Voici un extrait de l’éditorial de Philippe Mesnard dans Monde & vie :
[…] on croirait le Vatican nous expliquer que la transformation actuelle de l’Église, fondée sur les indéniables succès de ces dernières décades, ne peut être menée que par les synodalants dûment estampillés duovaticanocompatibles. L’ancien élu provincial des Franciscains explique : « À la fin de mon mandat, en 2013, ma Province de l’Ouest a fusionné avec celle de l’Est et la Belgique. Nous sommes passés de 1 200 frères à 120 en 40 ans. Telle est notre condition. » (La Vie). L’Insee, avec son enquête Trajectoire et origines, nous apprend que les catholiques, en France, sont passés de 43 à 25 % en douze ans (le nombre de baptêmes d’enfants a été divisé par deux en France, passant de 400 327 en l’an 2000, à 204 304 en 2019). Pendant ce temps, la France, qui compte 10 % de musulmans selon les statistiques officielles, a vu le port du voile par les femmes musulmanes progresser de 55 % en dix ans. Pour renverser la comparaison, les évêques qui ont renoncé à évangéliser et à convertir pour ne plus fabriquer que des catholiques d’exception aptes à transformer la société de l’intérieur sont aussi crédibles que les politiques qui ont désindustrialisé en expliquant que les bureaux remplaceraient les usines ou ceux qui nous promettaient que l’Union européenne était synonyme de paix et de prospérité pour tous. Mais comme il serait sot de désespérer, réjouissons-nous avec une dernière statistique, qui n’implique ni France Stratégie ni Bruno Le Maire ni Élisabeth Borne : on a baptisé à Pâques plus de 5400 adultes, chiffre qui a doublé en vingt ans. C’est autant la preuve de la déchristianisation de notre pays que la preuve que l’évangélisation est possible – et ce sont les enfants qui enseignent leurs parents. Il serait bon que les “élites” écoutent aussi ce que les tout-petits ont à leur dire.