Comment faire découvrir une église à des amis si on ne connaît pas grand chose en vitraux ? Nos lecteurs ont une astuce…
« Comme toute fenêtre, le vitrail est un compromis entre protection et éclairage. Du froid et des intempéries, il protège l’intérieur de l’édifice et les fidèles. En même temps, sa transparence assure un minimum d’éclairage. Mais si le vitrail ne servait qu’à ça, les bâtisseurs auraient pu se contenter d’installer de grands panneaux de verres incolores. Ce qu’ils n’ont généralement pas fait ». Posez alors un silence afin de créer un soupçon de suspense, puis enchaînez :
« Les verriers ont préféré s’embêter à assembler une mosaïque de morceaux de verres colorés. La recherche esthétique saute aux yeux. L’ensemble forme des motifs géométriques, des végétaux, des personnages et mieux des saynètes animées ».
Pour peu que la journée soit belle, emmenez vos amis jusqu’à une fenêtre où les rayons de lumière percent la paroi vitrée. Moment de grâce : le soleil irradie les pièces de verres. « Chaque morceau a sa couleur. Cette teinte est obtenue par l’ajout de sels métalliques lors de la fusion du verre. Soit à 1200-1500 °C. Par exemple, l’oxyde de cobalt produit du bleu. Le verre est donc teinté dans la masse et non peint, sauf pour dessiner les visages, les plis d’une robe… » Alors que vos invités s’émerveillent, laissez votre discours verser dans le lyrisme :
« Les commanditaires des églises cherchent à donner à leur édifice l’image d’une Jérusalem céleste ». La Jérusalem céleste ? « Oui, c’est la cité de Dieu. Elle est décrite dans la Bible comme peuplée d’anges et de saints, et ornée de pierres précieuses. Grâce aux vitraux, l’église imite et préfigure cette ville divine ».
Lire la suite
Quant au vitrail le plus ancien toujours à sa place en France, il s’agit de la verrière de l’Ascension de la cathédrale du Mans (vers 1120) – les cinq verrières romanes de la haute nef de la cathédrale d‘Augsbourg en Allemagne (1110-1130) sont contemporains, et certains vitraux de la cathédrale de Cantorbéry en Angleterre, à peine plus tardifs (1150), auraient vu l’assassinat de saint Thomas Becket en 1170. Le vitrail de la Crucifixion à la cathédrale de Poitiers est plus jeune d’une décennie (1160). Néanmoins d’autres vitraux très anciens sont conservés dans des musées, comme le Christ de Wissembourg (entre 1030 et 1070, conservé au musée de l’Oeuvre Notre-Dame à Strasbourg)/