Dans l’éditorial de son dernier bulletin A Crucetta (n°140, Mai et Juin 2022), l’abbé Hervé Mercury évoque la fête de Pâques et le temps pascal :
En quelques jours, nous sommes passés du Temps de la Passion à celui de Pâques. Ayant fait mémoire de la Mort et de la Résurrection de Notre–Seigneur Jésus–Christ, nous nous souviendrons bientôt de son Ascension. Ces événements forment ce que la liturgie appelle le Mystère pascal, ce que le catéchisme nomme le Mystère de la Rédemption. Jésus est mort pour nous, Il est ressuscité le troisième jour, Il est monté au Ciel et s’est assis à la droite du Père.
Ces actes sont contenus dans un mémorial vivant que le Christ nous a laissé en héritage le jour du Jeudi–Saint : la célébration de la Sainte Messe. Pour les Catholiques, participer à la Messe, c’est principalement faire mémoire du Mystère pascal. Il faut préciser qu’il s’agit d’un mémorial vivant. Jésus est réellement présent parmi nous. Prenons–y garde ? C’est une présence ni symbolique, ni spirituelle, mais substantielle. Jésus est vraiment là dans le tabernacle de nos églises.
A partir de ce centre, l’Eglise catholique s’édifie. Par le rappel incessant de la geste christique, le chrétien est appelé à s’assimiler au Sauveur. Il se souvient et ce souvenir n’emplit pas seulement sa mémoire, mais il occupe toute son existence, parce que le Ressuscité est vraiment celui qui l’anime. C’est pourquoi saint Paul écrit : « j’ai été crucifié avec le Christ, et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Gal. 2, 20). Par le baptême, nous avons été ensevelis avec Jésus pour mourir au péché et, désormais, nous vivons en Dieu de Jésus lui–même. C’est cela vivre de la Résurrection, ou plutôt, vivre en ressuscité. Ce que je voudrais mettre en relief ici, c’est le rôle essentiel de la mémoire dans ce processus d’édification de l’Eglise comme corps, c’est–à–dire comme prolongement, du Christ.
Saint Pierre appelle à cette construction dont les pierres vivantes sont les chrétiens eux–mêmes. Or cette construction résulte d’un travail de mémoire. Juste après la consécration, le prêtre rappelle la volonté de Jésus : « toutes les fois que vous ferez cela… ». Il nous impose des actes, ceux de la liturgie, dont le propre est exprimé dans les premiers mots de la prière qui suit : unde et memores, c’est pourquoi faisant mémoire. Le souvenir sans cesse vivant et actuel du Christ offrant sa vie pour notre salut structure, enrichit et embellit notre propre vie aujourd’hui. Ce n’est pas seulement une vérité théologique que nous ressassons, c’est une réalité présente dont nous vivons et que nous devons vivre toujours plus intensément dans toutes les facultés de notre être. Demandons cette grâce à l’Esprit Saint en préparation de la Pentecôte.
Abbé Hervé Mercury