Le pape a publié le 1er novembre un nouveau Motu Proprio (encore !) intitulé Ad theologiam promovendam, afin de réorganiser l’Académie pontificale de théologie. Rome n’en a publié que le texte italien. En voici une traduction libre, dans laquelle on découvre que le pape revisite la théologie. A chacun de se demander comment ce texte s’articule avec la grande encyclique de Jean-Paul II, Veritatis Splendor…
Sur internet, l’abbé Clément Barré, prêtre du diocèse de Bordeaux, estime qu’il s’agit là de théologie contextuelle :
Le 1 novembre, le Pape François a promulgué le Motu proprio « Ad theologiam promovendam » instituant lesnouveaux statuts de l’Académie pontificale de Théologie. Ce texte est l’occasion pour le Saint Père d’exprimer savision de la place de la réflexion théologique l’Eglise. Pour le Pape, « La réflexion théologique est appelée à untournant, un changement de paradigme, une « courageuse révolution culturelle [1]» qui l’engage, avant tout, à être unethéologie fondamentalement contextuelle, capable de lire et d’interpréter l’Evangile dans les conditions dans lesquellesvivent quotidiennement les hommes et les femmes »[2].
Ce terme de théologie contextuelle n’est pas une invention du pape François, c’est un courant de la réflexion théologique contemporaine qui se développe à la suite du Concile Vatican II. La théologie contextuelle cherche àaccomplir l’ambition du Concile de « s’interroger sur le rapport entre l’Eglise et sa foi, d’une part, et l’homme et lemonde d’aujourd’hui, d’autre part[3] ». Pour comprendre de quoi parle le pape, il est bon de s’interroger sur ce qu’est une théologie contextuelle, quelles en sont les caractéristiques et la méthodologie.
1. Définition
On appelle « théologie contextuelle » une réflexion théologique qui s’élabore dans un contexte particulier et désir porterun discours sur ce même contexte. Les théologies contextuelles « sont en quête du sens du révélé chrétien pourl’homme d’aujourd’hui ; elles accordent une attention particulière au contexte, qui influe aussi bien sur la perceptiond’un contenu que sur la manière dont ce dernier est exprimé [4]»
D’une part le contexte est considéré en ce qu’il influe la réception de la Révélation, c’est-à-dire que la théologie ne peutse faire sans considérer la situation concrète de celui qui pense et de tous les hommes qui l’entourent.
D’autre part, la théologie contextuelle entend également considérer le contexte en ce qu’il influe l’expression de cette Révélation.
2. Caractéristiques
i. Une théologie non européenne
Si on peut voir des préparations de la théologie contextuelle chez certains auteurs européens ou dans le magistère du concile Vatican II (notamment la constitution Gaudium et Spes), c’est essentiellement en milieu non européen que se développe cette théologie.
La caractéristique géographique a ici une grande importance. Les théologies contextuelles se développent principalement en Amérique du Nord et latine, en Afrique, en Asie… Dans leur genèse, elles se présentent comme l’appréhension de la révélation à partir d’une réalité et d’une culture non européenne. C’est une forme d’inculturation qui refuse la prétention universaliste de la théologie classique et la renvoie au rang d’une appréciation européenne, occidentale, et donc elle-même contextuelle, de la révélation.
ii. Une théologie marquée par l’apport sciences humaines
Il n’est pas nouveau que la théologie puise dans d’autres disciplines les outils de sa réflexion. Ainsi la philosophie, lascience historique voire les sciences naturelles sont de précieux secours pour le travail du théologien.
L’originalité des théologies contextuelles est d’être radicalement dépendantes d’autre disciplines et particulièrement dessciences humaines. En effet l’appréhension du contexte, nécessaire à toutes théologies contextuelles, se faitessentiellement par le prisme des sciences humaines : sociologie, histoire, économie, sciences politiques etc… Ainsi,dans le cadre des théologies contextuelles ces disciplines ne sont pas ancilla theologiae, mais elles sont la matièrepremière du travail du théologien. Elles deviennent l’objet d’étude de la théologie avec le risque d’en devenir lesmaîtresses.
iii. Une théologie herméneutique.
« La théologie [contextuelle] est herméneutique dans la mesure où elle n’a pas seulement comme tâche d’exposer la vérité objective de la révélation divine mais de comprendre ce qui peut être dit et communiqué à l’homme aujourd’hui sur la base de cette révélation. Elle ne se contentera donc pas de connaître la vérité objective des énoncésdogmatiques, mais elle dégagera leur sens pour aujourd’hui [5]»
iv. Une praxis et une politique
La finalité des théologies contextuelles n’est pas contemplative, elle est pratique. Elles ont pour but d’incarner la foidans un contexte particulier : « Le fait de partir du contexte représente un tournant radical pour la théologie. Celasignifie rechercher dans l’histoire de Jésus, dans sa praxis, une orientation capable d’apporter une réponse auxproblèmes vitaux que le monde contemporain pose aux individus et à la société [6]»
Cependant si elles sont une praxis, les théologies contextuelles ne sont pas pour autant des théologies morales àproprement parler, pour deux raisons : la première est que la théologie morale est finalisée par la sainteté du sujet, la vieéternelle, la finalité est transcendante alors que les théologies contextuelles ont une finalité immanente, elles visent latransformation du réel. La seconde est que la théologie morale a la personne pour sujet, dans les théologiescontextuelles le sujet est collectif : la communauté, la société etc… En cela sa visée est généralement politique (au senstechnique).
3. Méthodologie
Dans sa méthodologie, la théologie contextuelle opère en trois temps : contextualisation ; décontextualisation ;recontextualisation.
– La contextualisation : c’est partir du contexte que l’on entend analyser en faisant de l’homme, de sa destinée, de soncadre de vie… des données fondamentales de la théologie. C’est une écoute attentive et compréhensive des problèmes,des aspirations, des désirs et des combats de l’homme pour y déceler les signes des temps, l’œuvre de l’Esprit…
– La décontextualisation c’est l’effort nécessaire d’abstraction du contexte pour élargir l’horizon de la réflexion : onélargit aux autres contextes. Le contexte principal auquel il convient d’élargir est celui de la révélation biblique et de latradition ecclésiale mais il n’est pas le seul pour celui qui fait la théologie contextuelle, il faut aussi prendre en comptele contexte de l’œcuménisme, du dialogue inter religieux, des autres cultures etc… « Une culture ne peut jamaisdevenir le critère de jugement et encore moins le critère ultime de vérité [7]»[8]
– La recontextualisation c’est le retour au contexte premier, enrichi par les lumières récoltées lors de la « phase » dedécontextualisation pour transformer ce contexte, le faire progresser vers plus de « justice » et de « vérité ». C’est ladimension pratique et politique des théologies contextuelles.
« La réflexion part donc de la situation du peuple perçue comme un lieu théologique, c’est-à-dire comme un lieu oùs’opère la rencontre salvifique entre l’homme et Dieu dans le Christ, comme un lieu où hic et nunc, se déroule lemystère du Salut, l’expérience du Salut éclairé par la lumière de la mémoire chrétienne (Ecriture Sainte, tradition etMagistère de l’Eglise). Enrichie par l’expérience d’autres contextes, la réflexion théologique ne se dissipe pas dans unespéculation éthérée. Au contraire, elle débouche sur une nouvelle action cheminant sans cesse vers plus de « vérité » etde de « justice » dans les relations entre les hommes et avec Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ et le Père detous. [9]»
[1] Pape François, Lettre encyclique Laudato Si sur la Sauvegarde de la maison commune, n°114, 2015 [2] Papefrançois, Lettre en forme de Motu Proprio « Ad théologiam promovendam », n°4, 01/11/2023 [3] Benoit XVI, Discoursà la Curie Romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël, 22/12/2005 [4] Léonard SANTEDI KINKUPU,Quelques déplacements récents dans la pratique des théologies contextuelles – l’inculturation comme orthopraxischrétienne et l’inventivité, Revue Théologique de Louvain, 34, 2003, p. 155 [5] Idem. p.157 [6] Idem p. 162 [7] S. JeanPaul II, Lettre encyclique Fides et Ratio sur le rapport entre la foi et la raison, n°71, cité par P. Léonard SANTEDIKINPUKU, idem p. 165 [8] Notons ici le paradoxe, on refuse de faire du contexte le juge de la foi ce qui sembleredonner toute sa place au texte biblique et à la tradition, et cependant la Révélation est renvoyé à n’être qu’un contexteparmi d’autre. A la page 165 le P. Santedi écrit : « Les théologies contextuelle ne peuvent donc pas se priver de lalumière de l’Evangile et de la tradition », la nécessité de ce rappelle nous paraît lourd de sens pour la théologiecontextuelle. [9] Idem. p. 168
Voici donc une traduction de ce motu proprio :
1. Promouvoir la théologie dans l’avenir ne peut se limiter à reproposer abstraitement des formules et des schémas du passé. Appelée à interpréter prophétiquement le présent et à discerner de nouveaux itinéraires pour l’avenir, à la lumière de la Révélation, la théologie devra affronter de profondes transformations culturelles, consciente que “ce que nous vivons n’est pas simplement une époque de changement, mais un changement d’époque” (Discours à l’Assemblée générale des Nations Unies) : “Ce que nous vivons n’est pas seulement un âge de changement, mais un changement d’époque” (Discours à la Curie romaine, 21 décembre 2013).
2. L’Académie pontificale de théologie, fondée au début du XVIIIe siècle sous les auspices de mon prédécesseur Clément XI et instituée canoniquement par lui avec le bref Inscrutabili le 23 avril 1718, a constamment incarné, au cours de ses siècles d’existence, la nécessité de mettre la théologie au service de l’Église et du monde, en modifiant sa structure et en élargissant ses objectifs lorsque cela s’avérait nécessaire : d’un lieu initial de formation théologique des ecclésiastiques dans un contexte où d’autres institutions faisaient défaut et n’étaient pas adaptées à cette fin, à un groupe d’érudits appelés à étudier et à approfondir des thèmes théologiques d’une importance particulière. La mise à jour des Statuts, voulue par mes prédécesseurs, a marqué et favorisé ce processus : on pense aux Statuts approuvés par Grégoire XVI le 26 août 1838 et à ceux approuvés par saint Jean-Paul II avec la Lettre apostolique Inter munera Academiarum du 28 janvier 1999.
3. Après presque cinq ans, le moment est venu de réviser ces normes, pour les rendre plus adaptées à la mission que notre temps impose à la théologie. Une Église synodale, missionnaire et “sortante” ne peut correspondre qu’à une théologie “sortante”. Comme je l’ai écrit dans ma Lettre au Grand Chancelier de l’Université catholique d’Argentine, adressée aux professeurs et aux étudiants en théologie : “Ne vous contentez pas d’une théologie à table. Que votre lieu de réflexion soit les frontières. [Les bons théologiens, comme les bons pasteurs, sentent le peuple et la rue et, par leur réflexion, versent de l’huile et du vin sur les blessures des hommes”. Toutefois, l’ouverture au monde, à l’homme dans le concret de sa situation existentielle, avec ses problèmes, ses blessures, ses défis et ses potentialités, ne peut se réduire à une attitude “tactique”, adaptant de manière extrinsèque des contenus désormais cristallisés à de nouvelles situations, mais doit pousser la théologie à une refonte épistémologique et méthodologique, comme l’indique le Proème de la Constitution apostolique Veritatis gaudium.
4. La réflexion théologique est donc appelée à un tournant, à un changement de paradigme, à une “révolution culturelle courageuse” (Lettre encyclique Laudato si’, 114) qui l’engage, avant tout, à être une théologie fondamentalement contextuelle, capable de lire et d’interpréter l’Évangile dans les conditions dans lesquelles les hommes et les femmes vivent quotidiennement, dans des environnements géographiques, sociaux et culturels différents, et ayant comme archétype l’Incarnation du Logos éternel, son entrée dans la culture, la vision du monde et la tradition religieuse d’un peuple. À partir de là, la théologie ne peut que se développer en une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions, se confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants. Le besoin de dialogue est en effet intrinsèque à l’être humain et à toute la création, et c’est la tâche particulière de la théologie de découvrir “l’empreinte trinitaire qui fait du cosmos dans lequel nous vivons “un tissu de relations” dans lequel “il est propre à tout être vivant de tendre vers une autre chose”” (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proem, 4a).
5. Cette dimension relationnelle connote et définit, d’un point de vue épistémique, le statut de la théologie, qui est poussée à ne pas s’enfermer dans l’autoréférentialité, qui conduit à l’isolement et à l’insignifiance, mais à se percevoir comme insérée dans un réseau de relations, en premier lieu avec d’autres disciplines et d’autres savoirs. C’est l’approche de la transdisciplinarité, c’est-à-dire de l’interdisciplinarité au sens fort, par opposition à la multidisciplinarité, entendue comme interdisciplinarité au sens faible. Cette dernière favorise certes une meilleure compréhension de l’objet d’étude en le considérant de plusieurs points de vue, qui restent néanmoins complémentaires et séparés. La transdisciplinarité doit au contraire être pensée “comme la collocation et la fermentation de tous les savoirs dans l’espace de Lumière et de Vie offert par la Sagesse qui émane de la Révélation de Dieu” (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proem, 4c). D’où la tâche ardue pour la théologie d’être capable d’utiliser de nouvelles catégories élaborées par d’autres savoirs, afin de pénétrer et de communiquer les vérités de la foi et de transmettre l’enseignement de Jésus dans les langages d’aujourd’hui, avec originalité et conscience critique.
6. Le dialogue avec les autres savoirs présuppose évidemment le dialogue au sein de la communauté ecclésiale et la prise de conscience de la dimension synodale et communautaire essentielle de l’exercice de la théologie : le théologien ne peut que vivre la fraternité et la communion en première personne, au service de l’évangélisation et pour rejoindre le cœur de tous. Comme je l’ai dit aux théologiens dans le discours aux membres de la Commission théologique internationale, le 24 novembre 2022 : “La synodalité ecclésiale engage donc les théologiens à faire de la théologie sous une forme synodale, en promouvant entre eux la capacité d’écouter, de dialoguer, de discerner et d’intégrer la multiplicité et la variété des instances et des contributions. Il est donc important qu’il y ait des lieux, y compris institutionnels, où l’on puisse vivre et expérimenter la collégialité et la fraternité théologiques.
7. Enfin, l’attention nécessaire au statut scientifique de la théologie ne doit pas occulter sa dimension sapientielle, comme l’a déjà clairement affirmé saint Thomas d’Aquin (cf. Summa theologiae I, q. 1, a. 6). C’est pourquoi le bienheureux Antonio Rosmini considérait la théologie comme une expression sublime de la “charité intellectuelle”, tout en demandant que la raison critique de toute connaissance soit orientée vers l’Idée de Sagesse. Or, l’Idée de Sagesse tient intérieurement la Vérité et la Charité ensemble dans un “cercle solide”, de sorte qu’il est impossible de connaître la vérité sans pratiquer la charité : “parce que l’une est dans l’autre et qu’aucune des deux ne se trouve en dehors de l’autre. C’est pourquoi celui qui a cette Vérité a avec elle la Charité qui l’accomplit, et celui qui a cette Charité a la Vérité accomplie” (cf. Études de l’auteur, n. 100-111). La raison scientifique doit élargir ses frontières en direction de la sagesse, sous peine de se déshumaniser et de s’appauvrir. De cette façon, la théologie peut contribuer au débat actuel de “repenser la pensée”, en se montrant une véritable connaissance critique dans la mesure où elle est une connaissance sapientielle, non pas abstraite et idéologique, mais spirituelle, élaborée à genoux, imprégnée d’adoration et de prière ; une connaissance transcendante et, en même temps, attentive à la voix du peuple, donc une théologie “populaire”, s’adressant avec miséricorde aux plaies ouvertes de l’humanité et de la création et dans les plis de l’histoire humaine, à laquelle elle prophétise l’espérance d’un accomplissement ultime.
8. Il s’agit de l'”empreinte” pastorale que doit assumer la théologie dans son ensemble, et pas seulement dans un domaine particulier : sans opposer théorie et pratique, la réflexion théologique est invitée à se développer avec une méthode inductive, qui part des différents contextes et des situations concrètes dans lesquelles les personnes sont insérées, en se laissant sérieusement interpeller par la réalité, pour devenir discernement des “signes des temps” dans l’annonce de l’événement salvifique du Dieu-agapè, communiqué en Jésus-Christ. Il faut donc privilégier avant tout la connaissance du sens commun des gens, qui est en fait le lieu théologique où résident tant d’images de Dieu, qui souvent ne correspondent pas au visage chrétien de Dieu, qui n’est qu’amour et qui l’est toujours. La théologie est au service de l’évangélisation de l’Église et de la transmission de la foi, afin que la foi devienne culture, c’est-à-dire l’éthique sage du peuple de Dieu, une proposition de beauté humaine et humanisante pour tous.
9. Face à cette mission renouvelée de la théologie, l’Académie Pontificale de Théologie est appelée à développer, dans une attention constante à la scientificité de la réflexion théologique, un dialogue transdisciplinaire avec d’autres savoirs scientifiques, philosophiques, humanistes et artistiques, avec des croyants et des non-croyants, avec des hommes et des femmes de différentes confessions chrétiennes et de différentes religions. Cela peut se faire en créant une communauté académique de foi et d’étude partagée, qui tisse un réseau de relations avec d’autres institutions formatives, éducatives et culturelles et qui soit capable de pénétrer, avec originalité et esprit d’imagination, dans les lieux existentiels d’élaboration des savoirs, des professions et des communautés chrétiennes.
10. Grâce aux nouveaux Statuts, l’Académie Pontificale de Théologie pourra ainsi poursuivre plus facilement les objectifs qu’exige le temps présent. En accueillant les votes qui m’ont été adressés pour approuver ces nouvelles normes et en y donnant mon assentiment, je désire que cet éminent siège du savoir puisse croître en qualité, et j’approuve donc, en vertu de la présente Lettre apostolique et à perpétuité, les Statuts de l’Académie pontificale de théologie, légitimement élaborés et nouvellement révisés, et je leur accorde la force de l’approbation apostolique.
Tout ce que j’ai décrété dans cette Lettre apostolique motu proprio donnée, je l’ordonne pour qu’il ait une force stable et durable, nonobstant toute chose contraire.
Donné à Rome, en la basilique Saint-Pierre, le 1er novembre 2023, solennité de la Toussaint, onzième jour de mon pontificat.