On ne saurait faire un plus bel éloge de saint Dominique que celui que, dans son Paradis, Dante a placé sur les lèvres de saint Bonaventure. De même qu’au temps des Apôtres la grande tâche de l’apostolat fut divisée — à Pierre les circoncis, à Paul les Gentils — ainsi, au XIIIe siècle, la Providence sembla partager le champ de l’Église entre saint Dominique et saint François. Au Poverello d’Assise, les petites gens, —les Minores de l’époque communale, — chez lesquels, grâce à l’exemple de la pauvreté évangélique et d’une tendre dévotion aux mystères de l’Humanité du Rédempteur, il fallait retarder de quelques siècles le déchaînement de l’incendie socialiste. A Dominique au contraire, magister generalis d’un Ordre de savants prédicateurs, la défense de la doctrine catholique et la guerre contre les hérésies naissantes.
Dès leurs débuts, la vie de ces deux patriarches fut une prophétie ; ils occupèrent respectivement la place providentielle que Dieu, à travers les siècles, réservait à leurs Ordres. Le Poverello soutient sur ses épaules le Latran ébranlé ; puis il s’en va, pèlerin, en Terre sainte, pour commencer les missions d’Orient. Quant à Dominique, avant que soit confiée à ses fils la sainte Inquisition, il exerce le premier, dans le Palais apostolique même, la charge de maître et de censeur.
Rome est riche de souvenirs de saint Dominique, en particulier dans les titres de Saint-Sixte et de Sainte-Sabine, où il vécut et opéra des miracles éclatants. Il mourut le 6 août 1221, mais ce jour étant dédié à une autre fête, son office fut anticipé au 4.
Bienheureux Cardinal Schuster