Dans l’escouade de jésuites que le Pape François a installé aux manettes de l’Église, dont pas moins de trois sont cardinaux (Jean-Claude Hollerich, Michel Czerny, Gianfranco Ghirlanda), il faut encore ajouter un nom.
Parmi les nouveaux membres de l’Académie, la plus contestée avait été l’américaine Mariana Mazzucato, ouvertement « pro choice » en matière d’avortement. Mais également un autre Américain, Alberto Dell’Oro, de Sheila Dinotshe Tlou du Botswana et du jésuite argentin Humberto Miguel Yáñez, professeur à l’Université pontificale grégorienne. C’est à ce dernier, spécialiste en pastorale de la famille, qu’on a reproché en particulier la désobéissance à l’encyclique « Humanae vitae » de Paul VI.
Mais à l’Académie pontificale pour la Vie, il y a un autre jésuite. Il se nomme Carlo Casalone. Il a 66 ans. Entre 1995 et 2008, il a été rédacteur de la revue des jésuites de Milan « Aggiornamenti Sociali » et de 2008 à 2014 supérieur de la Province d’Italie de la Compagnie de Jésus. Il enseigne aujourd’hui la théologie morale et la bioéthique à l’Université pontificale grégorienne et depuis 2013, il est Président de la Fondation Carlo Maria Martini, le célèbre jésuite et cardinal qui dans son dernier livre n’avait pas hésité à accuser « Humanae vitae » d’avoir, par son interdiction de la contraception artificielle, causé « un grand dommage » à l’Église, alors qu’il aurait fallu en revanche « une nouvelle culture de la tendresse et une approche de la sexualité plus libérée des idées préconçues ».
À l’Académie pontificale pour la Vie, Casalone occupe la fonction apparemment insignifiante de « collaborateur » à la section scientifique. Mais dans les faits, il est bien plus que cela. C’est l’homme de François au sein de l’Académie, c’est celui qui contrôle et régente tout le monde, Paglia y compris.
Le Pape Bergoglio et Casalone font équipe depuis des années. Le 14 décembre 2017, par exemple, le jour même où le parlement italien approuvait une loi sur les dispositions anticipées de traitement de fin de vie, que tout le monde a interprété comme un pas en direction de l’euthanasie, « La Civiltà Cattolica » – la revue des jésuites de Rome dont les épreuves sont validées par le Pape avant impression – publiait justement un article consacré aux « nouveautés » introduites par le Pape François sur la manière de « mourir avec humanité et solidarité », des nouveautés elles aussi saluées favorablement par l’opinion publique laïque comme étant un revirement de l’Église vers l’euthanasie.
Et qui était l’auteur de cet article ? Carlo Casalone.