Dans son dernier numéro Catholica (n°158, Hiver-Printemps 2024) évoque notamment le Synode sur la synodalité avec un article du Père Serafino Lanzetta… et une interview sur ce même thème de Mgr Rob Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc (Pays-Bas) dont nous avions rapporté les propos au sujet du Motu Proprio qui évoque lui aussi le synode :
Nous sommes justement passés d’un synode sur la synodalité à un synode sur l’avenir de l’Église. Que signifie ce changement d’intitulé ? Est-il pensable que l’on puisse considérer comme inspirations de l’Esprit-Saint les exigences de l’opinion publique et de ceux qui la façonnent, y compris lorsqu’elles contredisent de manière formelle la Révélation ?
Le terme « synodalité » apparaît régulièrement dans le texte. Le salut des âmes n’est pas du tout mentionné. Que tout cela soit suscité par l’Esprit-Saint peut presque être qualifié de blasphématoire. Que la doctrine de l’Église catholique se déploie dans la continuité du passé est une notion que de nombreux participants n’ont pas saisie, eux qui ont plaidé pour un changement de paradigme. Il s’agit donc désormais d’un synode sur l’avenir de l’Église. Il est fait référence au concile Vatican II comme si l’Esprit-Saint ne s’était réveillé qu’à ce moment-là. La Tradition et le magistère qui l’ont précédé sont voués à la mise au rebut. Les temps changent et appelleraient une nouvelle articulation des anciennes vérités.
Le fait que le monde sécularisé contemporain n’accepte pas ces vérités n’est en rien une raison pour les adapter à ses propres vues. Vous pouvez vouloir être pertinent, mais si cela se fait au détriment de votre identité, vous vous rendez superflu et donc non pertinent. Ne sommes-nous plus préoccupés par le salut des gens ? Ne voulons-nous plus appeler le péché «péché» ? C’est inimaginable, pourtant cela semble être le cas. Ce n’est pas de la miséricorde, mais un manque de charité.
La raison pour laquelle certains groupes ne se sentent pas les bienvenus dans l’Église n’est généralement pas qu’ils ne sont pas les bienvenus – je ne connais aucune paroisse où ils ne le sont pas – mais c’est plutôt que l’Église leur demande de changer leur mode de vie, comme cela, soit dit en passant, est demandé à tous les fidèles. Les changements souhaités incompatibles avec la vérité révélée ne sont pas une option.
Notre foi est une foi révélée ; nous ne l’inventons pas nous-mêmes. Ce qui a été révélé, c’est cela que nous transmettons. L’Évangile est effectivement pour tous (« todos, todos, todos »), mais le processus synodal suggère que chacun est le bienvenu à ses propres conditions. C’est cette ambiguïté qui crée une énorme confusion.
D’un côté, on dit qu’on ne veut pas changer la doctrine de l’Église, mais en même temps on approuve ce qui va à l’encontre de cette doctrine dans la pratique. D’ailleurs, que vient faire l’Église si l’on croit que l’on n’est pas un pécheur ?