Sur NCR, Jonathan Liedl souligne que le processus pluriannuel du Synode sur la synodalité est confronté à une crise de crédibilité :
comment peut-on considérer qu’il s’agit d’un portrait exact de l’expérience des catholiques sur la façon dont l’Église écoute, alors que le Synode lui-même n’a pas réussi à entendre un nombre significatif de voix catholiques ?
En Occident, les niveaux de participation à la phase diocésaine du Synode ont été abyssalement bas. La synthèse des rapports diocésains de l’USCCB indique que, sur une population catholique américaine de 66,8 millions de personnes, seules 700 000 personnes, soit un peu plus de 1% de tous les catholiques américains, ont participé. Les rapports de plusieurs pays européens indiquent également une participation dérisoire ; dans des pays comme la France, le Luxembourg, la Belgique, l’Angleterre et le Pays de Galles, seulement 1% ou moins des catholiques baptisés ont participé au Synode.
Le faible niveau de participation est particulièrement inquiétant étant donné que l’un des trois thèmes du Synode sur la synodalité est la “participation”, qui requiert l’implication de “toute la communauté”. Le Pape François lui-même a déjà déclaré que le Synode ne doit “laisser personne derrière ou exclure”, suggérant même que le processus doit “aller au-delà des 3% ou 4% qui sont les plus proches de nous”.
Austen Ivereigh a affirmé que 8 % à 10 % des catholiques pratiquant ont participé à la phase diocésaine du Synode. Cela suggère tout de même que 90 % à 92 %, soit neuf catholiques pratiquant sur dix, n’y ont pas participé. En outre, les catholiques d’Irlande, du Portugal et de Belgique se sont plaints que les rapports du Synode dans leurs pays respectifs n’étaient pas représentatifs des opinions des catholiques, en partie parce qu’ils mettaient en avant des pratiques hétérodoxes comme la bénédiction des unions homosexuelles et la tentative d’ordonner des femmes.
Si les organisateurs du Synode s’en tiennent au récit selon lequel le Synode présente authentiquement le “sentiment des fidèles” malgré les lacunes du processus, l’ensemble de l’événement risque d’être perçu par les catholiques comme un exemple supplémentaire du manque d’écoute des fonctionnaires de l’Église.
Le Synode des évêques a partagé sur ses comptes officiels des œuvres controversées soumises comme “notes visuelles” d’une session locale du Synode. L’image la plus alarmante met en scène une femme vêtue d’une chasuble ; un individu portant un T-shirt arc-en-ciel “Pride”. Une autre image avait pour thème “l’exclusion vers l’inclusion”. La réponse sur les médias sociaux a été, comme on pouvait s’y attendre, critique. La publication sur Facebook de l’image de la femme prêtre par le Synode, par exemple, a reçu 780 réactions à ce jour : 550 “en colère”, 100 “tristes” et une cinquantaine d’autres qui ont trouvé cela drôle. Pourquoi le bureau du Synode a-t-il ressenti le besoin de sélectionner cette œuvre et de la promouvoir via ses canaux officiels ? Il s’agit d’un “objectif personnel” des organisateurs du Synode qui ne fera que renforcer le soupçon de beaucoup que le processus est dirigé par ceux qui ont des fins idéologiques en tête.
Le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode, a déclaré en février que l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité est “erroné”. Cela est resté sans aucune rétractation personnelle ni de correction du Vatican pendant plus de six mois. Ce n’est qu’en août, lorsqu’un journaliste l’a interrogé sur ces commentaires et lui a demandé s’ils n’impliquaient pas une incapacité à diriger le Synode de manière impartiale, que le cardinal luxembourgeois a affirmé qu’il respectait la doctrine de l’Église et qu’il n’essayait pas d’imposer un ordre du jour. Une rétractation tardive vaut mieux que pas de rétractation du tout, mais dans l’intervalle, combien de catholiques ont perdu la foi dans le processus du Synode à cause de ses commentaires controversés non corrigés ?
La sous-secrétaire du Synode, Sœur Nathalie Becquart, a insisté pour promouvoir le Synode comme “l’événement historique le plus important depuis Vatican II” ; promouvoir les ressources de groupes hétérodoxes comme New Ways Ministry et la Women’s Ordination Conference sur le site officiel du Synode ; et parler des résultats du Synode, y compris la bénédiction des relations homosexuelles et l’ordination des femmes, avant même le début du processus diocésain.
Lorsque le correspondant du Register, Edward Pentin, a demandé à Thierry Bonaventura, responsable de la communication du Synode des évêques, pourquoi l’image de la femme prêtre et du porteur de t-shirt Pride avait été promue par les canaux de médias sociaux officiels du Synode, et si elle pouvait être interprétée comme une promotion de l’ordination des femmes ou des changements dans l’enseignement de l’Église sur la sexualité, Bonaventura a donné une non-réponse : “Je pense que le texte du post explique déjà l’objectif de ce post : non seulement des textes écrits mais aussi des œuvres d’art [ont été inclus dans les rapports du Synode].” Mais le Synode n’aurait-il pas pu l’indiquer sans poster une image qui semble promouvoir l’hétérodoxie ?
D’un point de vue objectif, les efforts collectifs de ceux qui font la promotion du Synode ont été désastreux en termes de crédibilité auprès des fidèles catholiques. Certains organisateurs du Synode ne se soucient pas particulièrement du fait qu’un grand nombre de catholiques pratiquants ne trouvent pas le processus crédible et digne de confiance. Contrairement au souhait du Saint-Père d’avoir un processus synodal qui ne soit pas animé par un ordre du jour mais par une volonté sincère d’écouter, leur intention peut simplement être de produire un document synodal final qui appelle les résultats idéologiques qu’ils préfèrent.