L’église du Très saint Sacrement de Québec continue à être le symbole de l’Eglise catholique du Canada et du Québec qui fonce dans le mur, à toute vitesse et surtout sans se poser de questions. Après que l’Eglise se soit opposée à son classement pour la faire remplacer par un projet immobilier plus lucratif, puis que le gouvernement du Québec l’ait quand même classée pour la sauver, contre l’avis de l’Eglise, celle-ci annonce se désengager du dossier et laisser le bâtiment aux mains des citoyens qui veulent le sauver. Et ce, en créant une “paroisse personnelle“.
“L’église du Très-Saint-Sacrement, en plein cœur du quartier central de la haute-ville de Québec, sera donc «isolée» dans une entité administrative qui lui est propre, celle de la paroisse Saint-Pierre-Julien-Eymard“, rappelle Le Soleil. “Si la manœuvre du diocèse de Québec est fondamentalement administrative, elle permet aux autorités religieuses de se dégager d’une partie des responsabilités imposée par son récent classement par le ministère de la Culture. Elle offre aussi une plus grande marge de manœuvre aux citoyens qui souhaitent s’impliquer pour y développer un projet. La paroisse Bienheureuse-Dina-Bélanger, qui en était responsable auparavant, se voit aussi retirer un important fardeau financier, qui mettait en péril sa pérennité.
«De façon toute simple, ça permet de recentrer le problème de l’église du Très-Saint-Sacrement à la communauté de Saint-Sacrement», explique le vicaire général du diocèse de Québec, l’abbé Mario Duchesne, qui souligne que les paroisses sont «entièrement autonome en ce qui a trait à la gestion et au financement. On avait la mauvaise impression que les gens qui faisaient des pressions pour sauver l’église du Très-Saint-Sacrement n’étaient pas ceux qui portaient la lourde responsabilité de son administration, confie le vicaire général. Là, on crée une paroisse où ces gens qui militent pour transformer l’église auront aussi les leviers juridiques pour réaliser leurs idées, de façon autonome».
La seconde paroisse personnelle du Québec
“La nouvelle paroisse Saint-Pierre-Julien-Eymard sera considérée comme une «paroisse personnelle» dotée d’un statut extraterritorial. Son territoire sera limité au lot de l’église du Très-Saint-Sacrement. «Ce mode de gestion permet aux citoyens de tout l’archevêché de s’impliquer dans la paroisse, plutôt que juste ceux du quartier, indique l’abbé Mario Duchesne. On donne de la marge de manœuvre aux groupes, à tous les défenseurs du patrimoine, de prendre la pleine responsabilité de la gestion et de l’administration de la paroisse et de l’Église du Très-Saint-Sacrement.»
Dans le diocèse de Québec, qui s’étend de Baie-Sainte-Catherine à Thetford Mines, deux des 39 paroisses fonctionnent sous le titre de «personnelles». La paroisse Saint-Patrick’s, à Québec, en est le meilleur exemple, selon le vicaire général du diocèse. Elle rassemble tous les fidèles anglophones du territoire, peu importe leur lieu de résidence“.
La décision est évidemment saluée par les défenseurs du patrimoine, à qui le diocèse laisse, en réalité, le champ libre – tout en leur disant, en substance, que c’est au pied du mur qu’on voit le maçon, et qu’ils ne pourront sauver une église dont l’Eglise ne veut plus avec les (faibles) moyens de celle-ci.
Et en France ?
Selon un rapport des sénateurs des Hauts-de-France Pierre Ouzoulias (PCF) et de la sénatrice de l’Ardèche Anne Ventalon (LR). Selon ce document, consulté par Aleteia, entre 2 500 et 5 000 églises pourraient disparaître d’ici à 2030, ainsi que des synagogues et des temples protestants dans les régions rurales – leurs communautés de fidèles s’étant éteintes ou en passe de l’être. Les sénateurs, qui précisent que depuis 1905 seules 250 églises communales ont été vendues, appellent les collectivités à se saisir du problème à bras le corps et donner une vocation sociale à ces églises que l’Eglise n’arrive plus à faire vivre.
Une solution complémentaire serait de les confier, tout simplement, aux fidèles qui voudraient les faire vivre – ou à ceux qui demandent une messe tridentine depuis des années, voire des décennies. Mais le bon sens reste toujours une notion hermétique pour certains évêques, qui préfèrent laisser des fidèles célébrer la messe de toujours devant des chapelles vides et fermées.