Un après sa nomination, Mgr Delarbre, évêque d’Aix et d’Arles – ce diocèse englobe depuis 1822 trois quarts des Bouches-du-Rhône à l’exception notable de Marseille – dresse le bilan d’un an d’épiscopat en faisant l’éloge de la Foi populaire et de la Tradition provençale, ainsi que de l’accueil des migrants.
“À l’issue de cette première année d’épiscopat dans notre diocèse d’Aix et Arles, ayant gravi la Montagne Sainte-Victoire, du pied de la Croix de Provence, je contemple désormais les vastes paysages qui s’étendent à perte de vue d’un autre œil que l’an passé. Le beau panorama que je découvrais alors à la même époque parle un nouveau langage, le langage de toutes ces voix entendues, tandis que montent à ma mémoire et en ma prière combien de visages, de rencontres, de lieux visités. Je puis maintenant faire du regard ce tour d’horizon et deviner dans la brume lumineuse du lointain, ceux et celles qui y vivent et que j’ai eu la grâce de connaître ou de croiser.
Parmi toutes les rencontres de cette année, je fais mémoire avec grande joie des hommes et des femmes, jeunes ou vieux, attachés aux traditions provençales dans leurs diverses formes. J’ai été frappé par la vivacité de ces traditions, par l’antiquité de certaines formes culturelles, par la vive expression de religiosité populaire, par la jeunesse des participants et leur diversité d’origines.
Je suis heureux d’encourager les séminaristes à prendre des cours de provençal, les pasteurs et les équipes pastorales à participer avec joie et bonheur aux nombreuses manifestations populaires auxquelles ils sont invités, à favoriser les diverses formes de religion populaire, à accompagner et promouvoir ces diverses dévotions où la foi chrétienne du peuple a trouvé à s’exprimer pendant des générations et continue de trouver là une populaire forme de transmission.
L’autre grande grâce de rencontre a été celle des nombreux catéchumènes et confirmands adultes dont j’ai précieusement recueilli les témoignages de conversion, leur découverte de l’Evangile. Je reçois cela comme un signe du Seigneur. Non pas que les catéchumènes vont remplir nos églises à eux seuls, mais par eux, le Seigneur nous dit : « Voyez, je suis à l’œuvre au milieu de vous, alors courage ! » De même, l’accueil dans nos communautés de catholiques issus de la migration est une grâce et un enjeu essentiel. Des rencontres à Istres, Tarascon, Marignane, remontent à ma mémoire comme une vive illustration de la grâce de l’Evangile et de la puissance de la Croix du Christ, lui qui a brisé le mur de la haine, de sorte que saint Paul peut écrire : « Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu » (Ep 2,19).
C’est là encore un signe d’espérance en la vitalité de l’Evangile qui parle à toute personne de par le monde. Nous recevons en nos communautés les fruits lointains des missionnaires partis autrefois de notre terre, comme saint Laurent Imbert ou les prêtres de saint Eugène de Mazenod. Déjà, ils viennent rajeunir nos communautés, leur apporter leur dynamisme, leur expérience humaine, spirituelle et ecclésiale et, faut-il le souligner, ils représentent une part non négligeable des vocations sacerdotales du diocèse !
De ces trois réalités que je souligne, à l’issue de cette première année d’épiscopat, monte une puissante espérance. Notre monde ne cesse de changer profondément et cela est par bien des aspects effrayant et redoutable. Ces changements semblent même s’accélérer entre les effets de la crise climatique, les nouveaux conflits et leurs répercussions économiques, sociales, migratoires. Or, c’est bien en ces moments-là qu’il faut accueillir l’Espérance qui vient du Seigneur ! L’Espérance ne sert pas pour les jours faciles et les temps calmes. Elle est l’Espérance héroïque[1] dont Bernanos parlait au cœur des ténèbres de la seconde guerre mondiale, elle est aussi la petite Espérance de Péguy, sans lesquelles notre foi et notre charité ne seraient rien[2].
La Croix de Provence, sur le sommet de la Montagne Sainte-Victoire dessine ainsi entre ciel et terre le signe de l’Espérance qui nous vient du Christ vivant, que je suis heureux et fier d’être amené à servir au milieu de vous, comptant sur votre prière quotidienne pour notre diocèse, ses prêtres et diacres, religieuses et fidèles, ses vocations chrétiennes, et en dernier, sur ma pauvre personne.
Mgr Christian Delarbre, Archevêque d’Aix et Arles
Aix, le 21 octobre 2023
[1] L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. (…) Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance » Georges Bernanos, Conférence aux étudiants brésiliens, Rio de Janeiro (22 décembre 1944)
[2] « La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle. (…) Que c’est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs. Et que sans elle elles ne seraient rien. Que deux femmes déjà âgées. Deux femmes d’un certain âge. Fripées par la vie. C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. Car la Foi ne voit que ce qui est. Et elle, elle voit ce qui sera. La Charité n’aime que ce qui est. Et elle, elle aime ce qui sera. » Charles Péguy, Le Porche du Mystère de la deuxième Vertu », 1912
Mine de rien un diocèse qui bouge avec beaucoup de vocation. En ajoutant Marseille cela fait un département très vivant !
Celui qui était perçu comme un progressiste serait il en train de virer au centre ?
Crise climatique et patati et patata …
Qui sont-ils pour cataloguer ainsi la Foi de « populaire » ?
Eux, dont certains, certes pas tous, auront participer à la perte de la pratique et à la « destruction » de l’église …..
Des séminaristes sachant parler le provençal mais ignorant tout du latin ,langue de l’Eglise universelle, ceci dit revenir à la foi populaire de nos ancêtres est une bonne chose pour mener les âmes au bon Dieu !
monseigneur ferait mieux d’encourager les séminaristes à apprendre le latin que le provencal.
j”ai eu vu, une procession pour la SEMAINE SAINTE, très religieuse et prières de toujours, mais c”était un de ses curés et pas lui.
Bien sûr que le peuple recherche une foi sainte et pas moderniste, mais souvent, on leur offre autre chose, au dernier moment.
il parle, il parle , il parle, mais nous sommes trop loin pour vérifier ses paroles et ses actes.