Notre pays semble avoir perdu la boussole, les décisions sont prises en tous sens parfois sous la pression, souvent en réponse à un calcul politique. Pire, tout semble devoir se régler par la force et la contrainte, le plus fort écrasant le plus faible de sa toute-puissance. Le médico-social ne semble pas devoir déroger à la règle. La servilité des Directeurs d’établissement, écrasés par la surcharge de travail et des responsabilités, y fait souvent écho à la tyrannie des administrations.
Pourtant de belles choses se font ici et là, mais dont la communication est étouffée par le brouhaha ambiant qui en interdit ainsi la connaissance. L’urgence est pourtant là, qui nous invite à calmer le jeu et par usage de notre intelligence, à reconstruire au sein de notre société une relation apaisée et respectueuse de tous.
Dans les maisons de retraite affublées aujourd’hui de ce nom barbare d’EHPAD, un personnel s’active pour le bien-être de la personne âgée. Son dévouement est malheureusement bien peu reconnu et est trop souvent pointé du doigt par une presse plus prompte à mettre en avant les « canards boiteux » du système que les innombrables établissements où il fait si bon vivre.
À jouer ainsi la disqualification permanente, nous assistons sur le terrain à un mal-être grandissant qui s’accroît d’autant plus qu’à la non-reconnaissance s’ajoute une charge de travail grandissante. En effet, les personnes qui entrent maintenant dans ces établissements sont dans un état de lourde dépendance et elles sont accueillies par un effectif de personnel désespérément stable et insuffisant.
À tout cela s’ajoute une avalanche administrative, qui perd peu à peu tout son sens car comment digérer convenablement ce flot d’injonctions, de préconisations ou de mises en demeure, voulue par les réglementations sans cesse amplifiées. Comme le dit l’adage : « trop d’informations tuent l’information ». Un salarié de maison de retraite doit connaître et appliquer plus de 1000 pages de consignes, protocoles et autres préconisations!
Cette avalanche administrative vient, pour une bonne part, répondre au principe de précaution aujourd’hui devenu psychose de précaution.
Où est l’humain dans tout cela. Le temps est devenu un luxe que l’on ne peut distribuer qu’avec parcimonie au détriment de l’usager dont c’est l’attente première. Il devient urgent de remettre la personne âgée au cœur de nos préoccupations.
Avec force et courage, il est possible de vaincre, obstacle après obstacle, une situation désastreuse, héritée et entretenue par ceux qui nous gouvernent depuis si longtemps, trop longtemps peut-être. Ils ont perdu tout sens de l’intérêt commun parce qu’ils se sont coupé des réalités qui se vivent quotidiennement sur le terrain.
Osons parler de la vieillesse. Elle est belle pour qui sait la contempler pourvu que la santé ne soit pas trop détériorée. Et même dans ce cas, une présence aimante auprès d’elle permet d’y découvrir encore de multiples trésors.
Respectons nos anciens. Nous leur devons tout et plus encore. Parfois, pourtant, l’oublions-nous. Agissons pour que les métiers du social, si respectables parce que si beaux dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils sont et dans ce qu’ils donnent, soient enfin reconnus à leur juste valeur.
Notre pays est malade car il ne reconnaît plus aujourd’hui que les « producteurs » d’argent et a oublié la richesse des valeurs humaines, que nos gouvernants foulent impunément.
La France n’a jamais été plus belle que lorsque unie, fière de son histoire, elle a su défendre ses valeurs.
Nicolas Martinet
Source Cyrano.net