Lorsqu’il s’agit d’exercice, on ne reste pas sans rien faire, on s’exerce – on l’aurait deviné – autrement dit, on fait de l’exercice, comme le sportif à l’entraînement ou le militaire en manœuvre. Justement, Saint Ignace de Loyola compare les Exercices spirituels à l’exercice physique. La comparaison pourra plaire aux sportifs et elle plaira moins à ceux qui ne le sont pas, mais elle a au moins le mérite de renvoyer à notre responsabilité pour la conservation de notre intégrité personnelle.
De fait, les vertus de l’exercice physique ne sont plus à présenter, bien qu’aujourd’hui il ne soit pas rare que les médecins invitent leurs patients à marcher au moins vingt minutes par jour, à cause d’une activité trop sédentaire. De même, sommes-nous invités par Ignace à nous exercer à marcher sur le chemin de la rencontre avec le Seigneur pour ne pas rester ankylosés à force d’être immobiles.
Il s’agit de s’exercer à gagner en souplesse et en force dans la dimension qui nous fait être non pas seulement des habitants de la terre, comme le sont les autres créatures, mais aussi des habitants du Ciel : notre âme. Oui, nous pouvons exercer notre âme pour gagner en agilité et devenir des enfants de Dieu avisés ! (cf. Lc 16, 8)
Par exercice spirituel et le fait de s’exercer, Ignace désigne au fond simplement le dialogue de la prière, mon dialogue avec Dieu. L’expérience quotidienne des relations humaines montre que le dialogue demande à s’exercer, sans quoi nous tombons rapidement dans l’enfermement, les préjugés et l’incompréhension.
Mais ce dialogue avec le Seigneur a une visée concrète, pratique : la mise en œuvre d’un projet.
Selon Ignace s’exercer prend diverses formes : examiner sa conscience, méditer, contempler, prier vocalement et mentalement, et encore d’autres opérations spirituelles comme se signer, se mettre à genoux, se prosterner, s’asseoir, se lever, imaginer, vouloir, connaître, voir, regarder, écouter, entendre Jésus et les autres personnes de l’Évangile, considérer ce qu’ils font, demander la grâce, rendre grâce, s’entretenir avec le Seigneur comme un ami parle à son ami, se rappeler, tirer profit, s’émouvoir, s’attrister, se réjouir, pleurer, sentir, connaître, discerner, choisir… La vie quoi !
Nous le voyons, ces exercices spirituels, cet exercice du dialogue avec le Seigneur, nous touchent tout entier, dans tout ce que nous sommes, tête, corps et âme, cœur, conscience, action. Par eux, Ignace rejoint ce à quoi l’homme moderne tient le plus, sa liberté, pour l’aider à s’épanouir avec le secours de la grâce à sa pleine mesure, à la stature de l’Homme Nouveau. Ignace nous fait redécouvrir notre liberté : nous sommes appelés et attendus, nous sommes connus, aimés et bénéficiaires d’une confiance inouïe de la part du Seigneur.
Voulons-nous y répondre et y correspondre ? Voulons-nous de Dieu comme allié ?
Pour reprendre la comparaison de l’exercice physique, s’exercer vise à ne pas se laisser gagner par l’atrophie de l’égoïsme, par l’essoufflement de la paresse spirituelle, l’embonpoint intérieur du confort, le négligé du laisser-aller de la conscience, la dureté de l’orgueil, la raideur de l’amour-propre, le fatras des désirs contradictoires, la crampe du pardon à donner ou à recevoir, etc… De même que ceux qui préfèrent le sport à la télévision sont invités à ne pas être seulement spectateurs mais à entrer dans le jeu, de même, il s’agit deprendre conscience que nous sommes appelés sur le terrain de l’exercice spirituel. Car de fait, consciemment ou non, nous sommes partie-prenante…
P Marc
Source, cpcr
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