Jean de Tauriers, président de Notre-Dame de Chrétienté, revient sur les conséquences du Motu Proprio pour Notre-Dame de Chrétienté :
Quelles conséquences aura ce motu proprio sur Notre-Dame de Chrétienté ?
Nous avons reçu de nombreux messages d’encouragement après ce motu proprio. Je remercie encore une fois tous nos amis, clercs et laïcs, de tous les bords de l’échiquier, pour tous ces soutiens que je vois comme les fruits de Summorum Pontificum.
Le pèlerinage de Chartres est né en 1983, a grandi très régulièrement avec les années pour atteindre des chiffres de participation extrêmement élevés en 2019. La période Covid a montré l’attachement au pèlerinage de milliers de familles qui ont su organiser des pèlerinages locaux. Le pèlerinage réunit ainsi aujourd’hui des catholiques dits traditionalistes pour la plus grande part, mais la croissance de ces dernières années vient des milieux « observants » selon la dénomination de Yann Raison du Cleuziou. Je ne crois pas que Traditionis Custodes arrêtera ce mouvement.
Cet été, dans une paroisse du sud de la France lors d’une messe en forme ordinaire concélébrée par un évêque et son curé à l’occasion d’une manifestation régionale réunissant beaucoup de monde, pas toujours catholique et pour certains, manifestement éloignés de la pratique religieuse. Aucun enseignement sur la Sainte Eucharistie, aucun avertissement, aucune précaution avant la communion où les fidèles ont tous été invités ! Devant de tels scandales, comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de réaction traditionaliste au sein de l’Eglise ?
Quel intérêt de classer le monde traditionaliste en catégories d’ailleurs très contestables comme l’a fait récemment le mensuel La Nef ? Le problème est bien davantage de savoir ce qu’est la foi catholique. Un traditionaliste n’est rien d’autre qu’un catholique voulant rester fidèle à la foi de son baptême face au relativisme des temps présents.
Faire de tous ces sujets autour de la tradition à la suite de Traditionis Custodes une histoire de réception ou non des textes de Vatican II éloigne du sujet de fond qui est, je le répète, la foi.
Laissons les théologiens commenter sans se lasser les textes et interprétations de Vatican II et son fameux esprit printanier. Nous sommes des catholiques de base, nous vivons en 2021 dans une Eglise que nous aimons et voulons servir. L’étude des différentes interprétations de Vatican II ne sont vraiment pas utiles à la vie spirituelle des pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté qui vivent dans le monde post-chrétien et post-conciliaire (églises vides, séminaires vides, ignorance religieuse des catholiques, société déchristianisée, cathophobie, scandales au sein de l’Eglise, lois contre nature).
Certes, il est vrai qu’un pèlerin de NDC devrait se renseigner, se cultiver, lire les textes du Concile et aussi beaucoup d’autres livres. Cela va de soi. Il serait bien aussi de faire un doctorat de théologie (avec thèse sur les bienfaits de Vatican II, évidemment) pour pouvoir en parler avec la science requise.
Mais il se trouve que notre pèlerin de NDC a charge de famille, quelques enfants, un travail, divers engagements associatifs (dont le pèlerinage de Chartres). Il est un peu occupé en fait et puis aussi légèrement inquiet. Quand notre pèlerin a trouvé pour sa famille une paroisse, de bons prêtres, un catéchisme solide, une école catholique, des troupes scouts, des activités spirituelles enrichissantes, le plus souvent : il est dans une paroisse traditionaliste (pas uniquement Dieu soit loué !) et pour tout ce dont il bénéficie, il remercie le Bon Dieu et les prêtres qui se dévouent.
Le problème est que ce catholique de terrain vient d’apprendre avec Traditionis Custodes qu’il faisait partie d’une espèce en voie d’extermination et que cette entreprise était souhaitée et encouragée par le Pape François. Il est devenu très perplexe.