En ce 4ème dimanche de l’Epiphanie, l’Eglise fête également Saint François de Sales. Le Saint est d’ailleurs solennisé ce jour sur l’autel dans les congrégations salésiennes et dans l’ordre de la Visitation.
Saint François. — Jour de mort : 28 décembre 1622, à Lyon (29 janvier, translation de ses reliques). Tombeau : église de la Visitation à Annecy (Savoie). Sa vie : François naquit le 21 août 1567 ; il fut ordonné prêtre en 1593 ; de 1593 à 1598, il fut chargé de la mission du Chablais qui se termina par la conversion de 70.000 protestants ; en 1602, il devint évêque de Genève. La douceur et l’amabilité résument toute sa vie, mais constituent aussi le secret de sa sainteté et de son influence. De ses nombreux écrits, où se reflètent la bonté et le charme de sa personne, le plus répandu, aujourd’hui encore, est l’ »Introduction à la vie dévote ». Ce livre est, avec l’ »Imitation de Jésus-Christ », le meilleur manuel de la perfection chrétienne. Ce petit livre prouve au monde que la piété est aimable et doit rendre les hommes aimables. Son amitié sainte avec sainte Françoise de Chantal est aussi très célèbre. Son « Introduction à la vie dévote » et ses autres écrits lui valurent d’être proclamé docteur de l’Église.
Son amabilité et sa douceur ont aussi leur histoire. Il ne les avait pas trouvées dans son berceau. Au contraire, il avait un tempérament violent et ardent, un esprit excessivement vif et impétueux. Il lui fallut de nombreuses années pour dompter son tempérament emporté et violent. Durant son épiscopat, ce tempérament l’emporta encore une fois, parce que, pendant un de ses sermons, on sonna avant qu’il eût terminé. Il arriva cependant à se dominer en « prenant toujours vite la colère au collet ». Faisons de même nous aussi.
La messe (In medio). — La messe est empruntée au commun des docteurs. L’Oraison seule est propre, elle caractérise très bien notre saint : elle parle d’abord du pasteur des âmes, qui a fait sienne la devise de saint Paul : je me suis fait tout à tous pour les sauver tous (1. Cor. X, 22) ; elle parle ensuite de sa douceur et la demande pour nous, comme fruit de Rédemption, en ce jour : « afin que, pénétrés de la douceur de ta charité, dirigés par ses avis et soutenus par ses mérites, nous obtenions les joies éternelles. »
Quand le saint du jour possède une vertu caractéristique ou une grâce spéciale (comme c’est le cas aujourd’hui), il faut en faire, non seulement à la messe et au bréviaire, mais pendant toute la journée, l’objet de nos méditations et le principe de nos résolutions. Le saint doit être notre maître. A l’Offrande de la messe, nous apporterons notre volonté de pratiquer cette vertu ; à la communion, nous recevrons la force et la grâce de la pratiquer. Aux heures de l’Office, notre prière et notre intention doivent avoir cette vertu pour objet. Lisons aujourd’hui, dans l’« Introduction », précisément le chapitre qui traite de la mansuétude et de la douceur. Ainsi le saint du jour nous deviendra plus familier, il sera notre maître et notre professeur de vertu.
La douceur d’après l’Introduction à la vie dévote. « Cette misérable vie n’est qu’un cheminement à la bienheureuse. Ne nous courrouçons donc point en chemin les uns avec les autres, marchons avec la troupe de nos frères et compagnons doucement et amiablement. Mais je vous dit nettement et sans exception, ne vous courroucez point du tout s’il est possible et ne recevez aucun prétexte quel qu’il soit pour ouvrir la porte de votre cœur au courroux, car saint Jacques dit tout court et sans réserve que « l’ire de l’homme n’opère point la justice de Dieu ». Il faut vraiment résister au mal et réprimer les vices de ceux que nous avons en charge, constamment et vaillamment, mais doucement et paisiblement. Rien ne mâte tant l’éléphant courroucé que la vue d’un agnelet et rien ne rompt si aisément la force des canonnades que la laine. On ne prise pas tant la correction qui sort de la passion, quoique accompagnée de raison que celle qui n’a aucune autre origine que la raison seule ; car l’âme raisonnable étant naturellement sujette à la raison, elle n’est sujette à la passion que par tyrannie ; et partant, quand la raison est accompagnée de passion, elle se rend odieuse, sa juste domination étant avilie par la société de la tyrannie… » Il est mieux, dit saint Augustin, de refuser l’entrée à l’ire juste et équitable que de la recevoir pour petite qu’elle soit, parce que, étant reçue, il est malaisé de la faire sortir. » Que si une fois elle peut gagner la nuit et que le soleil couche sur notre ire (ce que l’Apôtre défend) se convertissant en haine, il n’y a plus moyen de s’en défaire. »