Les éditions du CNRS publient un ouvrage sur les prosélytismes, sous-titré, les nouvelles avant-gardes religieuses.
Voici la présentation qu’en donne le communiqué de promotion.
Attentats en France, extension spectaculaire de l’évangélisme et du salafisme, repli des communautés juives, fronde catholique contre le mariage pour tous, recrutement de djihadistes sur Internet, laïcité « universelle » contre foulard confessionnel… la question religieuse électrise la sphère politique et sociale. Cette actualité brûlante place la question du prosélytisme au cœur des combats politiques et sociaux d’aujourd’hui. Des débats où les trois grandes religions apparaissent à l’avant-garde.
Outre le fait que les directrices du recueil sont des spécialistes de l’Islam et de l’Afrique plus que de l’Occident, outre le présupposé fondamentaliste de la ligne, il est intéressant de voir combien, vu de l’extérieur, le prosélytisme est un fourre-tout indifférencié qui amalgame évangélisation, conversion forcée, conquête islamique et intégrisme de tous genres. Il est assez curieux, par exemple d’inclure les juifs dans un ouvrage sur le prosélytisme, sauf, comme l’auteur de l’article à assimiler “désaffiliation” à du prosélytisme.
Vous l’aurez compris, encore un ouvrage scientifique (annoncé tel en tout cas), qui considère le monde des religions comme un objet d’étude sociologique global, selon des trames de lectures indifférenciées et donc non adaptées.
Nous avions déjà souligné une timide prise de conscience de ce phénomène chez les sociologues. Cependant, l’étiquette CNRS, donne une sorte de blanc-seing, à ces approches qui, si elles sont systémiques et peut-être rigoureuses, n’en sont pas moins totalement inadaptées.
Il est impossible de mettre sous le vocable “prosélytisme” tous les mouvements ou actions visant à faire des prosélytes. Et ce n’est pas avec des amalgames, commodes pour le scientifique et le journaliste, qu’il sera possible de rendre la vérité d’une situation concrète et cuisamment existentielle pour les fidèles.
La véritable question qui dérange est le “retour du religieux”. Un retour que le milieux scientifique et idéologique athée ne peut comprendre, dans la mesure où il le mesure avec un baromètre inadapté.
La foi, même quand elle est rationnelle, est avant tout existentielle. Sa compréhension, et les ressorts de sa puissance active n’entrent pas dans des cases analytiques. Les études scientifiques ne parviennent pas à l’appréhender, parce qu’ils l’ont expurgée de son cœur même. La foi n’est pas une donnée de la vie sociale, elle englobe l’intégralité de la vie sociale et donc de la personne. Et de fait, elle en est le principe actif, ce que les athées ne peuvent intégrer et que l’enfouissement post Vatican II a contribué à expulser du quotidien.
Le prosélytisme, nécessairement multiforme, n’est pas une avant-garde religieuse, il est la suite naturelle de la foi. En ce sens, il y a autant de prosélytismes que de fois différentes dans le monde. Ainsi compris, foi et prosélytisme s’intègrent différemment dans la société, puisque la foi repose sur une conception du monde qui guide tout autant la vie du croyant que sa manière de susciter de nouveaux adeptes.
Voir l’évangélisation comme un prosélytisme conservateur de survie pour gagner des fidèles est tout aussi étranger au christianisme qu’imaginer des imams missionnaires n’est dans la nature même de l’Islam.
En réalité, les chercheurs du CNRS et d’ailleurs se raccrochent aux dernières branches de leurs certitudes face à un monde qui leur échappe, pour avoir exclu le religieux de leurs données fondamentales.