L’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) en Suisse informe au sujet de l’ouverture d’une enquête canonique à l’encontre d’un de ses prêtres, déjà condamné pour détournements de fonds et cette fois accusé d’abus sexuels.
“L’abbé a été suspendu après un signalement de l’évêque du diocèse étranger dans lequel il avait officié, notait le comité de gestion de LGF lors d’une conférence de presse le 29 septembre. Le prêtre a également été dénoncé par l’évêché au Ministère public neuchâtelois. Ni son identité, ni la nature des accusations à son encontre n’ont été précisées par les responsables ad interim du diocèse.
Le procureur général neuchâtelois a confirmé à Arcinfo avoir «reçu récemment une information relative à des actes à caractère sexuel qu’un prêtre domicilié dans le canton de Neuchâtel aurait commis à l’étranger dans une période apparemment non couverte par la prescription.»
Le secrétaire de l’archidiocèse italien où était basé le prêtre a indiqué au média qu’une «procédure canonique a été lancée pour rechercher la vérité des faits et la responsabilité personnelle», à la suite du signalement reçu à l’évêché d’un abus présumé. Le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) a été informé“.
Ledit prêtre, résidant à Neuchâtel depuis un an, est accusé d’abus sexuels commis dans l’archidiocèse d’Urbino en Italie entre 2019 et 2022. Il avait été par ailleurs déjà mis à pied par l’Eglise il y a dix ans.
Schisme allemand et crise des abus en Suisse
Contrairement à la France où les autorités ecclésiastiques ont passé sous silence le second anniversaire du rapport de la CIASE et semblent être passées à d’autres sujets, les catholiques et les autorités religieuses suisses vivent à la fois une crise spirituelle avec les retombées du schisme allemand quant à la propagande LGBT et au rôle des laïcs, et une crise morale avec des révélations sur les abus commis ces dernières décennies à Zurich et ailleurs… Dans le diocèse de Bâle, une paroisse a d’ailleurs fait sécession à la mode protestante, exigeant “l’abolition du célibat des prêtres” et mettant sous séquestre l’impôt ecclésiastique, qui n’est plus reversé au diocèse.
Des evêques suisses remis en cause, y compris celui qui enquête sur eux
Un certain nombre d’évêques font l’objet d’accusations pour avoir enterré les signalements d’abus, et c’est l’évêque de Coire – et ami du pape François – Mgr Bonnemain qui est chargé d’enquêter sur eux. Connu pour ses positions hétérodoxes, il a lui aussi connu une crise profonde dans son diocèse – avec une bronca ouverte de ses prêtres – lorsque, sous prétexte de lutter contre les abus, il a tenté de leur imposer de ne plus remettre en cause l’homosexualité et de s’abstenir de demander aux futurs mariés les engagements qu’ils sont prêts à tenir pour s’unir religieusement.
Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg n’a plus de vicaire général
La crise semble très nette au diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, où le vicaire général, le père Bernard Sonney, a annoncé sa mise en retrait courant septembre après avoir été lui même accusé d’abus. Le diocèse n’est plus géré par des prêtres, mais par quatre laïcs : “ce comité a expliqué que 36 cas d’abus avaient été répertoriés à ce jour, sur les 370 prêtres du diocèse. Parmi ceux-là, 23 ont été signalés aux autorités pénales et 12 ont fait l’objet d’une sanction canonique (suspension ou interdiction de ministère). Quelque 200 victimes sont recensées dans les archives du diocèse“.
Il serait nécessaire de regarder aussi du côté des prêtres qui vivent “en couple” avec un ou une ami(e). Ils sont plus nombreux qu’on le croit surtout dans les diocèses où un régime concordataire (en Alsace et Moselle pour ce qui concerne la France) leur permet de vivre très confortablement.