Nous reprenons une tribune publiée par notre Confrère Le Salon Beige signée par Charles Rosiers qui veut contribuer au débat concernant le Pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté et les évêques :
Les évêques français “énervent” le pélé. Le pélé “énerve” les évêques français.
Point de situation, et pistes pour l’avenir.
L’ombre de Mgr Lefebvre
Les organisateurs du pèlerinage de Chartres ont le mérite de la clarté.
Dans le livret du pèlerin, dès les premières pages, le nom de Mgr Lefebvre apparaît au moins 6 fois.
La source du pélé, de la FSSP, d’autres communautés (Riaumont, Chéméré, IBP, etc.) y est donc clairement rappelée. Dans les éditions précédentes, Mgr Lefebvre était cité également. Tout est dit clairement.
La générosité de l’Eglise dès 1988
Cette filiation s’explique par l’accueil de prêtres « tradi » en 1988 par le Pape Jean-Paul II, suite aux sacres de 4 évêques par Mgr Lefebvre.
Certes, ces prêtres devenus « Ecclesia Dei » n’ont pas suivi Mgr Lefebvre lors de ces sacres. Mais, y a-t-il un point de doctrine qui les distingue ? A priori aucun dans la doctrine, celle de la Chrétienté. C’est plutôt la relation avec l’Eglise officielle qui les différencie.
Quoi qu’il en soit, Jean-Paul II a alors clairement accepté la présence de ces prêtres « doctrinalement lefebvristes » dans l’Eglise officielle. Il a même demandé aux évêques d’accorder des permissions « larges et généreuses » à ce mouvement (Motu Proprio Ecclesia Dei).
Jean-Paul II ne leur a jamais fixé de limite de date, ni d’effectifs.
Finalement, par sa voix, l’Eglise a accepté la demande de Mgr Lefebvre (citée dans le carnet du pèlerin) : « laissez-nous faire l’expérience de la Tradition ».
Les évêques : mauvais joueurs ?
Cette « expérience de la Tradition » a porté des fruits, de beaux fruits : autres communautés religieuses, écoles, vocations, etc.
Plus encore, lorsque Benoît XVI a élargi à tous les prêtres la possibilité de se « tradiser », le mouvement s’est amplifié.
Certes, il serait faux de dire que tous les prêtres célébrant la messe tradi sont parfaitement convaincus de la doctrine traditionnelle. Mais le lien reste fort, entre doctrine et messe, comme l’a rappelé le Pape François, quand il a restreint les droits des prêtres par « Traditionis custodes ».
Voyant le succès du « monde tradi », les évêques s’acharnent à refuser de plus en plus ce que l’Eglise avait accordé avec Jean-Paul II. Notamment en France. Sans parler de la « démission » de Mgr Rey.
Est-ce honnête ?
Le « monde tradi » n’a pas changé de doctrine, ni de rites (par définition, d’ailleurs…). Il n’y a donc aucune raison de revenir sur ce qui a été accordé. Ce serait une rupture de confiance, alors que l’Eglise est censée « ni se tromper, ni nous tromper ».
Une fragilité : nos aumôniers
La question que tout le monde s’est posée au moment de « Traditionis custodes », c’est : que feront les prêtres Ecclesia Dei si l’Eglise leur interdit de dire la « messe tradie » ?
Reviendront-ils à une dissidence comme celle de leur inspirateur des années 1970, Mgr Lefebvre ?
Ou bien obéiront-ils aux ordres de Rome ?
L’avantage du pélé, c’est que ce sont des laïcs qui organisent. Les laïcs tiendront plus facilement que les clercs, ils ne sont pas soumis aux mêmes pressions hiérarchiques. Mais quid des aumôniers du pélé ?
Ils sont soumis à un chantage plus ou moins profond, avec des évêques qui leur disent en substance : « rentrez dans le rang, sinon nous pouvons supprimer les autorisations que nous vous donnons dans notre diocèse ».
Nous, laïcs, que faire ?
Nous n’avons pas de solution magique à proposer.
Tout d’abord, nous sentons que Mgr Lefebvre et la FSSPX avaient des raisons d’être prudents, en 1988, et lors du rapprochement éphémère avec Benoît XVI. Cela peut nous aider à les comprendre.
Ensuite, quelques pistes, pour nous, laïcs, pour faire sentir aux évêques que nous n’acceptons pas leur chantage :
- Créer et développer nos écoles hors-contrat, qui montrent aux évêques que leur force sociale principale est fragile
- Soutenir nos abbés par nos dons, et refuser de donner à la quête (qui va à l’évêque)
- Donner tous nos impôts « flèchables » (IR, IS, IFI) à ces œuvres
et… dernière piste, pour clôre cet article par le thème initial : - Faire du WE de Pentecôte un immense pèlerinage national, avec 100 pélés convergeant vers Chartres, et peut-être 3 ou 4 autres lieux symboliques (Reims, Lourdes, Cotignac), tous sous la bannière Notre-Dame de Chrétienté : passer de 19 000 à 100 000 pèlerins ! Avec une priorité donnée à Paris-Chartres, bien sûr !
Charles Rosiers, ancien chroniqueur au quotidien Présent
Bon si les prêtres de la Fraternité St Pierre reconnaissent enfin tout ce qu’ils doivent à Mgr Lefebvre c’est à dire leur existence c’est bon signe.