Dans sa dernière lettre aux amis du Monastère Saine-Madeleine (n°185, 7 mars 2023), Dom Louis-Marie, père-abbé de l’abbaye, évoque le temps de la Passion :
S’offrir à Dieu
Dans quelques jours, toute l’Église universelle va se détourner de l’agitation du monde pour se concentrer sur le grand mystère de la rédemption de l’humanité opérée par le Seigneur. Jésus s’apprête à accomplir son grand sacrifice à Dieu pour le salut des hommes, sacrifice rendu présent par la sainte messe. Et pour que son sacrifice soit véritable, il va offrir librement, consciemment et pleinement sa vie. Mais vous êtes-vous demandé quel fut le moment et l’endroit crucial de son offertoire ? Quand a-t-il vraiment offert sa vie à Dieu ? Est-ce au moment de sa mort, lorsqu’il remet son esprit entre les mains de son Père ?
Au cours de sa vie, le Seigneur Jésus a parlé trois fois de sa passion. Il était vraiment conscient que sa mission s’accomplirait par la croix. Et il n’a pas reculé : « Allons à Jérusalem ! » Après son entrée triomphale monté sur le petit d’une ânesse, il ne s’est pas illusionné sur la fin de sa vie : alors que de façon peut-être un peu superficielle des Grecs demandent à le voir, il parle de ce grain de blé qui demeure seul s’il ne meurt pour donner du fruit. Mais est-ce vraiment là qu’il a fait le don de lui-même ?
Un jeune Père de l’abbaye a joliment dit que le grand discours de Jésus au Cénacle avec en conclusion la prière sacerdotale était comme son offertoire propre. De fait, dans cette prière admirable qu’autrefois les carmélites apprenaient par cœur pour nourrir leur oraison, Jésus parle de son départ vers le Père et de sa sanctification : « Je me sanctifie moi-même afin qu’ils soient sanctifiés dans la vérité. » Mais est-ce vraiment le moment le plus décisif ?
À la Cène, le Seigneur a pris du pain, selon le cérémonial juif de la Pâque, mais, innovant, il a prononcé ces paroles étonnantes : « Prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous. » Et prenant la coupe à la fin du repas sacré, il l’a donnée à ses disciples en disant : « Prenez et buvez-en tous, ceci est la coupe de mon sang, le Sang de l’alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude des hommes en rémission des péchés. » Il est certain que là le Seigneur a offert sa vie par avance. Mais est-ce vraiment le moment clé ?
Benoît XVI, au cours d’une audience générale sur saint Maxime le Confesseur, a affirmé que le moment crucial s’est passé à Gethsémani, sur le mont des Oliviers. Là s’est effectué l’offertoire du Christ sans lequel aucun sacrifice n’atteint le mystère du cœur : « Dans ce drame de l’agonie de Jésus, de l’angoisse de la mort, de l’opposition entre la volonté humaine de ne pas mourir et la volonté divine qui s’offre à la mort, dans ce drame de Gethsémani se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. » Le salut ne consiste pas à ne plus avoir de volonté, et à se laisser entraîner dans un mouvement comme extérieur, mais à entrer dans la volonté de Dieu, à offrir sa volonté à Dieu afin de « s’ouvrir par le haut » et de trouver une vraie liberté, celle de Dieu, et une vraie plénitude.
Dom Louis-Marie
Prochaines retraites et récollections à l’abbaye pour messieurs :
– récollection du 19 au 21 dimanche
– retraite du 7 au 12 novembre
Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux