Concilier protection du patrimoine et injonctions écologiques – quand bien même la productivité des panneaux solaires n’atteint pas 20% en moyenne pour les modèles les plus coûteux – c’est possible. Dans l’est de la France, de plus en plus d’églises servent de support à des panneaux solaires. Au risque de soulever cependant divers questionnements, notamment esthétiques et patrimoniaux, mais aussi sur leur utilité réelle puisque le “printemps liturgique” issu du Concile Vatican II s’est transformé en long hiver des églises rurales en France.
L’évêque de la Haute-Marne : “l’église contribue ainsi à la vie des habitants“
En Haute-Marne, la mairie d’Ormoy-sur-Aube a installé une centrale photovoltaïque sur le toit de l’église – ce qui permet à la commune d’investir dans les énergies renouvelables sans rogner sur les terres agricoles, tout en rénovant la toiture de l’édifice.
“D’une puissance de 36 kWc, le retour sur investissement est prévu sur 11 ans et sachant que la totalité de la production de l’électricité est introduite dans le réseau, la vente permet de couvrir l’emprunt. En plus, la commune a bénéficié d’aides de la Région et du Département“, indique le Journal de la Haute Marne.
Le journal a même interrogé l’évêque de Langres : “Joseph de Metz-Noblat, l’évêque du diocèse de Langres, n’est aucunement choqué par ce genre de réalisation. « L’esthétique globale est préservée. Les tuiles solaires peuvent, en plus, être une source de revenu pour les petites communes. L’église contribue ainsi à la vie des habitants d’autant plus que les toitures des églises sont souvent les plus grandes surfaces utiles à ce genre de projet ». Il se dit même prêt à promouvoir de genre de projet“.
Clochemerle solaire en Alsace
Autre lieu, autre religion, autres débats. A Muttersholtz dans le Bas-Rhin, un collectif d’habitants veut installer une toiture solaire sur l’église protestante, avec le soutien de la municipalité. France 3 a interviewé le maire, Patrick Barbier : “Nous avons déjà réalisé plusieurs équipements en ce sens. Le toit de cette église est celui qui se prête le mieux dans la commune à l’installation de panneaux photovoltaïques, voilà pourquoi nous avons lancé un appel à propositions”.
Cependant, le projet ne fait clairement pas l’unanimité. “Mais à Muttersholtz, recouvrir l’église de panneaux solaires n’est pas sans soulever l’opposition de certains habitants. Ils étaient une cinquantaine à exprimer leur désapprobation lors de la réunion publique. « Ce bâtiment est le dernier édifice remarquable qui reste dans le village, argumente Jean-François Barth, porte-parole du collectif “Touche pas à mon église“. Nous ne voulons pas la gâcher pour quelques kilowatt/h par an.” L’habitant a lancé une pétition, qui a recueilli 450 signatures. Il se dit prêt à mener le combat jusqu’au bout au nom de l’intégrité architecturale de cette église dont les premières fondations remontent au XIIIe siècle“.
Le président du conseil presbytéral local, ennuyé par la polémique, cherche des échappatoires : ” nous sommes en train de rénover l’orgue et nous nous inquiétons des possibles risques d’incendie que pourrait entraîner l’installation de ces panneaux solaires”. Tandis que Jean-Sébastien Ingrand, le pasteur en charge des problématiques écologiques au sein de l’union des églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL), lui, soutient à fond le projet : “l’Eglise doit montrer l’exemple, prouver qu’elle est engagée dans les préoccupations de l’avenir. Nous avons à Muttersholtz une formidable occasion de le faire”.
Des églises converties en centrale solaire partout en France
Il n’existe pas de liste des églises couvertes de toitures photovoltaïques. Cependant, on peut relever Manspach, Griesheim sur Souffel ou encore Orbey en Alsace, Saint-Hilaire le Châtel dans l’Orne, Malaunay en Seine-Maritime, Wavrin dans le Nord, Saurat en Ariège – où le projet a été adopté à 8 voix contre 7 au conseil municipal, Saint-Nicolas à Fontvieille ainsi que l’église du Sacré-Coeur (Monaco), Origné en Mayenne…
Des installations pour la plupart récentes – après 2015, dans des communes rurales ne bénéficiant pas d’une forte insolation (projets de Monaco et ariégeois exclu), qui ont coûté dans les 150.000 €, n’ont été possibles bien souvent que grâce à des aides publiques et ne rapportent que des sommes relativement faibles (10.000€ ou moins, 2500 € à Origné) mais réelles, souvent réinjectées dans l’entretien du bâtiment.
Il y a aussi beaucoup d’antennes relais cachées dans les clochers ou sous les abats-sons.
Près de chez moi dans les Yvelines, c’est le cas à Montainville, Crespières et les Alluets le Roi.
J’en ai aussi remarqué à Mortagne au Perche, sur l’église paroissiale de Lourdes et sur la basilique de Pontmain.