A propos de la bronca politico-médiatique qui a suivi la nomination par Benoît XVI du nouvel évêque de Bruxelles, Mgr Léonard, le blog “Pensées d’outre-politique” constate qu’en Belgique, avoir la foi est perçu comme être intégriste :
“(…) je connais de loin le nouvel évêque de Bruxelles et ancien évêque de Namur, pour l’avoir croisé en diverses occasions. J’ai toujours vu en lui un grand intellectuel, un homme diplomate, chaleureux et spirituel, et un prêcheur d’une éloquence remarquable. Visiblement, il est aussi une bête de scène médiatique, qui a eu les honneurs de l’émission Strip-Tease. Bref, le genre d’ecclésiastique qui galvanise ceux qui ont la foi, un pasteur dont les discours ne ressemble pas à la guimauve indigeste qu’on entend souvent dans nos églises. Du coup, bien sûr, cela irrite profondément ceux qui n’ont pas la foi : on n’aime pas entendre les choses qui fâchent.
Et il faut dire qu’en Belgique, niveau désert spirituel, il y a de quoi faire. Auparavant évêque de Namur depuis 1991, diocèse qu’il a remis debout, Mgr Léonard avait été très contesté au sein de son église locale. Non pas parce qu’il était « catholique réactionnaire », comme le répètent depuis quelques jours tous les médias belges, mais simplement, parce qu’il essayait d’appliquer les préceptes de la religion à laquelle il appartient. Étonnant, non? Le nouveau primat de Belgique avait par exemple eu toutes les peines du monde à faire comprendre à ses fidèles qu’à l’évidence, tel prêtre de son diocèse ne devait pas vivre au presbytère avec sa maîtresse. Non, ça, ça n’était pas possible. Il est vrai que refuser, à notre époque, que les prêtres se marient – à une époque où le mariage est considéré comme has been, mais passons – montre un conservatisme scandaleux.
Vous rendez-vous compte? Mgr Léonard est également à rebours des évolutions sociétales choisies par la Belgique, comme le constate cet éditorial du Soir : « La stupéfaction provient du total décalage entre les positions vaticanes, prônées avec un prosélytisme sans complexe par Mgr Léonard sur l’euthanasie, le divorce, la bioéthique, l’homosexualité, et les évolutions récentes de la société belge, qui loi après loi, est devenue la plus progressiste d’Europe. Evolutions souvent partagées, voire souhaitées par nombre de catholiques belges. Mais le Vatican est tout-puissant, et le Pape, un souverain absolu. Cette nomination est le fait d’une Eglise qui n’est pas une institution démocratique. »
Oui, en effet, le Vatican n’est pas une institution démocratique. Elle a pour but de délivrer un message, qui n’a pas vocation à évoluer dans le temps au gré des caprices des époques successives. Heureusement, il reste des institutions qui ne changent pas de cap tous les cinq ans : félicitons-nous en! Exhiber des sondages qui ne signifient rien est donc d’une stupidité sans nom. A la différence d’un élu, un évêque ne doit pas, lorsqu’il agit, songer à être populaire. Cela lui évite d’ailleurs d’être populiste et de privilégier les décisions à la petite semaine.
Oui, en effet, Mgr Léonard n’a aucun complexe à prôner les positions du Vatican. Étrange pour un évêque de l’Eglise catholique.
Oui, en effet, Mgr Léonard n’a aucun complexe à dénoncer les évolutions sociétales belges s’il n’est pas d’accord avec elles. Le fait qu’un grand nombre de catholiques belges ne partagent pas cet avis est inopérant : peut-être que tout bonnement, ils ne sont pas catholiques ?»
Arthur Leroy