Mgr Dominique Rey a été interrogé par Jean-Marie Guénois pour Le Figaro. Extraits :
Je me réjouis que le pape ait retenu cette proposition. Je connais les qualités pastorales de Mgr Touvet et je sais aussi, comme il me l’a clairement exprimé, son désir que nous puissions coopérer fraternellement, au service et pour le bien du diocèse de Fréjus – Toulon . Comme coadjuteur, Mgr Touvet s’investira en particulier autour des missions spécifiées par le pape, dans les domaines de l’administration, de la gestion du clergé, de la formation des prêtres et des séminaristes, du suivi des communautés présentes dans le diocèse. Lorsque prendra fin ma charge épiscopale, il sera appelé à me succéder.
La formule choisie et l’ évêque pressenti permettront-ils de poursuivre vos intuitions pastorales ?
J ‘avais suggéré aux congrégations romaines la nomination d’un évêque qui pourrait œuvrer à mes côtés afin de pallier certaines insuffisances et corriger certaines erreurs de discernement. Cette décision du St Père me semble positive pour le bien du diocèse : elle assure à la fois une vraie continuité et une opportunité d’amélioration de sa gouvernance. Mgr Touvet devrait se retrouver sans difficulté dans la vision pastorale mise en œuvre dans le diocèse qui s’énonce ainsi : «une communion missionnaire à bâtir ensemble».
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Une dizaine de séminaristes sont en attente d’ordination diaconale ou sacerdotale depuis plus d’un an et demi. Mgr Touvet sera particulièrement chargé du suivi de ce dossier sensible. Ce qui devrait permettre à ce que dans les mois à venir, et en lien avec la Congrégation du clergé, on puisse enfin procéder aux ordinations. Cette suspension a été une grande épreuve pour les séminaristes en attente. Aux yeux de nombreux fidèles, il y avait là une forme d’injustice et de pression qui a suscité beaucoup d’incompréhension. J’admire la confiance, l’humilité, le courage et la persévérance avec lesquels les séminaristes ont traversé ce temps, soutenus par leurs formateurs.
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Comment relisez-vous ce que l’on a pu vous reprocher ?
En 23 années d’épiscopat, je ne peux revendiquer d’avoir tout réussi. En même temps, qui ne fait rien, ne risque rien. J ‘ai clairement fait le choix d’engager notre diocèse sur le chemin de la transformation missionnaire en accueillant et en accompagnant de nombreuses initiatives, et en portant une parole libre, fidèle à l’Évangile, dans un contexte sociétal de perte de repères, de sens, de transcendance et de fraternité.
Que voudriez-vous voir préserver de vos intuitions pastorales ?
Il me semble essentiel de sortir des étiquettes qui casent et enferment les catholiques selon des sensibilités. L’Esprit Saint souffle et s’exprime par des voix variées. J’ai à cœur que tout le monde trouve sa place dans notre diocèse. Le monde nous attend sur notre capacité à témoigner ensemble de notre foi dans une société fractionnée par l’individualisme ou le communautarisme. L’Église existe pour ce qui n’est pas encore l’Église. Le christianisme se trouve devant nous. L’évangélisation passe par une présence vivante de l’Église grâce à des laïcs engagés, des prêtres vrais pasteurs d’âmes, et des communautés rayonnantes de foi et de charité. L’Église doit également soutenir et accompagner les nouvelles générations de jeunes motivés et engagés qui nous invitent à garder le cap, et à devenir des témoins audacieux et joyeux de la foi chrétienne. En devenant prêtre, il y a bientôt 40 ans, je n’avais qu’un seul désir : donner ma vie au service de l’Église et pour l’évangélisation qui est l’ADN de l’Église. Je cultive ce même désir encore aujourd’hui. […]