5 000 !
5 000 adultes baptisés dans la nuit de Pâques se réjouissent en cœur nos évêques ! Alléluia disons-nous ! Comment en effet bouder ce signe de vitalité d’une Eglise qui missionne ? Et le triste sire qui oserait modérer l’enthousiasme de cette nuit pascale ne mérite pas la miséricorde pourtant si large cette année.
Malheureusement il est un devoir de constater que ce ne sont pas des matins qui chantent qui attendent nos nouveaux baptisés au lendemain du grand soir. Préparation spirituelle inexistante, accompagnement spirituel aux abonnés absents et parcours catéchétique erratique sont souvent le lot des deux années de catéchuménat. Il est dommage de voir que bon nombre de nouveaux baptisés ne sont pas armés pour vivre la réalité de l’église aujourd’hui, animés de leur ardeur missionnaire, ils vont se heurter à des structures ecclésiales aux prés bien au carré, à des services de pastorales jaloux de leurs prérogatives ou à une sécularisation rampante de la pastorale. On pourrait répondre que la Grâce du baptême permet toutes les audaces et qu’en secouant bien leurs sandales, ils finiront bien par en faire tomber la poussière et on aurait raison. Mais en matière conjugale, bon nombre d’entre eux héritent de situations inextricables du fait de leur nouvel état. Divorcés remariés nouvellement convertis, concubins civils, couples de dialogue inter-religieux, pourquoi les envoie-t-on au carton faute d’avoir été suffisamment clairs sur les implications et complications que génère leur nouveau statut de baptisé aspirant à la sainteté ? Comment le nouveau chrétien va-t-il pouvoir expliquer à son conjoint que dorénavant il va falloir vivre comme frère et sœur, leur union libre n’étant pas précisément un sacrement ? Tout à la joie d’accompagner le nouveau converti vers les fonds baptismaux, nos pasteurs en ont souvent oublié de régulariser leur condition. Comme en matière de préparation au mariage quand nulle urgence ne presse à passer devant monsieur le curé, il pourrait être sage de temporiser et régulariser avant de lancer dans la nature des âmes encore bien fragiles.
Il y a une responsabilité grave à prendre ces enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages.
Paul Sornins