Quelques heures après l’annonce de sa destitution, Mgr Strickland a été interrogé dans un entretien vidéo en ligne avec John-Henry Westen du site catholique pro-vie LifeSiteNews. Il a notamment déclaré que le diocèse (50 paroisses, 130 000 fidèles) se porte bien, est en bonne santé financière et compte de nombreux séminaristes.
Lorsqu’il demande à Mgr Strickland pourquoi il a été écarté, il répond :
“La seule réponse que j’ai est qu’il y a des forces dans l’Église, aujourd’hui, qui ne veulent pas de la vérité de l’Évangile, ils veulent la changer, ils veulent l’ignorer, ils veulent se débarrasser de la Vérité, mais la Vérité ne disparaît pas parce que la Vérité, c’est Jésus-Christ.”
S’il est certain que le pape François est le seul à détenir l’autorité du souverain pontife, Mgr Strickland prévient que de nombreuses forces travaillent autour de lui et l’influencent pour qu’il prenne ce genre de décisions. Nous prions donc pour lui, en tant qu’enfant de Dieu et dans son rôle de souverain pontife.
“Nous devons nous rappeler que des forces énormes et puissantes sont à l’œuvre dans le monde. Saint Paul nous rappelle : ‘Nous ne luttons pas contre des êtres humains, de la chair et du sang, mais contre les puissances et les principautés du mal’. C’est une affirmation assez forte, mais je pense qu’elle est vraie. C’est une réalité. Le mal ne veut pas de la vérité de Jésus-Christ”.
“Il y a des gens dans l’Église qui, au lieu de se glorifier de la foi du Christ, veulent effacer des parties importantes de l’Écriture, en disant ‘ils se sont trompés’ ou ‘nous pouvons simplement l’ignorer’. Les saints, pendant deux mille ans, ne se sont pas “trompés”. La doctrine, leur compréhension, se développe, mais dans le sens d’un approfondissement, pas d’une inversion de direction. Mais il y a des forces qui veulent changer cette direction, changer les enseignements moraux, restructurer complètement l’Église”.
Il dit qu’il y a beaucoup de belles églises qui sont construites aujourd’hui (au moins aux États-Unis) :
“Mais quand j’étais au séminaire, on ne construisait pas de belles églises, on construisait des bâtiments expérimentaux, dont beaucoup sont aujourd’hui en train d’être démolis. Il me semble que c’est une métaphore de ce qui se passe actuellement, quand on veut construire ce que le monde demande”.
“Ce que je trouve inquiétant et sans précédent dans mon expérience, c’est que des personnes à l’intérieur de l’Église veulent changer l’Église pour rejeter des vérités fondamentales”.
Bien qu’il y ait eu des rumeurs de mauvaise gestion dans le diocèse, aucune autorité du Vatican n’a précisé en quoi elles consistaient. Mgr Strickland ne voit rien de significatif dans ce domaine.
“Je crois sincèrement que le diocèse de Tyler que j’ai servi jusqu’à il y a quelques heures, béni par de nombreux séminaristes, forts, qui peuvent être de merveilleux époux ou de merveilleux pères spirituels en tant que prêtres, financièrement forts, en raison de la formidable générosité des gens, je pense qu’il est en bonne forme, au service, avec des personnes dévouées dans la chancellerie, et des prêtres dans les paroisses. Je suis très fier des prêtres du diocèse. Je ne vois aucune raison, si ce n’est que j’ai menacé certains des pouvoirs en place avec la vérité de l’Évangile, une vérité que nous ne pouvons pas changer, qui est pérenne, éternelle et glorieuse. Et si vous voulez la changer, je suis un problème”.
“Le pape est celui qui prend les décisions. C’est un homme, juste un homme. Aucun d’entre nous n’a de super-pouvoirs. Nous avons le don du Saint-Esprit qui nous guide si nous ouvrons notre cœur. Mais il y a des forces que nous devons reconnaître, derrière, qui poussent à cette révocation”.
“Je suis très croyant”. “Ces deux images derrière moi, le Sacré-Cœur et le Cœur Immaculé de Marie, sont des piliers de l’Église en ces temps, et des piliers pour moi à bien des égards. Je m’encourage et j’encourage les autres à prier plus profondément que jamais. Priez pour le pape François, priez pour l’Église, priez pour le monde. J’apprécie certainement les prières, et j’en ai besoin. Et priez pour le diocèse de Tyler, pour les nombreuses vies qui sont bouleversées par cette situation. J’encourage les gens à ne pas s’éloigner de l’Église ; nous formons un seul corps, le corps mystique du Christ.
“Je suis heureux de rester un successeur des apôtres dans toute sa réalité. J’essaie de l’affronter avec humilité. Saint Jean-Baptiste a toujours été un modèle pour moi : le Seigneur doit croître et je dois décroître. Priez pour que tous ceux qui sont confus, en colère, avec des émotions négatives, laissent cela derrière eux, en sachant que Jésus-Christ est la vérité incarnée”.
À la question de savoir où il va vivre ou ce qu’il va faire, il répond que
“cela peut sembler un peu piétiste, mais la vérité est que je ne sais pas ce que demain me réserve et que je suis entre les mains de Dieu, comme nous le sommes tous. Mais je sais que le Seigneur est avec moi, je connais la force de son amour et je sens la force de la prière”.
Il insiste pour demander aux gens,
“comme j’ai entendu l’évêque Athanasius Schneider le demander, de prier plus que jamais pour le Pape François, pour le Vatican, avec son immense responsabilité de guider l’Église à notre époque”. “Il a besoin de nos prières. Je sais que nous sommes confus, parfois en colère, mais transformez cela en prière d’intercession, en particulier par l’intermédiaire de la Vierge Marie Immaculée, notre plus puissant intercesseur.”
Deux évêques américains ont rendu une visite apostolique à M. Strickland au cours de l’été, puis Rome lui a proposé de présenter sa démission. Mais M. Strickland a refusé de le faire de son plein gré.
“J’ai dit que je ne pouvais pas, de mon plein gré, quitter le troupeau qui m’avait été confié [par Benoît XVI en 2012], mais le pape François a l’autorité de me retirer de cette charge, et il a choisi de le faire. Je dois respecter cela. Je ne suis plus l’évêque de Tyler. Je dois maintenant réfléchir à ce que je suis, en tant que successeur des apôtres, sans diocèse local dont je dois m’occuper”.
Plus loin dans l’interview, il compare sa situation, dans une certaine mesure, à celle de l’apôtre Jean au pied de la Croix, le seul à y être resté.
“À bien des égards, le corps mystique du Christ, qui est l’Église, vit aujourd’hui une passion. Les forces du monde, dans l’Église et à l’extérieur, beaucoup de gens, disent : ‘nous allons enfin éliminer l’Église catholique'”.
“Je dois continuer à proclamer la vérité, avec joie et espoir, avec humour, je l’espère, à l’extérieur, avec la lumière du Christ qui me guide”.
Il insiste sur la clé de son licenciement :
“Je menaçais ceux qui voulaient changer la vérité, et ils n’y parviendront pas, la vérité ne change pas, les Ecritures nous le disent”. Ceux qui veulent changer la doctrine peuvent réussir brièvement, “pour un jour”, mais quand le jour est passé, “la vérité prévaut”.
En ce qui concerne le pape, il ajoute qu’
“en tant qu’évêque, il est un frère aîné, et nous avons l’obligation de prier pour lui, pour que la foi s’approfondisse en lui. J’ai eu deux grands frères, et parfois c’est difficile, parce que vous pouvez vous mettre en colère, avoir toutes les émotions humaines, mais ensuite vous vous rappelez qui nous sommes. Nous sommes l’Église, le corps mystique du Christ, et le pape François est la tête de ce corps sur terre, représentant le Christ”.
“Il y a une confusion apparente ou un manque d’acceptation de la vérité de la part d’un frère plus âgé. Nous avons l’obligation, par amour, de prier patiemment et toujours avec respect, mais avec clarté et charité, et d’appeler les frères, les plus âgés, les plus jeunes, tous les membres de l’Église, à une foi plus profonde et à embrasser la vérité qui nous interpelle. C’est pourquoi je demande à tous de prier plus profondément”.
“Il faut reconnaître que l’Église traverse cette énorme tourmente alors que le monde est en proie à deux guerres majeures, qui pourraient même s’aggraver à tout moment, que de nombreuses personnes meurent et souffrent, et que l’Église, dans la tourmente, n’est pas aussi forte qu’elle devrait l’être, apportant la lumière du Christ au monde. Nous avons tous l’obligation, en tant que catholiques fidèles, d’être plus fidèles que jamais, de ne pas nous laisser repousser”.
WATCH: My exclusive interview with Bishop Strickland, where I ask him all the questions on everyone’s heart in the midst of his unjust cancellation.
Pray for this good Bishop. #IstandwithBishopStrickland pic.twitter.com/G1TaPO0c4P
— John-Henry Westen (@JhWesten) November 12, 2023