Les trois dernières soeurs de l’Instruction chrétienne (Saint-Gildas des Bois) quittent le diocèse de Tulle – l’une d’elles a déjà été transférée dans un établissement de santé en Loire-Atlantique. Une longue interview – ponctuée d’approximations géographiques sur les noms de villes du sud de la Bretagne, d’où est originaire la congrégation qui y a toujours sa maison mère, 15 km au sud de Redon, leur est consacrée sur le site du diocèse corrézien.
“La congrégation Saint-Gildas est née le 5 mai 1807 de l’intuition d’un prêtre, Gabriel Deshayes, qui a donné une impulsion à une jeune femme de son village qui s’appelait Michelle Guillaume, après la Révolution. Le pays était désorganisé, tant au plan humain que spirituel. Il y avait beaucoup de divisions. Le prêtre lui-même était un prêtre non assermenté qui s’est caché. Cette femme avait un désir de vie contemplative mais le prêtre l’a poussé à ouvrir une école pour les petites filles de son village, parce qu’elles n’étaient pas instruites, ni des choses humaines, ni de la foi chrétienne. Elle a donc commencé seule, puis très vite a été rejointe par Marie-Jeanne Grenier. Cette dernière avait échappé à l’échafaud le coup d’état du 9 Thermidor de Robespierre l’a sauvée. Toutes les deux pendant plus d’une quinzaine d’années ont conduit cette école, au village de Beignon dans le Morbihan.
À Beignon, elles ont fondé une école, d’autres femmes sont venues les rejoindre. Il y a eu beaucoup de recherches, en particulier il y avait la question de la vie contemplative pour Michelle. Gabriel Deshayes soutenait cette œuvre, il a même essayé de les rallier à une autre congrégation, mais cela n’a pas marché. Il a décidé alors de fonder cette congrégation. Elles étaient six, elles ont fait leur première profession dans l’église de Beignon, le 8 novembre 1820. C’est la fondation de la congrégation.
Le grand passage s’est fait quelques années après, quand il y a eu une demande en Loire-Atlantique, à Avezac [Avessac]. Je crois qu’avant elles ont essayé de trouver une autre maison, parce qu’il y avait d’autres jeunes filles qui arrivaient. C’était trop petit. Il s’est trouvé une abbaye à Saint-Gildas qui était encore peuplé par quelques moines à la Révolution, ils ont été noyés dans la Loire. Gabriel Deshayes a acheté cette abbaye désaffectée qui était dans un très mauvais état, c’est comme cela que nous sommes arrivées à Saint-Gildas. Les sœurs se sont établies pauvrement, puis il y a eu des demandes de fondations d’écoles pour les filles des campagnes. Nous eu essentiellement en charge une grande majorité d’écoles primaires. Nous avons investi à 90 à 95 % des écoles primaires de filles catholiques de Loire Atlantique. L’évêque souhaitait que l’on reste en Loire-Atlantique.
[…] Nous sommes arrivées en Corrèze en 77 à Malemort. Après il y a eu Meyssac, Albussac, Tulle, Rosiers d’Égletons et Égletons. La communauté d’Égletons a été fondée il y a douze ans, suite à la fermeture de Rosiers d’Égletons et Malemort, parce qu’il y a eu un appel de l’évêque, qui demandait en particulier qu’il y ait des sœurs pour s’occuper de l’aumônerie des jeunes, car il y a beaucoup d’étudiants ici. C’est aussi ce que l’on m’a demandé en venant ici et que j’ai essayé de faire les premières années. Après cela s’est diversifié pour moi. D’autres ont pris le relais à ma place.
Les soeurs s’en vont à cause “de notre vieillissement personnel et celui de notre congrégation d’abord. Toutes les trois nous commençons à avoir un âge avancé, et des accrocs de santé plus ou moins importants. Yvonne Elle est paralysée, elle a fait un AVC au mois de février. Sr Yvonne a été transférée en Loire-Atlantique, dans un EHPAD assurant soins de suite et rééducation, en attendant que l’EHPAD de notre Maison-mère à Saint-Gildas-des-Bois puisse la prendre en charge”. Les deux soeurs valides vont, l’une à Beignon, l’autre en banlieue de Saint-Nazaire.
Les soeurs de l’Instruction de Saint-Gildas ont depuis cette année une nouvelle supérieure, Françoise Piou, et pour la première fois, deux conseillères générales originaires du Burkina Faso. Fer de lance du modernisme dans les paroisses et les écoles – depuis presque toutes transférées à des laïcs, la congrégation, qui a dévoré les Petits frères de Saint-Gildas chargés à l’origine d’aider les soeurs pour les travaux lourds et l’intendance de leurs maisons, a fusionné en 2000 avec trois autres congrégations qui furent importantes et sont maintenant en déclin, la Providence de Saint-André de Peltre (Moselle), la Providence de Ruillé sur Loir (Sarthe) et la Providence de Sées (Orne).
Voilà l’état de la grande majorité des instituts religieux de France et d’autres pays occidentaux , les jolis fruits du dernier concile ,dans dix ans la totalité des congrégations religieuses appartiendra au passé .
En discutant avec ces dernières religieuses, souvent sécularisées dans leurs vêtements, je constate qu’elles sont toutes convaincues qu’elles doivent laisser la place aux laïques ,résultat d’un bourrage de crâne de plus de cinquante ans .
Autrefois ce sont des curés de paroisse et des évêques qui créaient des instituts religieux, frères et soeurs , quel est le prêtre ou l’évêque qui a fondé un institut en France ces cinquante ou soixante dernières années ?
Il existe quelques initiatives venant de laïcs ,mais par faute d’accompagnement sérieux , ces instituts périclitent !
Fermeture et vide spirituel ….
Responsable…des évêques incompétents et ambigus.
Les fruits de leur concile !