L’Église a lancé mardi des “Etats généraux du patrimoine religieux“, une terminologie qui rappelle la sinistre Révolution dite française, pour réfléchir, après un recensement, aux usages permettant de mettre en valeur ce patrimoine extrêmement riche, mais écrasant pour les finances des petites communes… Rappelons que l’Eglise a été spoliée par deux fois de son patrimoine : la première sous la Révolution puis la seconde en 1905. Comme on dit “jamais deux sans trois”, la 3e fois pourrait être prochaine, à l’heure où nombre de communes souhaitent raser leurs églises ou les vendre au plus offrant.
La Conférence des évêques de France a organisé une conférence de presse à Bonnesvalyn (Aisne), village de 216 habitants qui peine à financer la restauration de son église romane du XIIe siècle, pour présenter ce processus de 15 mois. Le maire Stéphane Frère qui a parcouru Nice-Le Vatican à vélo pour lever des fonds (il aurait dû aller à l’Elysée), souligne :
“Il y en a pour 700.000 euros de travaux. Même avec les subventions publiques, 70.000 euros restent à notre charge, soit un tiers du budget communal”.
Avec 100 000 édifices, le patrimoine religieux français est le deuxième plus important au monde après l’Italie. Si 60 000 sont des propriétés privées (écoles, institutions, châteaux…), 40 000 églises appartiennent aux communes, rappelle Gautier Mornas, responsable du département “Art Sacré” de la CEF.
L’Eglise possède 1.885 édifices construits depuis 1905, date de la loi séparation des Eglises et de l’Etat et donc de la 2e spoliation.
Symboliquement, ces Etats généraux se termineront avec la réouverture de Notre-Dame de Paris, prévue en décembre 2024. Ils prévoient un vaste recensement du patrimoine immobilier (églises, chapelles…), mobilier (statues, tableaux…) et immatériel (chemins de pèlerinage notamment). Des experts seront auditionnés et des journées d’études organisées.
L’Eglise compte également recenser les usages “compatibles avec le culte” au sein des édifices religieux : concerts, exposition, vestiaires solidaires, antennes-relais installées dans les clochers ou les révisions scolaires.
255 églises ont été désacralisées en un siècle.
Voici les participants de ces Etats Généraux :
- Mgr Alain Planet, Évêque émérite de Carcassonne et Narbonne
- Gautier Mornas, Responsable du département Art sacré de la Conférence des évêques de France
- Eric Mouterde, Secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France
- Mme Diane Pilotaz, Secrétaire général adjoint, Directrice de la Communication de la Conférence des évêques de France
- Mme Bernadette Melois, Directrice du Service national de Pastorale liturgique et sacramentelle de la Conférence des évêques de France
- Mme Anne-Violaine Hardel, Directrice des Affaires juridiques de la Conférence des évêques de France
- Pierre-Yves Caër, Directeur des Affaires économiques de la Conférence des évêques de France
- Valentin Favrie, Directeur du Centre national des archives de l’Église de France de la Conférence des évêques de France
- Mme Charlotte Chambounaud, Chargée des Affaires institutionnelles de la Conférence des évêques de France
- Frédéric Bergeret, Responsable des Publications de la Conférence des évêques de France
- Mme Pascale de Barochez, Responsable de la Pastorale du Tourisme et des Loisirs de la Conférence des évêques de France
- Mlle Solange Tassan, Assistante de projet de la Conférence des évêques de France
Chaque diocèse sera sollicité pour répondre à l’enquête nationale. Par la suite, des évènements seront organisés partout en France sur des thématiques particulières. Enfin, chaque diocèse est libre de susciter une manifestation qui lui soit propre, dans le cadre de cette réflexion nationale sur le patrimoine religieux dans toutes ses dimensions.