Faute de pouvoir se distinguer par les fruits du “printemps de l’Eglise“, le nombre de fidèles, de convertis ou de vocations, le diocèse de Viviers – qui fut jadis, avant les années 1970, un des plus prolifiques de France en terme de vocations sacerdotales et missionnaires, et un des rares où le clergé fut massivement réfractaire à la constitution civile du clergé (bien que l’évêque d’alors a juré), se distingue par le nom de ses pastorales. La syrophénicienne pour les laïcs en mission d’Eglise, le jeune homme riche pour les aumôneries d’écoles, le lavement des pieds pour les oeuvres caritative et les aumôneries des populations précaires etc.
Pendant ce temps ses fidèles de la messe tridentine, eux, font des dizaines de kilomètres à travers les cols enneigés et les routes sinueuses pour aller à Alès, au Puy, Montélimar ou ailleurs, le diocèse de Viviers étant un des derniers à n’avoir jamais appliqué, sous les prétextes les plus divers, Summorum Pontificum.
En revanche, le diocèse de Viviers a – ou plutôt les laïcs qui s’occupent de la “syrophénicienne”, des idées bien arrêtées sur le fonctionnement d’un diocèse et d’une Eglise sans prêtres – et bientôt sans fidèles.
Le service des Laïcs en mission pastorale paroissiale s’appelle « La Pastorale de la Syrophénicienne ».
Cette Pastorale sera mise en œuvre par les Curés et les Animateurs laïcs en mission ecclésiale paroissiale et/ou tous ceux qui œuvrent dans les communautés locales.
Dans des temps pas si anciens, une communauté humaine, pouvait être identifiée à une communauté paroissiale autour de l’église, dans un espace géographique unifié.
D’un côté, une commune, un maire, d’un autre côté, une paroisse, un curé, unifiant globalement les destins d’hommes et de femmes naissant, étudiant, travaillant, se mariant, donnant naissance à des enfants, vieillissant et mourant au sein de leur communauté.
Et tout cela en rapport avec un département, un Préfet, un diocèse, un Evêque, avec comme intermédiaires, des cantons, des doyennés,
Et dans les villes étaient reproduits par quartiers suffisamment identifiés les mêmes modèles que ceux des villages, souvent coordonnés par un archiprêtre.
Dans notre Ardèche, quelques anciens, prêtres, religieux (ses) et laïcs ont encore connu cette situation.
Les grandes réformes des territoires paroissiaux on été une étape pour maintenir le modèle des paroisses traditionnelles.
En fait, elles ont été nécessaires parce que depuis globalement les années 1970, le nombre de prêtres avait commencé de diminuer singulièrement, et que le souci, réaffirmé dans le droit canonique de 1983, était de maintenir les paroisses.
On a donc nommé « Paroisse » des regroupements d’anciennes paroisses en pensant qu’un simple agrandissement permettrait à moins de prêtres de continuer à en être les pasteurs.
Mais sentant bien que ces nouvelles paroisses n’avaient de similaires avec les anciennes que la forme canonique, il a été heureusement introduit la réalité des communautés locales, avec leurs « relais ».
Tout cela a eu en général pour effet d’imaginer une nouvelle structure hiérarchique, d’Equipes d’Animation Pastorale, de Conseils paroissiaux, économiques, essentiellement centralisés, le nombre d’habitants ou la taille géographique ayant souvent été les critères des « lieux centre » et d’éloigner les prêtres d’un apostolat de proximité, impossible de toute façon à assumer vu leur nombre.
Ce qui a réduit en grande partie la vie des communautés locales à la seule eucharistie occasionnelle, et les prêtres à risquer d’être réduits à des distributeurs de sacrements.
Ce qui a pour effet de réduire la vie communautaire à des propositions pastorales centralisées, ou à carrément sous-traiter à des superstructures ce qui devrait être vécu au sein des communautés.
Ce modèle d’organisation paroissiale sur lequel nous vivons aujourd’hui n’a pas un grand avenir, compte tenu non seulement du petit nombre de prêtres à venir, mais aussi de la forte déchristianisation, sauf à imaginer une réduction des dites paroisses en augmentant encore les surfaces, et noyant les chrétiens actifs dans des fonctionnements de superstructures.
Et de toute façon, les comportements humains, collectifs, économiques, politiques, spatiaux, les lieux éducatifs, les lieux de travail, de consommation ne sont pas en cohérence.
Dans notre diocèse, sur les 24 nouvelles paroisses constituées, il n’y a que 21 prêtres curés modérateurs pour les servir, c’est à dire que 3 prêtres supportent déjà chacun une paroisse supplémentaire.
Il nous faut donc imaginer et inventer pour l’avenir une nouvelle manière de vivre nos paroisses, avec peu de prêtres, peu de chrétiens, en abandonnant l’obsession d’occuper la totalité de l’espace et du temps.
Faire que ces communautés de base soient des rassemblements de chrétiens où l’on peut être touché par Jésus au point de faire l’expérience du Salut.
Il nous faut inventer et développer des communautés de base très diverses, qui ne seront pas un rétrécissement ou un retour aux anciennes paroisses et considérer la paroisse comme une communion (et non une communauté) de communautés de base.
Laissons-nous inspirer par la Parole de Dieu.
…en abandonnant l’obsession d’occuper la totalité de l’espace et du temps. (…pourquoi pas ?…)
Faire que ces communautés de base soient des rassemblements de chrétiens où l’on peut être touché par Jésus au point de faire l’expérience du Salut. (…pourquoi pas ?…)
Il nous faut inventer et développer des communautés de base très diverses, qui ne seront pas un rétrécissement ou un retour aux anciennes paroisses et considérer la paroisse comme une communion (et non une communauté) de communautés de base. (Et concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ?…)
Laissons-nous inspirer par la Parole de Dieu. (Y’en a qui seraient contre ?…)
L’emploi péjoratif de la « réduction des prêtres à des distributeurs de sacrements » m’a toujours semblé étonnante. Pour quoi d’autre que les sacrements les prêtres nous sont-ils indispensables ?
Faire les comptes de la
Paroisse ? Non
Repeindre le presbytère ? Non
Faire le catéchisme ? Même pas !
Mais pour nous absoudre et rendre le Christ présent sur l’autel, nul ne peut remplacer le prêtre ! Pas même la très Sainte Vierge ou un ange du ciel !
Alors oui, faisons de nos prêtres des ministres (c’est plus chic que distributeurs) des sacrements. Qu’ils y consacrent la majeur partie de leur temps.
Un prêtre qui passe une heure à confesser sera infiniment plus utile que s’il passe une journée entière à des tâches administratives ou à organiser je ne sais quelle activité.
Évident, cela fait fi des tria munera mais aujourd’hui, les prêtes dans les paroisses n’enseignent plus (faute de temps) et ne gouvernent que comme des rois mineurs soumis à la régence que quelques harpies ou tyrans « Animateurs laïcs en mission ecclésiale paroissiale ».
Il leur reste à sanctifier.
Et ce n’est pas en expliquant que tout va bien se passer sans prêtres que l’on va susciter des vocations.
L’auteur de cet article écrit que “le diocèse de Viviers étant un des derniers à n’avoir jamais appliqué, sous les prétextes les plus divers, Summorum Pontificum”. Cela est vrai mais à une exception : lors de son court passage comme évêque de Viviers, de 1992 à 1998, mgr Bonfils a appliqué le motu proprio Ecclesia Dei afflicta et autorisé, à la demande d’un groupe de fidèles, la célébration de la messe tridentine chaque premier samedi du mois à la chapelle Lafarge du Teil. Autorisation retirée dès son arrivée en Ardèche par mgr Blondel.