Madhumati Thakur, une jeune Indienne de 22 ans, a été assassinée mi-juin à Hadapsar, près de la ville de Pune, au Maharashtra (ouest de l’Inde). Selon la police, son assassinat est lié à un réseau de trafiquants d’ovules et de voleurs d’enfants. Issue d’un milieu pauvre, la jeune femme aurait été approchée par des femmes qui auraient cherché à la convaincre de donner ses ovules contre rémunération. Face à son refus, elles l’auraient assassinée et lui auraient volé son bébé âgé d’à peine un mois. Celui-ci a été retrouvé sain et sauf par la police dix jours après la date présumée du meurtre de sa mère. La police poursuit son enquête, afin de savoir si un réseau plus vaste de trafic d’enfants et d’ovules ne se cache pas derrière cette affaire.
Le trafic d’ovules ainsi que la gestation pour autrui (GPA) prospèrent en Inde. Ils permettent à des femmes pauvres d’aider leurs familles à sortir de la misère, à certains couples de devenir parents, et aux cliniques et aux intermédiaires de s’enrichir.
En 2002, une loi autorisant la GPA et la rémunération des mères porteuses a été votée en Inde. Des cliniques se sont très vite spécialisées dans cette « industrie », répondant aux nombreuses demandes d’adoption domestiques et étrangères. En juillet 2015, Le Journal International rapportait que 25 000 couples étrangers se rendaient chaque année en Inde pour utiliser les services de mères porteuses, représentant 85 % des clients de cette industrie. « C’est un énorme business, rapporte Jose K. George, professeur du droit de la famille à la Christ University de Bengalore. L’économie de certaines localités du nord-ouest de l’Inde repose entièrement sur cette activité. »
Des ovules « de qualité » proposés à des prix défiant toute concurrence
Si la GPA est interdite dans de nombreux pays (notamment en France, en Allemagne, et en Espagne), elle est autorisée aux Etats-Unis et en Inde, mais, dans ces deux pays, les frais engagés pour une GPA n’atteignent pas les mêmes plafonds. Là où une GPA peut coûter jusqu’à 80 000 dollars aux Etats-Unis, elle revient à « seulement » 30 000 dollars en Inde. Aux yeux des étrangers, les cliniques spécialisées indiennes présentent de forts atouts : des médecins qualifiés et anglophones, des donneuses d’ovules qui sont présentées comme ayant été soigneusement sélectionnées – d’un âge généralement inférieur à 25 ans, de rang social élevé, ayant réalisé de bonnes études –, et des mères porteuses dont les tarifs sont cinq fois inférieurs à ceux qui se pratiquent aux Etats-Unis, rapporte une enquête publiée le 1er avril dernier par le quotidien britannique The Guardian.
La rémunération proposée à une mère porteuse en Inde tourne aux alentours de 8 000 dollars, une somme qui équivaut à environ sept années de revenu en milieu rural. En Inde, où 21,9 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté selon les chiffres 2011 de la Banque mondiale, cette somme attire de nombreuses femmes. Il n’est pas rare que ces femmes acceptent, plus ou moins contraintes par leur entourage, de porter un enfant pour rembourser des dettes contractées par ailleurs. De plus, si les cliniques mettent en avant l’excellence de leurs services, dans la réalité, les conditions réelles faites aux femmes dont l’utérus est ainsi utilisé sont loin d’être reluisantes.
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