Il y a quelques années, soeur Véronique Margron, théologienne moraliste mais aussi depuis cette dominicaine est devenue présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, a préfacé l’ouvrage d’un médecin au titre explicite “Médecin et catholique, je pratique l’euthanasie”. Cet ouvrage ne questionne pas, il plaide clairement en faveur de l’euthanasie, montrant par là même qu’il ne saurait y avoir de troisième voie. De fait, il y a rupture et discontinuité entre soins palliatifs et euthanasie.
Dans un entretien au journal La Croix en 2014, Véronique Margron déclarait toute en ambigüités :
Quelles que soient nos convictions, il a le mérite de proposer un questionnement. Il peut permettre de sortir du débat trop binaire et parfois très idéologique sur la fin de vie qui durcit les positions en France, empêchant de prendre en compte la complexité du réel. Une complexité encore plus grande de par les progrès de la médecine, qui rendent les frontières très fines dans les soins de la fin de la vie. Par ailleurs, n’oublions pas qu’en Belgique, sur les mêmes arguments et le même engagement croyant, certains médecins chrétiens ont conclu qu’ils ne pratiqueraient jamais l’euthanasie, d’autres qu’ils le feraient à titre exceptionnel, quitte à ce que cet acte les poursuive longtemps, moralement.
Pensez-vous qu’il faille faire évoluer la loi française ?
En France, la première nécessité est d’appliquer la loi Leonetti sur l’ensemble du territoire, ce qui suppose des moyens et des soignants formés. Cette loi a fait un large consensus au moment de son adoption. Comment savoir si oui ou non il faut la revoir, si elle a des “points aveugles”, si elle aboutit à des impasses répétées, tant qu’elle ne sert pas de cadre général à l’accueil et aux soins des personnes en fin de vie? Ce n’est qu’en la vivant vraiment qu’on pourra l’évaluer dans plusieurs années et alors, peut-être, la modifier, l’améliorer. La loi n’est pas là pour répondre à chaque détresse individuelle. Le soin singulier est toujours au lit du patient, pratiqué par des soignants encadrés par la loi, mais d’abord guidés par leurs compétences et leur humanité.
Quelle éthique doit guider la réflexion sur la fin de vie ?
La question de l’éthique est toujours la même: “Quel est le souhaitable?” La loi morale “tu ne tueras pas” est fondamentale. Mais encore faut-il savoir comment l’incarner dans le singulier d’une histoire. Et là encore se pose la question difficile de ce qui est souhaitable pour quelqu’un afin que son humanité soit honorée jusqu’à la fin. Cela demande, outre la compétence médicale, la capacité à écouter patients et proches, mais encore à converser avec une équipe et avec des pairs. L’éthique est toujours lente à trouver la meilleure voie. Il nous faudrait consentir à cette lenteur et non nous précipiter sur la loi, comme si la loi était la solution à nos cas de conscience.