par Daniel Hamiche, directeur de la rédaction de Riposte catholique. Une lettre ouverte qui ne ferme pas l’affaire… bien au contraire !
“Je n’entrerai pas, Camille Polloni, dans le débat de savoir qui, de la poule ou de l’œuf, est premier, puisque, entre l’article d’Augustin Scalbert du 6 avril et le vôtre du 20, l’opinion d’Inrocks.com semble varier : dépréciative sur les méthodes des « Infiltrés » quand il s’agit des pédophiles, mais appréciative dès lors que des catholiques en sont et l’objet et les victimes. Ce distingo est trop subtil pour moi. M’est avis, tout de même, que solliciter des gamins à proférer des propos antisémites, après les avoir sans doute “chauffés”, est un délit passible de 7 années de prison et de 150 000 euros d’amende, alors que se faire passer pour une gamine de douze ans pour piéger des pédophiles n’en est, que je sache, pas un.
Ce qui me semble moins subtil, ce sont les quelques précisions qui suivent.
Ce n’est pas « Daniel Hamiche, de Radio Courtoisie » qui a adressé, non pas une, mais trois lettres recommandées à France 2, mais tout simplement « Daniel Hamiche » qui n’est ni salarié ni administrateur de Radio Courtoisie – et n’y est pas davantage domicilié – et qui ne représentait en aucune manière cette radio libre associative sur le plateau de France 2. J’y étais, du moins le croyais-je, invité pour débattre du « traditionalisme catholique » et des « écoles hors contrat », connaissant fort bien le premier thème et passablement la version catholique du second. Des connaissances qui ne me servirent de rien, puisque le reportage qu’on me fit voir, juste avant d’enchaîner sur le débat, était un curieux montage sur un groupe dont les « troupes », selon ce que vous écrivez, s’entraînent « à la “croisade” et à la future “guerre civile” contre les musulmans qu’il faudra “saigner au couteau” », et de ses alléguées ramifications avec une paroisse catholique et une école hors contrat catholique de Bordeaux.
Imaginez-vous un instant que vous entriez dans une boucherie pour faire l’emplette d’une entrecôte et que l’affable commerçant vous propose un très beau choix de fers à souder ou de slips kangourou… Soit vous vous êtes trompé de magasin, soit le magasin vous trompe sur ce qu’il annonce débiter. Il n’y a pas à sortir de là. C’est parce que j’ai été trompé sur la “marchandise” que j’ai demandé à France 2 le 19 avril de supprimer mes nom, image et propos du débat qui devrait suivre la diffusion du reportage. Et c’est pour ce même motif qu’un autre invité sur ce plateau a exigé par le ministère de son avocat, le jour suivant, que France 2 procède à l’identique pour lui.
N’étant pas Bordelais, je précise que je n’ai pas connaissance des activités du groupe “ciblé”, une très vague connaissance de l’école “ciblée”, et une un peu plus documentée de la paroisse “ciblée” pour m’y être intéressé avant même qu’elle soit constituée en paroisse personnelle par le cardinal-archevêque de Bordeaux après que l’Institut du Bon Pasteur qui la desservait a été lui-même érigé en société de vie apostolique de droit pontifical par Benoît XVI, lesquelles hautes personnalités de l’Église catholique ne peuvent être soupçonnées de « préparation à la guerre civile » en France ni de soutenir des institutions qui s’y risqueraient.
Pourquoi devrais-je cacher mon malaise en entendant des bambins de l’école catholique ciblée proférer des propos blessants pour tout catholique ? J’ai d’autant moins à le cacher que je l’ai écrit et publié sur le portail Riposte catholique. On ne peut, bien sûr, sur un plateau de télévision que partager l’indignation générale que suscitent de tels propos, ce que j’ai fait ; mais on a aussi le droit de dire que ce qu’on nous montre dans le reportage est une caricature de ce que sont les écoles catholiques hors contrat et les paroisses catholiques traditionalistes, celles qu’en tout cas je connais. Était-ce remettre en cause la « déontologie » des journalistes auteurs de ce reportage ? Je n’ai pas cru, sur le champ, le devoir dans cette grande maison du service public de la télévision, payé par la Nation – et donc auxiliairement par mes impôts – pour la servir, par principe et selon son cahier des charges, avec dignité et honnêteté. J’ai eu tort ! À ma décharge, sans doute, le fait d’être un consommateur très économe de la télévision et un indifférent primaire, secondaire et crétacé supérieur aux innombrables débats en vase clos qu’elle suscite, et notamment celui sur les « Infiltrés » qui m’était parfaitement inconnu. Mes intérêts sont ailleurs et mon temps limité. Je puis le soutenir aujourd’hui : il n’y a aucune « déontologie » journalistique dans ce reportage des « Infiltrés ». Je le sais, parce que j’ai passé deux jours à “détricoter” ce reportage, à interroger moi-même tous les protagonistes qui y sont incriminés et dont je viens de faire paraître les entretiens qu’ils m’ont accordés dans le magazine Monde & Vie (n° 826, 24 avril). Ce que j’ai appris d’eux me fait même regretter aujourd’hui le terme de « caricature », qui m’a valu interpellation sur le plateau, parce qu’il est très en dessous de la réalité de la chose : montage et manipulation sont les termes qui me viennent assez naturellement à l’esprit. Dire, comme vous le rapportez de je ne sais qui de France 2, que si j’avais « quelque chose à dire », je disposais « d’une heure d’antenne » n’est qu’un joli bobard à deux coups !
1. Les choses sur lesquelles j’ai à dire et pour lesquelles je suis venu, n’étaient plus à l’ordre du jour ; et
2. Il y avait 8 invités sur le plateau ce qui, une fois déduit les temps de paroles de l’animateur, ne laissait guère plus de 6 minutes d’antenne à chaque invité… L’arithmétique, elle, ne ment pas.
Que votre interlocuteur de France 2 esquisse un mouvement de « défense » de son entreprise contre mes dénonciations est plaisant mais maladroit. N’est-ce pourtant pas l’esprit de vérité qui devrait l’emporter, chez chacun d’entre nous, sur l’esprit de corps ? Une grande chaîne du service public en a disposé autrement. On voudra bien ne pas me reprocher d’avoir tenté, avec mes faibles moyens, de rendre public ce service de vérité. Cela étant dit, c’est à chacun de s’examiner en conscience : un exercice plus difficile que d’exposer les turpitudes alléguées de la conscience des autres.”