La Nef (n°321) ouvre ses colonnes à Don Jean Pateau, Père Abbé de l’Abbaye Notre-Dame de Fontgombault (Indre). Il répond notamment sur la question de la liturgie :
Depuis le motu proprio de 1988, votre abbaye a repris la « forme extraordinaire » du rite romain : comment vous situez-vous sur cette question liturgique et jugez-vous qu’elle a évolué depuis cette date, et notamment depuis l’autre motu proprio, celui de Benoît XVI en 2007 ?
L’abbaye bénéficie d’un régime un peu particulier. Nous usons pour la Messe conventuelle d’un rite proche du Missel de 65, intermédiaire entre le Missel de 62 et le Missel actuel. Par ailleurs, nous utilisons le nouveau calendrier pour le sanctoral. Il est incontestable que le droit de cité du Missel de 62, appelé désormais forme extraordinaire, s’est affermi et pacifié depuis 1988. Considérant l’immense trésor de la liturgie, tant au plan des rites que du chant grégorien, il serait souhaitable que l’Église en fasse davantage bénéficier ses fidèles. Une liturgie qui atteint son but met en contact avec Dieu. Il n’est pas nécessaire que le fidèle comprenne tout. Mais il est indispensable qu’il comprenne que ce à quoi il assiste est saint, et que cela le porte à la sainteté. Je persiste à penser que l’influence mutuelle des deux missels, telle que proposée par le pape Benoît, serait d’une grande fécondité pour l’Église. L’enrichissement de l’Ordo Missæ actuel en offrant la possibilité d’user de la formule de l’offertoire selon la forme extraordinaire, des gestes traditionnels d’adoration (signes de Croix, génuflexions) répondrait aux attentes de bien des prêtres. Pourquoi avoir peur de cela ? Le retour du sacré réconciliera les fidèles avec la célébration de la Messe. Voyez le succès des processions, des fêtes des saints locaux, qui reviennent au goût du jour. Une belle liturgie attire les familles et les jeunes. C’est indéniable. La liturgie est le lieu de la rencontre de la communauté avec celui qui est le Vrai par excellence, le lieu où Dieu dit son Nom : « Je suis » (Ex 3,14). L’homme aime entendre et réentendre cette parole.
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