Une enquête étudiante sur l’enseignement catholique en Bretagne souligne que la pratique de la religion catholique baisse alors que, dans le même temps, la proportion d’élèves scolarisés dans le réseau de l’enseignement catholique en Bretagne augmente. Cela peut sembler paradoxal, sauf que l’enseignement catholique n’est pas choisi parce qu’il est catholique mais souvent parce que l’enseignement public est défaillant. Le problème c’est que la direction diocésaine de l’enseignement catholique n’impose rien en matière de religieux. Les parents sont donc des consommateurs de cet enseignement et la foi n’est plus qu’une vague proposition annexe, comme une option sportive… En 2020, selon les diocèses de la région, ils étaient 123 100 collégiens et lycéens à avoir opté pour un établissement privé catholique en Bretagne, soit plus de 40 % des effectifs scolaires régionaux.
Au groupe scolaire Saint-Joseph-Bossuet, à Lannion (Côtes-d’Armor), 2 300 élèves sont répartis de la 6e au bac+2 tourisme. Un parent d’élève confie que la religion n’a pas compté au moment de l’entrée de son enfant en 6e et résume ainsi : « Nous avons choisi cet établissement pour la qualité de l’enseignement. » D’autres parents tiennent le même discours. « Nous ne sommes pas croyants, mais cet établissement est réputé. Nous sommes prêts à payer ».
En 3e au collège Saint-Joseph, Flavie poursuit son cursus, non pour la religion, mais pour une option.
« L’éducation religieuse est seulement enseignée aux élèves de 6e et de 5e. Moi, ce qui m’intéresse, c’est le cinéma ».
Comme le chinois, les arts plastiques et même le surf, c’est l’une des options facultatives proposées dès la classe de seconde.
« Le lycée de notre commune ne dispense pas l’Italien. Or, notre fille veut suivre ces cours. C’est un bon moyen de contourner la carte scolaire ».
« L’aspect religieux n’a jamais guidé nos choix. C’est l’apprentissage du breton entamé à l’école primaire qu’elle va poursuivre au lycée qui nous conforte dans notre idée ».
Un professeur dans une école maternelle privée à Saint-Brieuc et pratiquante n’accorde pas tant d’importance à l’enseignement religieux :
« Ce n’est pas une priorité dans l’enseignement catholique, c’est un plus. Là où je travaille, 5 ou 6 élèves sur 140 y sont scolarisés pour cet aspect. »
À Saint-Joseph-Bossuet, une offre de culture religieuse, aussi appelée « formation humaine », est proposée aux lycéens afin de « favoriser leur épanouissement en y intégrant les valeurs de l’Évangile », présente de manière nébuleuse l’établissement sur son site internet. Excepté la chapelle au fond de la cour du collège, peu de signes sacrés se manifestent.
Deux animatrices en pastorale conduisent un atelier qui permet à ceux qui le souhaitent d’approfondir leur foi et de la célébrer. Une palissade sert de support à quelques affiches derrière elles. Des mots colorés attirent le regard : « recevoir », « bienveillance », « humanité »… Avec des élèves, elles ont conçu la carte d’identité de Jésus. Y figurent son adresse, sa date et son lieu de naissance. Sic. C’est encore la pastorale des années 70. Avec le succès qu’on lui connaît. Le Christ a même le droit à son curriculum vitae. « Pour apprendre à mieux le connaître et faire découvrir la religion chrétienne », précise Françoise Berthelot, l’une des animatrices. Ainsi, on sait qu’il a exercé les professions de charpentier, prêcheur et rabbin. Un CV glorifiant puisque le fils de Dieu est aussi qualifié de « meneur d’hommes », « guérisseur » et « médiateur ».
La pastorale est peut-être facultative, mais pas les ateliers de culture religieuse pour les 6es et les 5es. Une fois par semaine, ils retracent l’histoire des cultes jusqu’à aujourd’hui. À partir de la classe de 4e, les élèves sont conviés à la réflexion et à l’engagement dans la vie associative.
Les lycéens assistent à des temps obligatoires à portée œcuménique durant l’année scolaire. « Ces débats les invitent à la tolérance et au respect de l’autre. Comme lors de la conférence entre l’imam Mehand Iheddadene et l’évêque Denis Moutel ».
« Certaines familles sont attachées à l’enseignement catholique. D’autres le voient comme une ouverture. Mais celles pour qui le critère religieux est le choix numéro un se tournent vers les écoles hors contrat ».