Le docteur de Labriolle, écrit dans les colonnes de Paix Liturgique, au sujet de la CEF et la future loi sur l’euthanasie, ou “fin de vie” selon la novlangue :
“Le flash-infos de la Paroisse Bienheureuse Jeanne Marie de Maillé, sise en Touraine, rapporte, ce 22/3/24, un florilège des considérations exposées à Famille Chrétienne (Antoine Pasquier, 11/3/24) par Mgr Jordy au sujet de la fin de vie, et de son écourtement légal en passe d’être légalisé.
L’archevêque métropolitain de Tours, vice-président de la Conférence des Évêques de France, sait s’adosser aux fortes pensées du temps. L’impact escompté dépasse probablement celui d’une citation tirée de l’Écriture, plus assurée certes, mais plus convenue de la part d’un prélat se voulant en phase avec son époque. Plutôt que de réitérer sur la loi de Moïse, et notamment sur le quatrième commandement reçu de Dieu au Sinaï: “Tu ne tueras pas”, l’Ordinaire de Tours sort des sentiers battus, et porte l’estocade. Jugez en :
“Pensons à la formule forte de Robert Badinter qui disait: nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie”. C’est beau comme de l’antique ! Le contexte dont la citation est extraite n’est pas mentionné. Feu le garde des sceaux de François Mitterrand est il réellement l’auteur de cet aphorisme qu’un peu de sens commun doit déclarer mensonger en ouvrant les yeux sur le Réel. Ancien garde des sceaux lui-même sous la quatrième République (01/02/56-27/05/57), François Mitterrand, interpelé par des abolitionnistes (de la peine de mort) rétorquait, non sans à-propos: “Que messieurs les assassins commencent ! “. Croqué par l’imitateur Thierry Le Luron, le Président disait: “Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’idées; ça a toujours été mon idée”.
La formule (forte) imputée à Robert Badinter par l’archevêque de Tours est-elle exacte? L’auteur putatif n’est plus de ce monde. Si peu de jours après l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, et, en corollaire, la légalisation du droit de faire couler le sang innocent au seul regard de la liberté de s’y adonner, il est saisissant de réaliser, foi de Badinter, auquel ce spectacle aura été épargné, que la France n’est plus une démocratie. L’Ordinaire, en citant l’auteur de son choix, ne pouvait ignorer ni le décès de ce dernier, ni l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution, ni que, de ce fait, la France n’était plus une démocratie. Pour s’être adossé, non à l’Écriture, mais à un séide de la Démocratie religieuse, c’est à dire un sophisme professionnel, il n’a pas compris, à moins qu’il ne l’ait fait sienne, la vérité à géométrie variable, et l’argumentaire d’aujourd’hui dont la validité est au service du seul projet d’aujourd’hui.
Mgr Jordy, depuis le désengagement politique de l’Eglise (1966), assiste impuissant, comme ses pairs, à la déchristianisation méthodique de notre patrie française. Il est probablement contrarié par l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution de la Ve République. Mais il est certainement soulagé de constater que la CEF n’est pas accusée d’avoir pesé dans le débat, car nous ne sommes plus en Chrétienté. Quelques larmes de crocodile pour la forme, et le tour est joué, en attendant la rétribution du silence. Il n’y a plus de Chrétienté, c’est vrai, dès lors que l’Eglise conciliaire s’est employée à la saborder. Mais l’Histoire ne s’arrête pas là. Sous le pont Mirabeau, coule la Seine, et le sang innocent, et la démocratie chère à Robert Badinter et aux Évêques français. Sous la plume d’Apollinaire, la joie venait toujours après la peine. Et c’est dans la liesse républicaine que la démocratie a été sacrifiée. Mais ces bacchanales ne concernent pas les catholiques. C’est la Croix Rédemptrice qui sauvent ceux qui la portent à la suite du Christ. Le sang innocent crie justice devant Dieu, et l’obtiendra de Dieu. Quant aux bourreaux, à leurs complices, à la démocratie, vae victis !”
Dr. Philippe de Labriolle
Psychiatre Honoraire des Hôpitaux