s’il renvoie, et s’il refuse de se justifier, qu’il s’enferme et s’enferre dans son silence derrière les hauts murs de l’évêché ?“, s’interroge une fidèle du sud du Finistère.
Voici la prise de parole lors du rassemblement des fidèles à Quimper
“Nous sommes ici pour interpeller Mgr Dognin sur le revirement brutal de sa part à notre égard. En juin 2023 il a visité notre paroisse, salué notre dynamisme et confirmé la mission de nos prêtres de la FSSP. En décembre il nous informe par communiqué qu’ils doivent quitter l’église Saint-Matthieu et les chasse tout en confirmant par écrit qu’il n’a aucun reproche à leur faire personnellement.
Nous sommes là pour demander à Mgr Dognin d’établir un vrai dialogue avec les fidèles – depuis décembre 2023 il a refusé tout contact, a reçu trois d’entre nous pour leur dire qu’il n’y avait rien à négocier, a écarté début avril les propositions que le supérieur de la FSSP était venu lui faire. Nous avons été très patients jusque là mais aujourd’hui nous venons frapper à sa porte et il faudra bien qu’il nous entende.
Quelle est la solution proposée par le diocèse ? De ce qu’on sait l’évêque a nommé un vicaire référent pour les fidèles attachés à l’ancien rite et parle de former dix prêtres (!) pour remplacer à tour de rôle les deux prêtres à temps plein qui étaient dans nos communautés. Dans le même temps des églises ferment dans le diocèse, des regroupements de paroisses se font, le clergé vieillit et ne peut assumer toutes les charges, il est fait appel à des prêtres étrangers. La FSSP a envoyé deux jeunes prêtres. Notre communauté compte des familles, des jeunes, des convertis, et demain nous n’aurons plus que des prêtres remplaçants. Ce ne sont pas des critiques à l’égard du clergé diocésain mais l’illustration d’une idée absurde.
Notre communauté attire de plus en plus de fidèles, c’est peut être ce qui irrite certains. De 50 en 2016 à plus de 200 à Quimper, et plus de 300 aux vacances.
Il n’y a pas que la messe dans le rite tridentin qui attire, c’est aussi le catéchisme, les groupes de prière, pour les jeunes professionnels… A St Matthieu il y a eu 11 baptisés depuis 2018. Ce qui attire ce sont les pédagogies traditionnelles de la Foi, la doctrine catholique, les dévotions traditionnelles comme l’adoration du saint Sacrement ou la récitation du chapelet, les visites des prêtres aux personnes âgées ou l’accès à la communion tous les jours de la semaine.
C’est cela qui attire les fidèles. Ils se sentent accompagnés, nourris dans leur foi. C’est de tout cela que l’évêque veut nous priver, quelle est la logique ?
Nous refusons d’être des fidèles de seconde zone car nous sommes attachés à la liturgie traditionnelle. Nous demandons la liberté liturgique. Nous voulons garder nos prêtres et notre place dans le diocèse. Nous allons dans le calme manifester à l’évêque et son conseil notre inquiétude et notre incompréhension dans une ambiance conviviale et respectueuse“.
Monseigneur DOGNIN est un menteur.
Lorsqu’il est venu voir les différentes communautés traditionnelles il avait déclaré que rien ne changerait car l’unité de son diocèse était bien assurée.
À cela il faut ajouter qu’il a peur de ses prêtres et de ses fidèles progressistes.
Il faut aussi regarder vers certains prêtres antitraditionalistes et jaloux, particulièrement vers le secteur de Landerneau.
Mais c’est très bien car notre Seigneur montre le vrai visage de ce prélat peu courageux et de ses prêtres et fidèles félons.
Bretagne ! Retrouves tes valeurs traditionnelles de toujours !
Bravo aux fidèles qui se battent à Quimper !
Courage, notre Seigneur et la très Sainte-Vierge Marie vous accompagnent.
Etant d’origine bretonne et allant tous les ans depuis des années en vacances chez mes proches des Côtes d’Armor, j’ai pu constater la dégringolade des “traditions” (de façon générale). Aujourd’hui le clergé est rare et vieillissant et les messes dominicales sont rares à des kilomètres à la ronde. Et quand on en découvre une, elle ne respecte ni le missel tridentin ni Vatican II, mais uniquement le programme élaboré par une équipe liturgique dont les membres n’ont jamais étudié… la liturgie.
D’une part, il existe une relative incompatibilité entre l’ancien régime liturgique et le nouveau régime ecclésial, notamment parce que celui-ci et celui-là contribuent à deux formes ou types de structuration des mentalités des catholiques qui sont diamétralement opposés.
Les évêques catholiques rénovateurs, de leur côté, le savent bien, alors que les fidèles catholiques traditionnels, pour leur part, réfléchissent et réagissent souvent comme s’ils ne le savaient pas, d’où les illusions dont ils sont souvent victimes au contact des évêques.
D’autre part, la conception catholique rénovatrice de la liberté dans la liturgie catholique et de l’unité dans l’Eglise catholique n’est presque jamais porteuse de “neutralité idéologique” : ainsi, les catholiques non traditionnels ont le droit de bénéficier de cette conception moderniste sinon progressiste, partisane et sélective, de la liberté dans la liturgie et de l’unité dans l’Eglise, tandis que les catholiques traditionnels sont aimablement autorisés à être exclus, ou à être considérés comme s’excluant eux-mêmes du bénéfice de cette conception, au demeurant erronée et orientée.
En outre, on ne voit pas très bien pourquoi ni comment les évêques catholiques rénovateurs devraient et pourraient s’opposer à la poursuite du renouveau, désormais synodal, cette poursuite étant consubstantielle au nouveau régime ecclésial, comme on le voit sous François.
Or, dans ce contexte, le maintien en vie du catholicisme traditionnel, au sein de communautés ou de fraternités partenaires des diocèses, est dangereux, dans la mesure où il rend possible des appréciations, des comparaisons, des évaluations qui risquent fort d’être bien plus favorables au catholicisme traditionnel qu’au catholicisme rénovateur, compte tenu de l’échec du Concile et de la faillite de l’après-Concile.
Enfin, il ne faut pas oublier les conséquences désastreuses de l’écoulement du temps long, depuis l’avant-Concile et le Concile puis l’après-Concile, c’est-à-dire depuis bientôt un siècle : dans le cadre, notamment, de la mise en oeuvre du mode de détection, de formation, de promotion et de sélection des futurs évêques rénovateurs, nous sommes aujourd’hui en présence d’un “appareil idéologique d’Eglise” au sein duquel la liturgie catholique traditionnelle est d’autant plus ignorée qu’elle est, tout simplement, inconnue ou, en tout cas, peu connue.
Il ne faut jamais oublier que tant que les évêques rénovateurs d’aujourd’hui ne reconnaîtront pas collectivement, avant tout en eux-mêmes, que les évêques rénovateurs d’avant-hier ont gravement erré, au moment et au moyen d’un Concile iréniste et utopiste, nous serons en présence d’un dispositif intra-ecclésial absolument “auto-bloquant”.
Or, comment des clercs qui, aujourd’hui encore, s’inscrivent dans le sillage de chimères philosophiques et théologiques apparues dans les années 1930, peuvent-ils avoir la prétention de rénover l’Eglise d’une manière à la fois philosophiquement réaliste et théologiquement orthodoxe ? Qui est nostalgique, qui est nostalgique de quelles intuitions prophétiques, porteuses de quel naufrage doctrinal, liturgique, pastoral et spirituel ? Qui se propose de mettre quelques pièces dans le distributeur automatique d’élargissement de l’espace de la tente ?