Les fidèles des périphéries de Paris auxquels Mgr Aupetit a retiré leurs messes tridentines, Notre-Dame du Travail, Saint-Georges de la Villette et autres lieux, communiquent au sujet de la Blietzkrieg synodale – nouveaux cardinaux, Instrumentum Laboris du synode sur la synodalité et autres initiatives d’un Pontife sur le déclin :
“Les nouvelles arrivant de Rome se bousculent, et sont faites pour bousculer : publication du plan de travail dévastateur pour l’ecclésiologie traditionnelle du Synode sur la Synodalité ; nomination d’un prélat très progressiste au Dicastère pour la Doctrine de la Foi ; nomination d’une nouvelle fournée de cardinaux de tendance globalement « franciscaine », parmi lesquels Mgr Fernandez.
Je voudrais m’arrêter sur la signification de la nomination de Mgr Víctor Manuel Fernández, archevêque de La Plata en Argentine, grand ami du pape, qui succède au cardinal espagnol Luis Francisco Ladaria Ferrer, homme d’esprit classique, au Dicastère chargée de la doctrine de l’Église. Mais je voudrais le faire pour en relativiser la portée en quelque sorte.
Mgr Fernandez, surnommé en Argentine Tucho, qui s’est entre autres signalé par une livre qui a fait scandale, Sáname con tu boca. El arte de besar, « Guéris-moi avec ta bouche. L’art d’embrasser », est réputé être un prélat particulièrement « ouvert » et est considéré comme le corédacteur d’Amoris lætitia, spécialement du fameux chapitre VIII, où il est expliqué que l’adultère n’est pas forcément un péché mortel et ne doit pas nécessairement écarter de la communion sacramentelle.
En réalité, le plus important dans cette nomination est la signification que lui a donnée le Saint-Père et qu’a explicitée le récipiendaire. Dans une lettre du 1er juillet, le pape dit à Mgr Fernandez que l’organisme qui lui confie a parfois usé de méthodes « immorales » pour la « défense de la doctrine ». Et il ajoute qu’il n’y a pas lieu d’imposer une seule manière de comprendre la vérité : « Les différentes lignes de pensée philosophique, théologique et pastorale, si elles se laissent harmoniser par l’Esprit dans le respect et l’amour, peuvent aussi faire grandir l’Église. Cette croissance harmonieuse préservera la doctrine chrétienne plus efficacement que n’importe quel mécanisme de contrôle ». Ce que Mgr Fernandez commente dans un entretien en disant que « la doctrine ne change pas », mais que « c’est notre compréhension de cette doctrine, qui a changé et continuera à changer » Tucho: une interview programmatique … et inquiétante | Benoit et Moi (benoit-et-moi.fr)).
Du coup, les médias conservateurs et traditionalistes dénoncent : le relativisme met en péril la conservation du dépôt de la foi. Je m’étonne un peu pour ma part de cette réaction : nos amis semblent découvrir une lune qui éclaire pourtant leurs nuits depuis plus de 50 ans. Jean XXIII, en ouvrant le concile Vatican II n’a-t-il pas dit que le temps des anathèmes et des condamnations était terminé, et qu’il s’agissait désormais de mieux présenter la doctrine pour les hommes de notre temps ? Le cardinal Ottaviani, lorsque le Saint-Office est devenu par la volonté de Paul VI, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, n’a-t-il pas fait ce commentaire : « Je suis un général qui ne combat plus et qu’on a nommé directeur d’école » ? Et son successeur, le cardinal Seper, n’a-t-il pas ajouré : « Auparavant le Saint-Office avait le devoir de défendre la foi, mais maintenant cela a changé » ?
En somme, on dit aujourd’hui les choses plus clairement. C’est tout.
Et il en est de même pour la liturgie. Nous nous offusquons tous à propos de la persécution contre la messe traditionnelle déclenchée par Traditionis custodes. Déclenchée ? Vraiment ? Bien sûr que non ! Nous savons bien, nous qui luttons depuis la réforme de Bugnini pour maintenir la liturgie tridentine, que la persécution de la liturgie ancienne est consubstantielle à cette réforme radicale. Certes, l’interdiction a été appliquée plus ou moins fort selon les temps et les lieux. Certes, le magnifique motu proprio Summorum Pontificum a théoriquement desserré l’étau et a permis une étonnante croissance de cette liturgie opprimée. Mais combien d’embûches, de restrictions, de procédés hypocrites, de méfiances, de traitrises, de mauvaise foi, d’interdictions, toujours et toujours, de la part de nos pasteurs. Même sous le pape Benoît XVI, de vénérée mémoire, on était loin, très loin de la liberté de l’antique messe romaine que le concile de Trente avait voulu comme normative, assurant de ce fait qu’elle était pure de toute erreur. Ici encore, Traditionis custodes rend les choses plus claires.
Rien de nouveau donc dans la relativisation la lex credendi, rien de nouveau dans le bouleversement de la lex orandi. Mais rien de nouveau non plus dans le fait que tout cela ne sera à la fin que feu de paille. À preuve : le catéchisme d’avant continue d’être enseigné et la messe d’avant d’être célébrée. Et de plus en plus.
Rendez-nous le catéchisme, rendez-nous la messe, ne cessait de dire Jean Madiran ! Rendez-nous la messe hic et nunc. Par exemple, rendez-nous la messe à Paris, aujourd’hui. Nous le demandons par nos chapelets des mercredis, à 17h à Saint-Georges de La Villette et tous les jours ouvrés, de lundi à vendredi, en face des bureaux de l’administration diocésaine, 10 rue du Cloître-Notre-Dame, de 13h à 13h 30. Et on nous la rendra, nécessairement”.
Le ciel et la terre passeront. Mais mes paroles ne passeront point.
Oui, mais à quand ce retour tant espéré de la vraie catholicité d’antan?