Nous avons lu avec intérêt la dernière lettre de Paix Liturgique qui publie la synthèse de la Conférence des évêques de France suite à la demande de Rome de bilan du Motu Proprio il y a quelques mois.
Cette note est très instructive de l’état d’esprit général au sein de la Conférence Episcopale sur le sujet… et à le mérite de voir écrit ce qui nous est régulièrement remonté de plusieurs diocèses. Nous espérons aussi que les communautés Ecclesia Dei auront aussi remonté leur bilan de ce Motu Proprio aux instances romaines… qui ne peuvent avoir qu’une partie du bilan !
La Conférence des Évêques de France a réalisé un dossier intitulé : « Synthèse des résultats de la Consultation sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum demandée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en avril 2020 ». La synthèse proprement dite est un document de 10 pages, que nous publions ici. Il est suivi d’annexes (questionnaire romain, texte de Summorum Pontificum, etc.)
Ce document est d’un intérêt majeur. Dans de prochaines Lettres nous analyserons un certain nombre de passages de ce dossier. Nous nous bornerons ici à quelques remarques générales :
– « Politiquement », la réalisation de cette synthèse est une sorte de coup de force. La Congrégation romaine aurait dû elle-même analyser les réponses des évêques et en faire une synthèse générale. Mais, tant la Conférence italienne que la Conférence française (d’autres aussi, sans doute), ont décidé de faire elles-mêmes ce travail, ce qui permet, selon l’inclination habituelle des conférences d’évêques, d’élaborer une ligne générale, dans laquelle un certain nombre d’évêques ne se reconnaîtront pas, et de formuler des vœux censés être ceux de tous.
– Globalement, malgré l’énumération de constats positifs à propos de Summorum Pontificum (pacification, réponse à un besoin pastoral), systématiquement minimisés par le rédacteur de la synthèse, la CEF s’avère méprisante pour les participants à la liturgie traditionnelle : formation indigente des prêtres, c’est-à-dire pas assez conciliaire, et suspicions, pour la même raison, sur l’enseignement donné par la FSSP et l’ICRSP ; faible dynamisme missionnaire (pourtant l’âge et le taux de croissance…) ; prédications « médiocres » ; ignorance de la FSSPX déclarée « hors de l’Église ».
– Même si les chiffres donnés sont constamment revus à la baisse par rapport à la réalité (sans parler des affirmations fausses comme sur la non-participation des fidèles à la vie paroissiale), il apparaît clairement que la célébration de la messe traditionnelle ou FERR (forme extraordinaire du rite romain) est un désormais un fait acquis en France.
– Mais fondamentalement, la CEF ne supporte pas l’exclusivisme assez général des prêtres, des fidèles, ni le catéchisme qui va avec, et voudrait mâtiner la FERR d’éléments de la forme ordinaire. Les évêques – dixit la CEF – voudraient recourir davantage à des prêtres diocésains pour célébrer la FERR, mais ne le peuvent pas par manque de personnel (ce qui est fort regrettable, en effet).
– Un certain nombre de renseignements donnés au fil des pages sont particulièrement intéressants : l’intérêt confirmé de séminaristes pour cette liturgie, qu’ils doivent satisfaire généralement par eux-mêmes ; les infléchissements (donnés comme marginaux) de la forme ordinaire à cause de la présence de la FERR ; l’engouement (préoccupant pour la CEF !) des jeunes pour la liturgie traditionnelle.
– Les vœux présentés à Rome en fonction de la question 9 (« Quels conseils donneriez-vous au sujet de la forme extraordinaire du rite romain ? »), se résument à deux :
– « Être vigilant à ne pas étendre la FERR » ;
– Et surtout, contraindre les prêtres et les fidèles de la FERR au bi-formalisme.
À juste titre – mais pour s’en lamenter –, le document de la CEF relève que l’attachement à la liturgie traditionnelle a des fondements doctrinaux qui divergent de ceux sur lesquels repose la forme ordinaire. « Un monde à part, une Église parallèle se dessine », dit pathétiquement le document, porte-parole d’un épiscopat épuisé, qui veut ignorer que Summorum Pontificum tentait justement d’établir vaille que vaille une coexistence pacifique. Cette coexistence est manifestement insupportable aux organes de la Conférence des Évêques de France.
Synthèse de la Conférence des Evêques sur l’application du Motu Proprio de 2007
Personne ne sera content, il faut pourtant que certaines choses soient dites.
L’allergie de l’épiscopat à la forme extraordinaire (FE) devrait les interroger eux-mêmes. Certains gestes autorisés ne leur posent pas de problèmes : communion dans la main, ouverture des mains au Notre Père… pourquoi cette crispation sur le latin ? Question candide, qui ignore volontairement l’Histoire, mais qui demeure : cette crispation sur la FE, et sur la FE seulement, est-elle un signe de pleine liberté spirituelle et de paix intérieure ? Pas sûr.
Pour les fidèles FE (dont je fais partie), il faut être honnête : beaucoup n’ont pas compris que le renouvellement des générations ouvrait grand les diocèses, et qu’il fallait s’y investir en masse. Une sorte de Sens Commun dans l’Eglise, sauf que dans l’Eglise ça aurait eu plus d’efficacité. Une belle occasion ratée, peut-être pas encore fermée. Ensuite, et le point est grave, il y a deux commandements dans l’Eglise : aimer Dieu, ce qui inclut le culte et l’union continuelle du coeur avec Dieu. De là découle le 2e commandement : aimer son prochain comme soi-même, selon le trop plein du coeur qui découle de l’union du coeur avec Dieu. De là une certaine charité, une douceur dans les rapports avec le prochain et une volonté d’aller vers lui. De point de vue, il est difficile de nier qu’il y a une vraie marge de projet (quelque soit le rite employé, c’est vrai. En général, l’ouverture est plus facile dans les grandes villes, l’anonymat de la foule permettant peut-être de savoir qu’on peut toujours se fondre dans la foule comme dans une zone refuge. A la campagne, l’anonymat est impossible, et l’union fraternelle vraiment héroïque). Je mentionne ce point parcequ’il est souvent défaillant. Il semble que ce soit lié à la génération, à la taille de la ville, et aussi à une certaine conscience et profondeur de l’amour de Dieu. Le culte ne suffit pas, s’il n’y a pas une volonté continuelle et concrète d’union au Coeur de Jésus.
PS : qu’on ne s’y trompe pas cependant : le plus grand problème est celui du refus de certains clercs d’appliquer les décisions pontificales. C’est là, et de loin, le plus grand scandale. La persistance d’un tel autisme du coeur interroge : pourquoi ont-ils tant de mal à comprendre ce qui attire les fidèles vers la forme extraordinaires ? Quant aux difficultés des fidèles se trouvent dans toutes les communautés (latin ou pas), même si celles en latin n’y échappent pas (et elles devraient, car elles sont plus scrutées que les autres, et devraient montrer l’exemple des merveilles de l’amour de Dieu).
Pauvres évêques (enfin la plupart) qui se révèlent d’un sectarisme à toute épreuve. Au lieu de se servir de la Foi qui règne chez les fidèles de la Messe St Pie V, ils se gaussent. Quand on voit les résultats pathétiques qu’ils ont dans leurs diocèses. S’ils étaient “normaux” ils se poseraient des questions et chercheraient pourquoi ça ne marche pas chez eux. Mais non, on enfoui la tête dans le sable et on achève le travail de destruction qui a été commencé
Bi formaliste?
C’est un peu comme si on obligeait les homosexuels, pour avoir le droit de suivre leur penchant (certes contre-nature), à être bi régulièrement.
Excellent, merci à Paix Liturgique.
La première remarque est phénoménale !
Les évêques français vont se libérer quand ? Demain, le 20 janvier ?
Quoi de plus naturel que les catholiques préfèrent garder leur liturgie et respecter le Saint Sacrifice de la Messe ! Ils attendent avec impatience de remettre le Christ Jesus au milieu de son Église avec sa très Sainte Mère.
Les catholiques ne sont pas séduits comme Jean-Paul II à embrasser le coran, ni à faire le jeu des hérétiques protestants et des francs-maçons comme Paul 6, ni à se prosterner à plat ventre parterre devant la déesse sud américaine (et pas belle) pour l’adorer, comme les acolytes conciliaires de Bergoglio dernièrement au Vatican ! Alors que les mêmes ne se mettent même plus à genoux devant le Christ Dieu qu’ils ont relégué avec la très Sainte Vierge Marie sa mère ! etc …
Depuis longtemps les conciliaires ont confirmé leurs totifrotis avec les ennemis de l’Eglise. Ni bi-catholiques, et avec une religion pas du tout parallèle, ils se sont destinés par leur orgueil ´créatif ´ et leurs renoncements à tomber dans un cul de sac vide.
Continuons à prier, le Christ n’abandonnera pas son Église, qu’il nous donne beaucoup de saints prêtres et beaucoup de saintes vocations religieuses dont nous avons tant besoin pour avoir des évêques, des cardinaux et des papes catholiques.
L’encéphalogramme “des évêques de France” reste toujours aussi plat et pourtant nous avons reçu tant de signaux d’avertissements céleste et terrestre en 2019 (incendie de Notre Dame) et 2020 (“auto-interdiction” des cérémonies religieuses au sens large décidée par les évêques eux-mêmes, y compris pour certains malades décédés du COVID-19).
Faudra-t-il leur enlever la crosse la mitre pour qu’ils réagissent enfin ?
Mais enfin, pourquoi les “bons évêques” considérés comme “pro-Summorum Pontificum” ne ne sont pas désolidarisés de tels propos ?
Là aussi, il faudra que les choses changent. Je ferai déjà remarquer qu’ils ne sont pas venus à la manifestation de dimanche 17 janvier pour la défense de la vie.
Mes bien chers Amis,
Il reste donc si peu de Foi! “Quand le Fils de l’homme reviendra sur terre, trouvera-t-Il encore la Foi?” C’était bien entendu l’Homme qui parlait, en tant que Dieu=union hypostatique, évidemment, Notre Seigneur Savait! N’oublions jamais ces Grandes Leçons, prions, méditons, contemplons, faisons l’exercice de l’Elévation à Dieu! Le Saint Rosaire (La Salette, Lourdes, Pontmain, Pellevoisin, Banneux, Beauraing…
Pénitence, pénitence, pénitence… Ne jugeons surtout pas: après tout, ne sommes-nous pas tous que de pauvres pécheurs! Et nous n’avons même pas le droit de nous juger nous-mêmes! Pas le choix: le Juge sera, qoiqu’on en veuille toujours Le même, tout le monde le sait! Par contre, pour l’eau tiède, je suis innocent (pour une fois), ce n’est pas moi! Pour le reste, même si l’on n’a pas commis l’irréparable, s’en croire capable sera toujours vrai!
Courage, Votre Grandeur!
C’est bien par le début qu’il faut commencer, pas par la fin. En très grande union de prières,
Avec mon plus grand respect et en union de prières.
Je ne sais pas grand’chose: je ne suis qu’un pauvre pécheur, mais cela, au moins, je le sais!
Très humblement vôtre, le petit rien du tout.
Je regrette profondément le point de vue épiscopal officiel.
En effet en participant à la messe traditionnelle, nous avons le sentiment de nous reconnaitre dans les chants que nous connaissons, en français ou latin, sentiment d’appartenir à une véritable communauté qui “communie” dans le chant. Jamais je n’ai ce sentiment de communauté dans ces messes où les chants n’ont aucune beauté, personne ne les connaît, ils ne résonnent pas en nous, ils ne nous évoquent rien. C’est pourquoi les jeunes veulent cette liturgie, qui est belle et nous transporte.
Dans le département du Calvados où j’habite actuellement, malheureusement, personne ne connaît ces chants “modernes”, pourtant désormais vieillots, et ces chants au cours des messes sont lamentables.
Pourquoi refuser la beauté qui mène à Dieu ?
Ce résumé révèle une fois de plus que la CEF poursuit sa ligne dictée par la franc maçonnerie.
Heureusement, l’Esprit Saint veille, et les jeunes prêtres seront sans doute moins faciles à maîtriser que leurs ainés soixante-huitards.
Il fallait bien sortir ce torchon pendant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens ! Quelle maladresse! On invite le Pasteur protestant , pendant qu’ on calomnie et on tape sur le Frère catholique !
Qui l’a écrit? Pas de signature . Des anonymes apparemment. Tous les évêques l’ont lu avant publication ?
Pas une mise en garde d’un seul d’entre eux ! Viendra t’il cet erratum? Je devine qu’un certains nombres d’eux vont se faire entendre à la maison de l’épiscopat parisienne..
On peut aussi faire un état des lieux pour la Messe Montini-Bugnini et il y aura à dire ! Il faut s’interroger sérieusement sur son origine plus que douteuse.
La Constitution Sacro Sanctum Concilium sur la liturgie n’est pas appliquée; ni étudiée et est jetée aux orties; elle n’est pas mise en œuvre correctement Le concile est dépassé pour les milieux for. J’assiste à la Messe ordinaire depuis le début et la décadence se poursuit inexorablement d’où l’abandon de nombreux catholiques pour la Messe dominicale. Il faut que les évêques se ressaisissent rapidement sinon cette forme ordinaire de la Messe va disparaitre.
Il faut des nominations épiscopales de prêtres maitrisant les deux formes et qui fassent appliquer correctement la For;
Quant à moi je participe aux deux formes et mon choix va sans hésitation pour la Messe de Jean XXIII qui a assurément un bel avenir !
Les commentaires sont intéressants. Certaines questions sont légitimes :
– pourquoi est-ce que les évêques laissent un organisme bureaucratique confisquer leur parole ?
– quand et que faudra-t-il pour que les évêques reprennent autorité sur les rédacteurs de leurs compte-rendus ?
– qui exigera avec suffisamment de force la dissolution de la CEF, et quand ?
Les autres questions sont de plus long terme. Cela étant, la dissolution de la CEF me paraît un objectif consensuel (pouvant fédérer catholiques sincères de toutes les tendances), et réaliste (la CEF n’est pas bien établie théologiquement. Plus d’un évêque doit râler, mais en sourdine, donc l’édifice est déjà affaibli). Question suivante : qu’est-ce qui motivera les laïcs en nombre suffisant pour enfin passer à l’acte ? La question du COVID, de la perte de foi publique dans les vertus de la prière et de l’eau bénite (y compris à Lourdes !!), les acceptations des limitations de messe ont frappé plus de gens que la question (réelle, mais ancienne et peu fédératrice) de la messe en latin. Pour autant, tout le monde aurait intérêt à commencer par supprimer la CEF. C’est même plutôt enthousiasmant, et puis ça ferait de économies – et en limitant l’impact carbone, ce serait bon pour la planète ! Qui lance la pétition ?
“Plusieurs évêques soulignent l’importance d’offrir cette possibilité de célébration pour permettre aux fidèles de conserver un lien avec l’Eglise catholique et ainsi leur éviter de chercher à rejoindre des communautés ou des lieux desservis par les prêtres de la FSSPX. Toutefois, lorsqu’un lieu tenu par la FSSPX se trouve à proximité, il n’y a pas de flux notable de retour à l’Eglise catholique” (page 2)
” (SP) évite quelques départs vers la FSSPX” (page 3)
” (L’archevêque de Rennes nous dit : ) la FSSPX a catégoriquement refusé le prêtre que j’ai envoyé (pour un mariage)” (page 5).
Autrement dit : l’ennemi c’est la FSSPX, qui ne fait pas partie de l’Eglise catholique, même si Mgr d’Ornellas s’obstine à leur envoyer des prêtres. Pourtant, le rédacteur du libelle s’en prend systématiquement à la FSSP, ces mauvais camarades qui ne veulent pas célébrer selon le nouvel ordo. “C’est à vous que je parle, ma soeur”.
Autre incongruiité ; “célébrer ad orientem peut être un antidote au risque de cléricalisme”. Là, on demande un dessin …
C’est vraiment consternant de lire un tel rapport. Et à une époque où l’on a le mot transparence sans arrêt à la bouche dans les hautes sphères, là on ne sait absolument rien sur la façon dont les diocèses ont travaillé sur le dossier et si les évêques ont rencontré des fidèles de la FERR. Mais il est vrai que dans certains diocèses, l’on préfère des églises fermées et l’absence de pratique religieuse catholique que des églises confiées à des prêtres FERR.
L’ouverture aux autres, oui, mais pas catholiques désirant la messe de toujours.
réponse à Arôme (son courriel du 24 janvier 2021)
Tout à fait d’accord avec vous, “trace carbone” excepté (ce nest pas la peine d’imiter Greta).
Il revient à la VRAIE presse catholique, qu’elle soit sur papier ou en ligne, de lancer cette pétition demandant la suppression de la CEF
Il me semble que l’on devrait agir comme cela.
Plus exactement : il revient à plusieurs associations ayant le souci du maintien de la tradition au sein de l’Eglise catholique de se concerter pour définir ensemble les termes de cette pétition et demander à ladite presse de la faire publier.