Le trésor de saint Gauzelin qu’abrite la cathédrale de Nancy sera bientôt doté d’un nouvel écrin pour davantage de visibilité. Actuellement enfermé dans un coffre-fort à la sacristie, cet ensemble d’orfèvrerie n’est que rarement offert à la vue du public. Le projet que conduit Françoise Hervé, chargée du patrimoine de la cathédrale (édifice et objets), veut changer la donne. Il consiste en la fabrication d’une armoire reliquaire qui permettrait de « montrer les plus belles pièces du trésor tout au long de l’année, par exemple lors des grandes fêtes chrétiennes ou lors des fêtes des saints locaux » indique Françoise Hervé.
Lancée sous l’épiscopat de Monseigneur Jean-Louis Papin, l’initiative a été poursuivie par son successeur, Monseigneur Pierre-Yves Michel. La création des deux panneaux ornant la future armoire a été confiée au célèbre sculpteur et orfèvre Goudji. Ce projet est d’ailleurs visible jusqu’au 26 novembre dans l’exposition qui lui est consacrée à la mairie du 5ème arrondissement de Paris.
Sur les deux panneaux de la future armoire on retrouvera divers symboles comme la croix de Lorraine, le lys et des fragments de marbre blanc provenant de la basilique Saint-Etienne de Jérusalem, construite à l’origine sur le lieu de la lapidation de ce saint. C’est la société Couliou qui sera en charge de la conception de l’armoire. Une souscription portée par la Fondation Sauvegarde de l’Art Français est d’ores et déjà mise en place. « Il nous manque actuellement 95000 euros pour boucler le financement » précise Françoise Hervé.
L’histoire du trésor de saint Gauzelin est liée à celle de l’abbaye bénédictine de Bouxières-aux-Dames fondée vers 935 par Gauzelin, évêque de Toul (922-962) dans le ressort de son évêché et transformée en chapitre de dames nobles au XVe siècle. Il comprend un calice, une patène, un évangéliaire dont la légende affirme qu’ils servirent à l’évêque lors de la consécration de l’église de Bouxières. Certains objets pourraient avoir été commandés par Gauzelin à l’atelier de Saint-Maximin de Trèves. Un peigne liturgique plus ancien et une bague complètent cet ensemble exceptionnel d’objets du VIe (?), IXe et Xe siècle dont la présence est inattendue dans une cathédrale érigée tardivement (1767). Transféré à plusieurs reprises à Nancy à l’époque moderne, chaque fois que des chanoinesses ont préféré la capitale ducale à la campagne voisine, puis au Grand Duché du Luxembourg à la Révolution, le trésor fut remis à la cathédrale en 1801 où il fut placé dans la chasse de saint Sigisbert. En 1878, un collectionneur anonyme fit don d’une plaque en ivoire de provenance touloise qui rejoignit l’ensemble présenté à partir de la fin du XIXe siècle dans un coffre fort à la sacristie, sans toute fois appartenir historiquement au Trésor de saint Gauzelin. On ajoute usuellement à cet ensemble un coffret en écaille de tortue de l’époque moderne. Le trésor de Nancy fit l’objet d’un des premiers classements d’objets au titre des monuments historiques, le 14 juin 1898.